Dans le jardin du Monde

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Juste à l'arrière de nos positions émergeant d'une terre retournée mille fois par l'acier des obus et des pelles, se trouve un ancien hameau d'habitations secondaires qui accueillait avant la guerre le repos des familles de Donetsk et des environs sous les tonnelles remplies de fleurs de fruits et de rires. 

Aujourd'hui il n'y a plus qu'un cimetière de datchas aux toits disparus sous le feu et aux murs éventrés par la mitraille. Dans ce décor dantesque ou passent furtivement les ombres des combattants dispersés sur ses lisières, la Nature s'accroché et maintient par ses couleurs et ses saveurs, l'espérance vivante au milieu du chaos.


Mercredi 12 septembre 2018

Ce matin, sur le front de Promka au nord de Donetsk, au milieu d'un cimetière de datchas, je suis parti solitaire saluer le soleil dans le silence d'une aube frileuse.

Et cette lumière solaire, faisant naître dans les arbres des piaillements de joie a coloré la terre dévastée autour de moi. 
Mon esprit, le temps d'une seconde d'éternité s'est alors évadé de cette guerre, considérant même le chaos environnant comme la matrice d'un monde nouveau.

Car je pense au fond de mon âme que cette Nature majestueuse jusque dans son infiniment petit, exprime cette force silencieuse et indestructible portant nos espérances humaines et le retour des dieux anciens dont elle est le temple sacré.

Et je retourne par les tranchées silencieuses retrouver "Forteruine", ce récif au milieu des ruines, d'où nous veillons et surveillons la tempête qui s'approche.

Erwan Castel

"C'est la part divine de l'homme qui sent la présence du divin dans la nature "

Hölderlin












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