Le jour d'après, la République en Danger ?
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8h00, je me lève une nouvelle fois avec trop peu d'heures de sommeil dans la musette, réveillé après 2 heures de repos par le chant de la scie et la percussion de la hache débitant le bois de cuisine.
Après mes premières pensées instinctives dirigées vers un amour éloigné et le silence pesant du champ de bataille, le reflet du Président Zakharchenko, assassiné la veille dans un lâche attentat au cœur de Donetsk m'accompagne vers le feu crépitant sous la bouilloire...
Samedi 1er septembre 2018
J'aurais préféré sortir d'un cauchemar, et même si cette tragédie était prèvisible depuis la vague d'attentats qui a frappé une bonne quinzaine de personnalités des Républiques du Donbass depuis 3 ans, le choc est immense. Tel un tsunami l'événement ne cesse de se diffuser dans l'esprit et le coeur tandis que la raison tente d'en analyser, et sereinement, les conséquences potentielles.
Et malgré mon optimisme quant au devenir du Donbass libre, des inquiétudes et interrogations m'assaillent ce matin.
Si j'ai toujours été rétif à toute forme d'idolatrie, des dieux, des morts et plus encore des vivants, je dois reconnaître cependant que les tragédies de l'Histoire exigent et donnent d'ailleurs naissance à des héros qui, et parfois malgré eux, protègent leur pays et sauvent le rêve humain.
Aleksandr Zakharchenko était de ces hommes, trempés dans les traditions de sa terre et le feu de la guerre. Malgré ses humaines faiblesses et qui souvent n'étaient que les revers de ses nobles qualités, cet ingénieur électricien de 42 ans avait su, par la force de son exemple et son charisme exceptionnel, donner chair à la résistance du Donbass mais aussi au rêve millénaire d'une République populaire.
Aujourd'hui au sortir de cette tragédie, 3 dangers menacent Donetsk dans cet inévitable période de transition où le pouvoir va devoir se rétablir dans son commandement, mais aussi les esprits et les cœurs .
- Premier danger : une offensive ukrainienne qui profiterait et/ou prolongerait cet attentat qui est autant une décapitation temporaire du gouvernement qu'une provocation appelant les forces républicaines à une réaction logique et légitime. Car dès les premières heures de l'enquête, la griffe kiévienne apparait clairement.
- Deuxième danger : une lutte de pouvoir souterraine, pas tant pour la charge présidentielle mais surtout pour celles de ses satellites ministériels. En effet le Donbass, malgré son séparatisme n'a pas pu, essentiellement à cause de la guerre, se débarrasser complètement de l'héritage d'une Ukraine post soviétique délétère. Or, "Zakhar" par ses compétences multiples, son travail inlassable servis par une intelligence de coeur et la force de son exemple savait convaincre autant que commander et même punir ceux qui sortaient du chemin républicain tracé en 2014.
Car, comme partout ailleurs dans le Monde, les alcôves du pouvoir à Donetsk sont également infectées par des arrivistes, intrigants, et autres courtisans à breloques qui veulent leur part du pouvoir et des honneurs misérables. Il en est ainsi de la nature humaine et seule la force au service de la probité peut sauver le Politis des marigots du pouvoir.
- Troisième danger : une fracture de l'unité républicaine. La guerre a en effet frappé durement les habitants du Donbass, dans leurs chairs et leur bien être. Mais malgré la fracture sociètale immense provoquée par une ligne de front violente séparant les zones bombardées des vitrines du centre ville, une cohésion sociale s'est maintenue autour du projet républicain et de la rébellion anti-Maïdan.
Cette cohésion reposait en partie sur le charisme de "Zachar" qui savait par ses discours et ses actes dissiper la peur et la fatigue dans les cœurs. Ainsi bien les peuples que les communautés civiles, religieuses ou militaires ont besoin dans les tourmentés de leur histoires et surtout dans les guerres de chefs qui les guident et soudent leur unité.
Ces hommes d'exception sont rares et leur relève lorsqu'ils disparaissent est un véritable défi !
Mais malgré tous ces défis et menaces, je reste optimiste et confiant en la victoire des cœurs et des armes et aujourdhui je fredonne ce chant des partisans (créé par la russe Anna Marly faut - il le rappeler) "ami si tu tombes un ami sors de l'ombre à ta place" qu'un commentateur évoquait hier sous la terrible nouvelle.
Car notre combat, qui est celui pour la Liberté des peuples, est déjà victorieux car il est juste et guidé par l'Honneur et l'Amour, ces legs immortels qu'Aleksandr Zakharchenko nous a offert avant de rejoindre le régiment des immortels.
"Que le souvenir des morts soit la force des vivants"
Erwan Castel