Du double standard occidental

Être soit un gentil esclave, soit un méchant rebelle !

Dans les années 30, Carl Schmitt avait pressenti l'opposition future entre une vision unipolaire du monde et par conséquence soumise à une hégémonie multiple d'un pays dominant ou le "politis" disparaîtrait dans la dictature d'une pensée unique figée et universaliste, et une vision tellurique multipolaire ou de grands ensembles territoriaux naturels continueraient, à travers les échanges entre leurs identités diverses, à évoluer vers une harmonie vivante et universelle.

Aujourd'hui la confrontation entre ces 2 "Nomos de la Terre" atteint son point culminant et de rupture, à partir duquel la destinée des peuples doit basculer soit vers une soumission ou une rébellion au système dirigé par les USA et organisé pour servir les intérêts d'une élite financière internationale amorale.
Après les guerres conventionnelles où le Nouvel Ordre Mondial s'est renforcé et étendu, sa caste dirigeante s'est ensuite lancé à la conquête des "pays non alignés" en les soumettant à des dictatures, des guerres asymétriques, des guerres économiques tout en maintenant les autres pays déjà soumis sous une occupation militaire ou une dépendance économique.

La stratégie du chaos et ses révolutions colorées renversant les régimes de l'ex URSS ou les pays arabes a bien fonctionné jusqu'au moment ou les peuples se réveillant progressivement ont finalement décidé de faire vivre réellement les leurres démocratiques agités médiatiquement pour cacher et légitimiser les coups de force réalisés par Washington.

La conséquence immédiate de ses révoltes spontanées, référendums populaires naturels, et rébellions identitaires, est d'arracher le masque de la démocratie parlementaire qui cache derrière un discours "droitdel'hommiste" hypocrite et cynique la laideur d'une dictature arrogante et partiale fondant sa pensée totalitaire et cupide sur la mauvaise foi d'un double standard grossier et stupide...


Souvenons nous, il y a 2 ans une insurrection enflammait la place du Maïdan à Kiev réclamant le départ du Président élu Ianoukovitch qui venait de décliner la proposition d'un accord économique avec l'Union Européenne qui aussitôt se rangeait du côté des putschistes en bafouant les règles fondamentales de la démocratie européenne, tout en invoquant "le droit des peuples à décider d'eux mêmes".
Quelques semaines après son coup d'état à Kiev, le nouveau pouvoir "démocratique" ukrainien lance une "opération spéciale" meurtrière contre les manifestants pro-fédéralistes des régions russophones sous les applaudissements des mêmes occidentaux qui avaient validé le Maïdan... on connaît la suite.

Aujourd'hui c'est au tour de Chisinau, la capitale de la Moldavie, un pays voisin soumis à la botte corrompu de satrapes atlantistes, de s'enflammer sous la colère d'une foule de plus grande importance que celle du Maïdan, et qui réclame elle aussi le départ de son gouvernement. 
Mais ici, les nouveaux "maîtres du monde" pourtant officiellement parangons de la Démocratie, des Droits de l'Homme et des peuples condamnent fermement les manifestants et à en le menaçant, les appellent à revenir au calme !

De même qu'il y a au Moyen Orient de "bons" ou de "mauvais" terroristes selon qu'il servent ou pas les intérêts du Nouvel Ordre Mondial, nous observons ici également le "deux poids deux mesures" dicté par une vision unipolaire et esclavagiste. 
Ce double standard impose sans vergogne dans la même région, à la même époque et avec les mêmes acteurs, une analyse partiale arrogante fondée sur une cupidité et une mauvaise foi amorales, car selon que le mouvement populaire aille dans le sens ou à contre courant des intérêts de la ploutocratie internationale, les mêmes vampires comme Victoria Nuland par exemple sanctionnent la volonté du peuple soit en distribuant des bonbons aux ukrainiens ou des insultes et des menaces aux moldaves !

La crise à Chisinau, de par la position régionale proche du chaos ukrainien et avec une Transnisstrie sécessionniste explosive, est un événement important dans le réveil des peuples d'Occident lassés d'être entraînés dans une servitude dictée par une thalassocratie lointaine et anti-européenne. 

Cette rébellion suit de très près celle du Donbass, dans le temps et l'espace, et constitue peut-être et je l'espère un deuxième pas dans la marche des peuples européens vers la reconquête de leurs territoires naturels. L'heure du choix est arrivé !

"USA go home !"

Erwan Castel, volontaire en Novorossioya

Moldavie : 
on ne fait pas une révolution contre un pouvoir pro-européen

L'article initial, le lien ici : Russie Politics


"Les manifestations en Moldavie ne se calment pas, bien au contraire le Parlement a été momentanément envahi et les députés évacués en urgence lorsque la population a appris que, dans son dos, un nouveau Gouvernement soi-disant pro-européen avait été confirmé dans ses fonctions. Mais pourquoi ces manifestations traînent, sans résultats depuis septembre? Pourquoi les Etats Unis ont-ils fait le choix de soutenir des oligarques corrompus contre la volonté "sacrée" de la population? Allant ainsi à l'encontre de tous les discours bienpensants prononcés à propos du Maïdan ukrainien.

Suite à la ratification de l'accord d'association entre l'UE et la Moldavie, l'économie du pays a plongé, la politique sociale s'est effondrée et la corruption se porte toujours à merveille (voir notre analyse détaillée ici et ici). Les gens se sont massés dans les rues, demandent le départ de ces gouvernements "pro-européens" plus corrompus les uns que les autres, la cote de popularité des dirigeants est au plus bas. Selon l'étude faite en septembre par le centre d'analyse CBS-AXA, le Président est à 4% d'opinion favorable, le Gouvernement à 6% et la justice à 7%.  Sans compter que 60% de la population soutient les mouvements de contestation et la part de population prête à entreprendre des actions radicales a grimpé à 8%. 

Au moins la politique soi-disant européenne de ces dirigeants moldaves a réussi à faire l'unanimité, contre eux. Mais étrangement, la vox populi ici n'a que peu d'importance, tout le monde n'a pas droit à son Maïdan. Et surtout, sans soutien extérieur il est flagrant que des mouvements populaires ne renverseront pas le pouvoir.

Et justement à ce sujet, les Etats Unis ont fait leur choix. Si ce Gouvernement saute, c'est l'opposition "pro-moldave" qui arrive, remettant en cause l'accord avec l'UE, rétablissant des relations normales avec ses voisins, notamment la Russie. Et ça, ce n'est pas acceptable. Donc des élections anticipées ne sont pas possibles. La discussion est clause. La démocratie prend fin là où elle risque de porter atteinte aux intérêts supérieurs de la géopolitique.

Donc, V. Nulland, au nom du département d'état américain, est allée entreprendre la Roumanie, qui finalement, a décidé de soutenir le choix politique "pro-européen" de la Moldavie et l'encourage à s'engager plus profondément dans cette voie. V. Nulland ayant bien insisté sur l'importance de la stabilité gouvernementale, le message a été transmis par le Président roumain.

Le message est passé, un gouvernement ne tenant absolument pas compte des aspirations populaires a été nommé, en secret, après 36 minutes de délibérations au Parlement. Tous les députés n'ayant même pas été prévenus que le vote aurait lieu le mercredi soir et non serait discuté le jeudi comme cela devait être. La population apprenant la nomition secrète de leur nouveau Gouvernement a forcé l'entrée du Parlement et les députés ont été évacués par l'arrière, déguisés en policiers. Voici tout le poids de la légitimité de la représentation populaire.

Ensuite, le Premier ministre a été nommé au milieu de la nuit par le Président, également en secret, sans que la presse ou que la société ne soient prévenues, comme P. Philip l'avait lui-même demandé - pour plus de sécurité. A minuit, en vrac, dans la nuit du mercredi 20 au jeudi 21 janvier, la Moldavie a un nouveau Gouvernement. C'est un grand moment de politique européenne.


Alors qu'en Ukraine, les Etats Unis et l'UE appelaient au respect de la volonté populaire, au dialogue avec l'opposition, ici les manifestants doivent se calmer, être raisonnables. Il est vrai que le pouvoir est déjà "pro-européen", ça change tout. L'opposition ne peut donc être légitime. La corruption est un argument devenu fallacieux. De plus, ici, à l'inverse de l'Ukraine, on ne voit que des drapeaux nationaux dans les manifestations. Et pour cause, elles regroupent différentes forces politiques qui ont en commun de vouloir en finir avec ce pouvoir corrompu.

Un autre aspect de la question moldave est important. Avant la nomination de Pavel Philip le 21 janvier, les analystes s'interrogeaient sur l'avenir du pays. Le poids politique occupé dans l'ombre par Vlad Plakhotniuk, oligarque mafieux, dont l'actuel Premier ministre est la marionette, ouvre la porte à un rapprochement avec la Roumanie. La Roumanie a une politique expansionniste, notamment elle veut réintégrer la Moldavie, dont une partie de la population est ethniquement roumaine. La visite de Nulland en Roumanie avant la nomination du nouveau Gouvernement a été interprétée comme donnant le feu vers à ce scénario, qui par ailleurs n'a pas l'appui de la majorité de la population. Evidemment, malgré ce "détail" de l'histoire, personne ne pourrait ici parler d'annexion, puisque la voie est européenne. Voie qui présente, en effet, l'avantage de faire entrer d'un coup d'un seul la Moldavie non seulement dans la Roumanie, mais également dans l'UE, à moindre frais sinon pour l'UE, du moins pour la communauté internationale - j'entend les Etats Unis. 

Donc, le pari a été fait sur les oligarques comme Plakhotniuk , même si leur réputation est entâchée de prises de possession violente de biens ne leur appartenant pas, d'évasion fiscale, etc, comme en 2011 l'avait alors remarquée la justice britanique. Par ailleurs, il est accusé d'avoir volé 1 milliard $, soit 15% du PIB, ce qui est énorme pour le pays. Et les mouvements de masse ont commencé avec ce slogan, de rendre de milliard. Mais ici aussi, la communauté internationale fait la sourde oreille.

La situation en Moldavie confirme certaines impressions. Les mouvements de contestations populaires ne peuvent conduire à un renversement du régime en place que lorsqu'ils sont soutenus activement de l'étranger et correspondent à une stratégie géopolitique. C'est la "démocratie populaire" aujourd'hui. Et ce scénario ne peut être lancé contre un pouvoir dit "pro-européen", aussi corrompu et inefficace soit-il, car le critère pour être maintenu au pouvoir n'est pas la volonté de la population ou la confiance populaire, la source du pouvoir a été exportée. Ainsi, tout un réseau d'états marionnettes se met en place dans l'espace post-soviétique."

"Russie Politics" le 25 janvier 2016


Lire la précédente analyse de "Russie Politics" sur la Moldavie 

7 septembre 2015 : Le lien ici : "Moldavie, de la corruption à l'Europe"



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