Une voix vient d'allumer une étoile
Lorsque la Camarde emporte par delà l'horizon un être cher et un ami, les vents de sa disparition physique remuent dans les sables de la mémoire des moments partagés, des rencontres effectuées puis s'en vont les semer à nouveau et encore sur les chemins de du présent et les rêves de l'avenir afin d'offrir aux coeurs de ceux qui restent un printemps éternel...
Le poète chanteur kabyle Hamid Cheriet a disparu hier, 3 mai 2020, à l'âge de 70 ans Pour tous il était l'incarnation de la souffrance et de l'amour, de l'espérance et de la foi qu'un homme peut porter à sa patrie charnelle, ses traditions ancestrales et sa famille humaine.
Idir s'en est allé...
Du fond de ma mémoire je me souviens de sa voix douce portée par une sagesse courageuse et une intelligence de coeur, et de notre première rencontre à Spézet lors du festiveal "Guel Broedel ar brezhoneg" organisé dans mon berceau familial de Spézet par mes camarades bretons de l'Emsav et notamment du parti indépendantiste Emgann.
Depuis son immense succès "A Vava Inouva" Idir était non seulement devenu l'ambassadeur de l'identité kabyle tant persécutée par l'Histoire mais aussi le poète des peuples minorisés mais dont les mémoires encore debout les poussent à lutter encore et toujours pour leur libertés et leurs traditions.
Du fond de ma mémoire je me souviens de sa voix douce portée par une sagesse courageuse et une intelligence de coeur, et de notre première rencontre à Spézet lors du festiveal "Guel Broedel ar brezhoneg" organisé dans mon berceau familial de Spézet par mes camarades bretons de l'Emsav et notamment du parti indépendantiste Emgann.
Depuis son immense succès "A Vava Inouva" Idir était non seulement devenu l'ambassadeur de l'identité kabyle tant persécutée par l'Histoire mais aussi le poète des peuples minorisés mais dont les mémoires encore debout les poussent à lutter encore et toujours pour leur libertés et leurs traditions.
Avant les années 1990 je connaissais Idir à travers ses chansons témoignant de la poésie autant que de la résistance de cette culture kabyle qui a survécu aux invasions multiples qui ont balayé l'Afrique du Nord depuis l'Antiquité jusqu'au colonialisme. J'aimais déjà la douceur de sa voix les rythmes de ses chansons qui trouvaient un écho dans ma culture armoricaine.
Puis il y a eu ce Festival de la langue bretonne à Spézet où il était venu présenter la culture kabyle et son dernier album du moment "Les chasseurs de lumière". Il est mon plus beau souvenir de cet événement....
Je me souviens de cet homme à la frêle silhouette accrochée à sa guitare prenant la parole dans un gymnase communal plein à craquer de celtes du Centre Bretagne et découvrant pour la plupart cette culture sœur d'outre méditerranée. Bien que maîtrisant avec une excellence rare un français qu'il partage avec son public breton, Idir, le poète de Ait Yenni (capitale historique de la Kabylie) s'adresse d'abord à lui en kabyle, pour s'adresser d'abord aux coeurs des bretonnants "avec la langue de son coeur". Puis ce fut la magie enchanteresse d'un concert aux multiples rappels où chaque chanson était précédée d'une évocation ou fusionnaient l'actualité d'une Algérie traumatisée par une guerre islamiste et les légendes berbères qui permettent aux hommes libres de rester debout dans les tempêtes de l'Histoire.
Avec la Bretagne, le poète kabyle entretenait une relation particulière et affective il m'avait raconté qu'il avait entendu la première fois une chanson traditionnelle bretonne chantée par Alan Stivell au début des années 70 à la radio algérienne et que sa première réaction avait été de se demander en quelle langue cet homme chantait sur des rythmes kabyles ! Et cette surprise est souvent réciproque entre les cultures traditionnelles du Monde tant les rythmes, les timbres de voix, et jusqu'aux thèmes folkloriques abordés, témoignent d'un patrimoine humain ancien qui entretient paradoxalement à la fois l'universel et la diversité de ses origines identitaires.
Avec la Bretagne de Stivell la Kabylie d'Idir réalise un mariage des traditions mais aussi des espérances de leurs peuples qui partagent tant de légendes et de rêves et les 2 artistes vont offrir à leurs publics "Isaltiyen" (les celtes), un titre où se rencontrent sans fusion mais avec passion les 2 cultures dans une harmonie naturelle authentique:
Idir était un poète et un sage. Loin des fanatiques nationalistes ethnocentrés et des stupides cosmopolites nihilistes, qui tous sont victimes du syndrome criminel de la pensée unique, le poète kabyle savait chanter l'union des peuples dans leur diversités et, dans sa langue d'homme libre porter vers l'avenir le rêve de toutes les libertés humaines. Sa voix était à l'oreille de mon coeur l'équilibre parfait entre la douceur et la force et son amour et combat pour sa Kabylie natale résonnent plus que jamais dans mes pays de Bretagne, du Kwatolaï, de Guyane ou dans le Donbass où des peuples frères luttent pour leur Liberté.
Dans le Donbass, les populations russes ont pris les armes pour défendre leurs libertés, à commencer par leur langue maternelle que le nouveau pouvoir ukrainien pro-occidental a décidé d'ostraciser pour la faire disparaître, au même titre que l'histoire et les traditions qui les lient à leurs racines et leurs espérances russes. L'interdiction de la langue russe a mis le feu aux poudres car pour qui se penche un peu sur ce qu'est réellement une langue il découvre qu'elle n'est pas seulement un ensemble de signes écrits et oraux servant à communiquer avec l'autre mais aussi un temple où les peuples viennent y déposer leurs histoires petites et grandes, leurs traditions, leurs regards sue le visible et l'invisible et l'essence de leur identité physique et métaphysique. Voilà pourquoi, entre autres joyaux culturels d'un peuple, les chansons traditionnelles parlent souvent directement aux coeurs même au delà de la barrière linguistique, car elles sont d'abord des chants de l'âme
En Kabylie comme chez d'autres peuples de la Terre, lorsqu'un homme disparaît on ne dit pas qu'il est mort car il est toujours vivant dans les coeurs de ceux par qui et pour qui il a vécu. Et sans nul doute que depuis hier, une nouvelle étoile brille au firmament à côté de celle de son frère de coeur Matoub Lounes un autre poète kabyle qui lui fut fauché par la haine le 25 juin 1998.
Idir était un être exceptionnel dont la sagesse immense reposait à la fois sur une force morale et une humilité humaine qui toute sa vie durant ont su préserver son coeur d'enfant au milieu des épreuves de la vie.
Aujourd'hui la Kabylie n'enterre pas seulement un fils, mais dépose en terre une graine de sagesse et de combat dont l'héritage fleurit déjà dans les coeurs des peuples de la Terre encore libres et conscient de leur humanité commune...
Qu'il repose en paix....
Puis il y a eu ce Festival de la langue bretonne à Spézet où il était venu présenter la culture kabyle et son dernier album du moment "Les chasseurs de lumière". Il est mon plus beau souvenir de cet événement....
Je me souviens de cet homme à la frêle silhouette accrochée à sa guitare prenant la parole dans un gymnase communal plein à craquer de celtes du Centre Bretagne et découvrant pour la plupart cette culture sœur d'outre méditerranée. Bien que maîtrisant avec une excellence rare un français qu'il partage avec son public breton, Idir, le poète de Ait Yenni (capitale historique de la Kabylie) s'adresse d'abord à lui en kabyle, pour s'adresser d'abord aux coeurs des bretonnants "avec la langue de son coeur". Puis ce fut la magie enchanteresse d'un concert aux multiples rappels où chaque chanson était précédée d'une évocation ou fusionnaient l'actualité d'une Algérie traumatisée par une guerre islamiste et les légendes berbères qui permettent aux hommes libres de rester debout dans les tempêtes de l'Histoire.
Avec la Bretagne, le poète kabyle entretenait une relation particulière et affective il m'avait raconté qu'il avait entendu la première fois une chanson traditionnelle bretonne chantée par Alan Stivell au début des années 70 à la radio algérienne et que sa première réaction avait été de se demander en quelle langue cet homme chantait sur des rythmes kabyles ! Et cette surprise est souvent réciproque entre les cultures traditionnelles du Monde tant les rythmes, les timbres de voix, et jusqu'aux thèmes folkloriques abordés, témoignent d'un patrimoine humain ancien qui entretient paradoxalement à la fois l'universel et la diversité de ses origines identitaires.
Avec la Bretagne de Stivell la Kabylie d'Idir réalise un mariage des traditions mais aussi des espérances de leurs peuples qui partagent tant de légendes et de rêves et les 2 artistes vont offrir à leurs publics "Isaltiyen" (les celtes), un titre où se rencontrent sans fusion mais avec passion les 2 cultures dans une harmonie naturelle authentique:
En Kabylie comme chez d'autres peuples de la Terre, lorsqu'un homme disparaît on ne dit pas qu'il est mort car il est toujours vivant dans les coeurs de ceux par qui et pour qui il a vécu. Et sans nul doute que depuis hier, une nouvelle étoile brille au firmament à côté de celle de son frère de coeur Matoub Lounes un autre poète kabyle qui lui fut fauché par la haine le 25 juin 1998.
Magnifique hommage d'Idir à Matoub Lounès
introduisant une chanson qu'il lui a dédié
Aujourd'hui la Kabylie n'enterre pas seulement un fils, mais dépose en terre une graine de sagesse et de combat dont l'héritage fleurit déjà dans les coeurs des peuples de la Terre encore libres et conscient de leur humanité commune...
Qu'il repose en paix....
Erwan Castel
Ces dernières années, Idir chantait de plus en plus souvent avec Thanina
sa fille, aussi talentueuse que belle et qui sans nul doute perpétuera et
prolongera l'héritage musical de son père. Une fleur sous son étoile...