Comme un air de déclaration de guerre !

Le général Ruslan Khomchak, Commandant les forces armées ukrainiennes
 

Force est de constater qu'il n'y a jamais eu autant de conflits armés à travers le Monde, symétriques, asymétriques, civils, terroristes ou révolutionnaires et pourtant sans qu'aucune déclaration de guerre en bonne et due forme ne soit produite et adressée par un pays belligérant, la dernière datant je crois des guerres israélo arabe.

Si la déclaration de guerre n'est plus à la mode, ce n'est pas tant qu'elle est désuète à l'aube du XXIe siècle, mais surtout qu'elle est contraignante car elle doit entre autres être généralement validée par les parlements nationaux et se soumettre aux lois de la guerre du droit international quant à la conduite des opérations et la résolution des conflits.
Voilà pourquoi, depuis le dernier conflit mondial, nous n'assistons dans un grand concours d'euphémismes tous plus hypocrites les uns que les autres à des "opérations de maintien de l'ordre", "opérations de pacification", "interventions humanitaires", "projections de stabilité", "création de zone d'exclusion" et très en vogue depuis le 11 septembre 2001 des "opérations antiterroristes" mais dont les moyens militaires déployés, les intensités meurtrières, et les durées n'ont rien à envier aux grand conflits classiques du passé.

Ainsi de ce conflit européen opposant la nouvelle Ukraine post-Maïdan pro occidentale aux républiques pro-russes du Donbass, proxys d'une confrontation plus globale entre Washington et Moscou et que l'élection de Biden aux affaires étasuniennes et donc occidentales a exacerbé depuis cette année jusqu'à vivre depuis 1 mois la menace de plus en plus forte d'une nouvelle offensive militaire de Kiev contre les séparatistes de Donetsk et Lugansk.

Lorsque le nouveau régime ukrainien des putschistes du Maïdan déclenche son opération militaire contre les populations russophones du Donbass en avril 2014, cette dernière tente de se cacher derrière le vocable consensuel de "Opération Spéciale Antiterroriste" (ATO), qui se veut alors résister à une "agression russe". Quatre plus tard, en mai 2018, l' "ATO" laisse la place à une "Opération des Forces conjointes" (OOS) officiellement nettement plus militaire et qui marque la réorganisation de l'armée ukrainienne dans sa modernisation aux normes OTAN.

Aujourd'hui 30 mars 21, vient d'être opéré une nouvelle révolution sémantique dans la conduite de ce conflit du Donbass qui sévit depuis 7 ans et plus de 20 000 morts dans cette région coincée entre l'Ukraine et la Russie modernes : 

Alors que les forces ukrainiennes imposent depuis 1 mois une des aggravations militaires les plus importantes depuis la signature des accords de Minsk 2 (février 2015) avec une reprise de leurs bombardements et surtout un déploiement très important de nouvelles brigades d'assaut sur le front, Kiev a convoqué une réunion extraordinaire de la Rada, le parlement ukrainien pour soutenir une résolution condamnant la Russie dans l'escalade en cours du conflit du Donbass.

Jusque là, rien de vraiment nouveau dans ce cirque parlementaire ukrainien où les députés ne semblent cesser leurs pugilats coutumiers qu'à l'occasion d'invectiver ensemble la Russie qui serait responsable de tous les maux de leurs pays. Sauf que, à l'occasion de cette réunion extraordinaire de la Rada, le général Ruslan Khomchak, Commandant les forces armées ukrainiennes est venu prononcer un discours solennel et significatif:

30 mars 21, le général ukrainien Ruslan Khomchak à
la tribune du parlement ukrainiene la Verkhona Rada

En remerciant les membres du Comité de Sécurité Nationale de la Défense et du Renseignement de la Verkhovna Rada d'Ukraine d'avoir auparavant adopté le projet de loi ukrainien (loi n° 3553) modifiant certains actes législatifs de l'Ukraine concernant les décisions des devoirs et opérations militaires permettant de renforcer l'armée et de réformer le système de mobilisation selon le normes de l’OTAN, le général Khomchak a précisé: 

"Les forces armées ukrainiennes sont prêtes pour une réponse adéquate, à la fois en cas d'escalade de la situation dans la zone de la JFO et en cas de complication de la situation militaro-politique et militaro-stratégique autour de l'Ukraine"

Et Khomchak de conclure : 

"Notre objectif commun est de gagner la guerre contre l'agresseur et d'assurer une paix durable. Le rétablissement de l’intégrité territoriale passe par la consolidation des efforts de l’ensemble du peuple ukrainien. Un État dans lequel les autorités prennent soin de leurs défenseurs et la société soutient et respecte les militaires est invincible. Gloire à l'Ukraine!" 

Puis, les députés sont passés au vote de la loi, qui était présentée par Sergei Rakhmanin, chef de la faction Golos, dans un discours encore plus belliqueux où il a demandé à l'armée ukrainienne de tirer à volonté "durement et immédiatement, quelle que soit la façon dont ils le voient à Kiev, Moscou, Bruxelles ou Berlin" (comme si les "ukrops" avaient attendu ce discours pour commencé !). A noter l'intervention de l'ancien président Porochenko pour soutenir cette radicalisation militaro politique.



Où il est question officiellement d'un "conflit russo-ukrainien" !

Et c'est ici que cela devient intéressant et significatif, car cette loi voté par 308 députés ukrainien qui comme d'habitude "condamne l'agression de la Fédération de Russie" en appelant les parlements des autres pays à soutenir l'Ukraine,  demande à Moscou d' "arrêter immédiatement les hostilités", d' "observer le cessez-le-feu", de "retirer ses «troupes»" et de "rendre le contrôle des frontières à l'Ukraine". etc.. (mesures pour lesquelles l'armée russe devrait commencer d'abord par venir dans le Donbass !) change cependant nettement de ton dans sa sémantique :

En effet, alors qu'auparavant, le conflit du Donbass était considéré par la doxa ukropithèque relayée par ses parrains occidentaux uniquement comme une "agression russe" contre l'Ukraine, cette fois sa définition officielle est celle d' "un conflit armé russo-ukrainien", et cette nouvelle appellation constitue une radicalisation d'un discours politique avouant la réalité d'une guerre, pas encore déclarée mais déjà en cours.

Pour conclure, en ignorant une fois de plus la présence (exclusive) des républiques de Donetsk et Lugansk sur le terrain et surtout accusant un pays garant du processus de paix (la Russie) d'être un belligérant, Kiev par cette nouvelle sémantique porte un coup de grâce final à l'esprit des accords de Minsk et ouvre la porte à tout développement militaire possible et à sa propre initiative (mais que son armée ne manquera pas de maquiller par un false flag pour légitimer une nouvelle offensive).

Et s'il était encore besoin de prouver les intentions belliqueuses de l'Ukraine dans un avenir très proche, la deuxième loi votée ce même jour à la Rada et qui par 256  voix autorise  la mobilisation de tous les réservistes ayant l'expérience du combat en 24h, le confirme pleinement !

Comme l'a souligné le général Khomchak, Commandant les forces armées ukrainiennes : "Je serais heureux de donner un ordre de guerre, car il est temps de "tirer" !" 

Erwan Castel
Une des nombreuses vidéos de propagande
produites depuis le début du mois de mars par
le Commandement des forces ukrainiennes.

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