Ukraine: l'échec de la démesure
L'Ukraine moderne est un monstre difforme né des boulimies militaires des états nations et des charcutages des traités vengeurs consécutifs, mais qui ont en commun un mépris de la réalité des peuples européens et le leurs territoires naturels.
Ainsi l'Ukraine à hérité de morceaux de Russie, de Pologne, de Hongrie de Roumanie qui ont jeté dans le giron de Kiev des populations étrangères minorisées.
Tant que tout ce beau monde était dans le giron soviétique, le navire ukrainien restait stable. Mais après l'effondrement de l'empire soviétique et la décadence ukrainienne les identités natives ont refait surface, attirées par leurs berceaux originels.
Et ces nostalgies identitaires dans une Ukraine à cheval entre Occident et Eurasie, deviennent rejettent alors leurs greffes et deviennent révolution, confrontations, séparations, conflits et même guerre civile.
Après la Crimée et le Donbass, les minorités ethniques de l'Ouest, comme la sub carpatie hongroise, refusent à leur tour la politique ethnocentrée du nouveau régime de Kiev.
Comme la Russie avec le Donbass, la Hongrie veille sur ses enfants otages de la folie kiévienne.
Erwan Castel
Source de l'article : Visegrad
Nouvelles tensions entre la Hongrie et l’Ukraine
et menaces sur la minorité hongroise de Subcarpatie
Ukraine – Menaces d’expulsion du consul de Hongrie de Berehove (Ukraine) et nouvelles tensions diplomatiques entre Budapest et Kiev.
Les tensions diplomatiques entre Budapest et Kiev sont récurrentes depuis septembre 2017, lorsque les autorités ukrainiennes ont entrepris de mener une réforme du système éducatif visant à supprimer toutes les langues minoritaires (russe en premier lieu, mais aussi polonais, roumain, hongrois ou bulgare). Cela avait amené la Hongrie a opposer son véto à la présence de l’Ukraine lors d’un sommet de l’OTAN pour protester contre les conséquences de cette loi pour la minorité hongroise de Subcarpatie. L’incendie en février 2018 du centre culturel hongrois d’Oujhorod (en hongrois : Ungvár) avait également ravivé ces tensions.
Ce vendredi 21 septembre 2018, le ministre des Affaires étrangères ukrainien Pavlo Klimkin a déclaré que l’Ukraine était prête à expulser le Consul de Hongrie en poste à Berehove (en hongrois : Beregszász) si Budapest ne le rappelait pas.
Cette déclaration fait suite à une vidéo dans laquelle des Hongrois d’Ukraine participent à une courte cérémonie durant laquelle il se voient attribuer la citoyenneté hongroise. À la fin de cette vidéo, on peut entendre une personne signaler qu’il ne faut pas utiliser le passeport hongrois à la frontière ukrainienne, mais uniquement le passeport ukrainien.
En effet, en principe, l’Ukraine ne reconnaît pas la double-citoyenneté, et il est préférable de ne pas faire état de l’obtention d’une autre citoyenneté aux autorités, au risque que la citoyenneté ukrainienne soit perdue. L’application des dispositions strictes de cette loi semble toutefois être à géométrie variable, puisqu’il est notoriété publique que l’oligarque et ancien gouverneur de Dnipropetrovsk Ihor Kolomoyskyi dispose de trois citoyennetés (dont la citoyenneté ukrainienne).
Depuis 2010 et le retour au pouvoir de Viktor Orbán, les autorités hongroises ont entrepris une politique de réintégration dans la citoyenneté hongroise en faveur des nombreuses minorités hongroises des pays voisins de la Hongrie, conséquence du découpage des frontières effectué par le Traité de Trianon après la Première Guerre mondiale. C’est ainsi que plus d’un million de personnes (essentiellement en Roumanie et en Serbie) ont obtenu la citoyenneté hongroise entre 2010 et 2017. Seuls les Hongrois de Slovaquie sont restés à l’écart de ce processus en raison d’une loi votée dans l’urgence par le parlement slovaque et mettant en place un processus de destitution de la citoyenneté slovaque pour ses citoyens qui demanderaient l’obtention d’une autre citoyenneté.
Dans le cas de l’Ukraine, en dépit de l’interdiction théorique de la double-citoyenneté, il y a vraisemblablement eu un laisser-aller sur le contrôle de l’obtention d’une autre citoyenneté (en l’occurrence hongroise) par des citoyens ukrainiens, d’autant que cette citoyenneté est de plus en plus souvent le sésame pour l’émigration vers la Hongrie ou l’Union européenne afin de quitter une Ukraine où le niveau de vie a nettement chuté depuis la crise de 2013. Ainsi, la communauté hongroise, estimée à 150.000 personnes en 2001 s’est notablement réduite ces dernières années, avec selon les estimations 1.500 départs par an (essentiellement des jeunes).
Autre source d’inquiétude pour les autorités hongroises : la mise en ligne par un site nationaliste ukrainien (“Myrotvorets”, qui signifie “pacificateur”) des noms (avec adresse de leur lieu de résidence) d’un certain nombre d’élus locaux de la minorité hongroise de l’Ukraine subcarpatique supposés être titulaires de la citoyenneté hongroise, en plus de la citoyenneté ukrainienne.
Selon le site Karpatinfo, il est arrivé par le passé que des personnes (en l’occurrence l’ancien député Oleg Kalachnikov et le journaliste Oles Bouzina) dont les coordonnées avaient été diffusées par ce site soient assassinées quelques jours plus tard. En 2016, le président ukrainien Porochenko avait admis que les autorités n’avaient que peu de contrôle sur ce site.
Liste diffusée sur la page Facebook de Myrotvorets
Par ailleurs en Subcarpatie, des groupes comme la Garde de Sich (Karpatska Sich, dont le nom est inspiré d’une bande armée ukrainienne qui a opéré dans la région à la fin des années 30) ont déjà organisé des manifestations durant lesquelles des slogans hostiles et menaçant à l’endroit de la minorité hongroise ont été proclamés.
Péter Szijjártó, ministre des Affaires étrangères hongrois, a déclaré que l’éventuelle expulsion d’Ukraine du Consul de Berehove ne resterait pas sans réponse. La réponse majeure de la Hongrie est d’enrayer les rapprochements voulus par l’Ukraine avec l’OTAN et l’UE, deux organisations dont la Hongrie est membre. Szijjártó a également affirmé que selon lui ces actions avaient lieu dans le cadre de la campagne pour la prochaines élection présidentielle ukrainienne de mars 2019, et qu’il rencontrerait prochainement lors d’une session des Nations Unies son homologue ukrainien.
Avant la réforme scolaire ukrainienne de septembre 2017, Budapest s’était pourtant efforcé d’avoir de bons rapports avec le nouveau pouvoir de Kiev. En effet, le pouvoir hongrois a désormais pour stratégie (après la chaotique décennie 2000 où la gauche libérale gouvernait en Hongrie) de faire en sorte que les minorités hongroises des pays voisins ne soient plus une pomme de discorde mais un pont entre la Hongrie et ses voisins, dans une logique “gagnant-gagnant” de négociations et d’intérêts mutuellement bien compris.
C’est ainsi que lors de son discours de Tusványos durant l’été 2016 (durant lequel il avait été le premier chef d’État à exprimer son souhait de voir Donald Trump l’emporter), Viktor Orbán avait expliqué que la Hongrie investissait en Subcarpatie et défendait le droit des citoyens ukrainiens à pouvoir se déplacer dans l’Union européenne sans visa (droit pour lequel la Hongrie et les pays du V4 ont plaidé). La levée de l’obligation de visas pour les citoyens ukrainiens pour des voyages de courte durée au sein de l’Union européenne a eu lieu dans le courant 2017.
Deux ans plus tard, Viktor Orbán dressait un bilan moins flatteur sur la situation en Ukraine : “Je ne vois pas pour eux d’adhésion à l’OTAN, et la perspective d’une adhésion à l’Union européenne est égale à zéro, et au lieu d’un nouvel Etat ukrainien je ne vois pour le moment qu’une économie ukrainienne dérivant vers l’esclavagisme lié à son endettement.“
Entre temps, la réforme scolaire ukrainienne a détérioré les relations entre Kiev et Budapest, mais aussi Varsovie et Bucarest.