L'ultimatum de Kiev
En réponse à l'augmentation des bombardements ukrainiens sur le front du Donbass et en particulier sur les zones résidentielles civiles où 19 victimes ont été dénombrées depuis début mai (1 tuée et 18 blessés dont 6 enfants) les républiques populaires de Donetsk et Lugansk dans un avertissement au régime de Kiev ont décrété l'état d'alerte maximum pour leurs forces de défense (milice et police) et s'autorisent désormais à riposter avec leurs moyens lourds.
Sur le front, et malgré ces avertissements et les premières ripostes républicaines, non seulement les forces armées ukrainiennes poursuivent leurs provocations sur la ligne de front et les zones résidentielles qui lui sont proches, mais Kiev vient de lancer un ultimatum en forme de calendrier aux républiques du Donbass et à travers elles à la Russie qui les soutient.
Avec ostentation et arrogance les forces ukrainiennes poursuivent leurs crimes de guerre contre les populations civiles de Donbass. Quelques exemples:
- Vendredi 22 mai sur le front de la Rép. de Lugansk, l'équipe de réparation chargée restaurer la ligne électrique Mikhailovka-Kommunarskaya (qui alimente l'usine métallurgique d'Alchevsk) a été une nouvelle fois la cible de tirs de mortier. C'est le bombardement de cette ligne électrique industrielle et de ses équipes de réparations qui avait épuisé la dernière goutte de patience des autorités de Lugansk et déclenché la mise en alerte de la milice.
Transformateur HS à Staromikhailovka |
- Dimanche 24 mai sur le front de la Rép. de Donetsk, Staromikhailovka a été à nouveau bombardé par l'artillerie ukrainienne qui a endommagé plusieurs maisons et des transformateurs, privant d'électricité plus de 500 maisons du village. Les forces de défense de Donetsk ont rapidement riposté sur les positions de tir ukrainiennes.
- Ce même soir, le front de Gorlovka a était aussi fortement bombardé par les forces ukrainiennes qui à partir de 21h20 ont réalisé des pilonnages avec des obusiers lourds, de l'arc Svitlodarsk jusqu'au village de Zaitsevo
Du côté des positions défensives républicaines, ces dernières continuent de subir de la part des ukrainiens des tirs d'infanterie continuels et des bombardements aux armes lourdes (interdites par les accords de Minsk). Il est observé également une intensification des missions d'observation aérienne des drones ukrainiens sur l'ensemble du front, comme par exemple ici, sur le secteur de "Promka" où notre bataillon tient des positions au contact des avants postes ukrainiens:
Bombardement ukrainien au mortier, assisté par un
drone d'observation et de correction, de positions
républicaines dans le secteur de Promka, sur le front
de Yasinovataya auNord de Donetsk le 22 mai 2020.
Et les bombardements ukrainiens sur les positions républicaines continuent chaque jour fauchant le vie de défenseurs républicains comme à Krutaya Balka ce 23 mai où un milicien a été mortellement blessé lors d'un bombardement des forces de Kiev dirigé contre les positions défensives mais aussi le village civil.
Immédiatement après le ras le bol des républiques du Donbass confrontées à ses bombardements criminels, le régime de Kiev, voulant se réfugier dans les jupons occidentaux, a provoqué une réunion urgente du groupe de travail chargé de piloter les accords de Minsk, réunion qui s'est soldée très rapidement sur un nouvel échec, la partie ukrainienne refusant d'aborder le problème des bombardements des populations civiles et de la sécurisation des services de secours et d'entretien. Sortant de cette réunion virtuelle, Natalia Nikonorova, Ministre des Affaires Etrangères de la RPD, a qualifié d' "absurde" l'attitude des représentants de Kiev, précisant:
- «La réunion imprévue d’aujourd’hui aurait eu un sens si on s’était finalement mis d’accord sur des mesures vitales pour assurer la sécurité de la vie et de la santé des civils dans le Donbass. Cependant, cette fois encore, les représentants de Kiev ont joué un autre théâtre de l'absurde. Par exemple, M. Reznikov, représentant Kiev, a déclaré qu'il n'y avait pas de «situation d'urgence» sur la ligne de contact. Alors pourquoi l'Ukraine a-t-elle si obstinément déclaré dans les médias qu'elle convoque d'urgence un groupe de contact ? Ce n'est pas clair »
Pire que ce énième échec d'une réunion de Minsk 2, le régime de Kiev est monté d'un cran dans la provocation et l'absurdité, en réitérant des propositions qui loin d'aider à avancer vers la paix ne font qu'envenimer les relations Est-Ouest. Surenchérissant aux déclarations de Zelensky, le président ukrainien qui récemment martelait une fois encore que l'Ukraine devait prendre le contrôle total de la frontière avec la Russie, avant d'organiser des élections qui elles-mêmes se tiendraient conformément à la loi ukrainienne, ce même Alexeï Reznikov qui est son représentant dans le groupe de travail de Minsk qui a demandé (il a le droit de rêver le pauvre) le désarmement complet des forces militaires républicaines et le retrait des troupes russes (ah ! ça c'est facile à faire vu qu'il n'y a pas d'unités de combat russes dans le Donbass), Et le bougre de préciser :
- "Tout cela doit se produire avant le mois d'août, afin de tenir des élections dans toute l'Ukraine à l'automne, et afin qu'il puisse y avoir (dans le Donbass) des élections légales, selon la norme de Copenhague et la législation ukrainienne, il doit y avoir un territoire sûr et d'ici août, les troupes devraient être retirées de là et le désarmement et la démobilisation devraient être effectués "
Ce calendrier est défini par rapport à la date du 25 octobre 2020 prévu par Kiev pour les élections que le gouvernement veut étendre à toute l'Ukraine, et dont la campagne électorale devrait commencer donc en août au plus tard. Si on rajoute que la décision d'élections en Ukraine doit être votée au parlement national, la Verkhona Rada 90 jours avant leur début, au plus tard 50 jours avant le début de la campagne électorale... autant dire que cet ultimatum déguisé met plutôt la pression aux ukrainiens eux-mêmes qui n'ont plus que 2 mois pour réaliser son fantasme !
Alors pourquoi alors cette exacerbation des tensions politico-militaires intervient-elle cette année dan une tournure plus radicale alors que depuis 2015 le conflit sans jamais s'endormir est confiné dans ses 460 kilomètres de tranchées ?
La réponse vient certainement ce ce constat amer tenu par les ukrainiens et les occidentaux que:
- d'une part, la guerre d'usure menée depuis 5 ans par les ukrainiens contre le Donbass tant militaire, économique que politique ne fonctionne pas et même au contraire les elles renforce les capacités de résistance et de résilience des populations de Donetsk et Lugansk, tandis que les parrains occidentaux du régime de Kiev affichent une lassitude de plus en plus marquée à l'égard de l'Ukraine.
- d'autre part, la politique d'intégration des républiques du Donbass au sein de la Fédération de Russie avance chaque année un peu plus, lentement mais sûrement et que de la normalisation administrative, à l'obtention des passeports russes (200 000 citoyens à ce jour), en passant par les relations économiques, l'avenir du Donbass en Russie est aujourd'hui inéluctable et, tout comme avec la Crimée en 2014, l'Ukraine n'aura plus qu'à pleurer sur sa stupidité pro-occidentale qui l'a conduit à sa désintégration.
Régulièrement, depuis 6 ans, les populations des Républiques Populaires de Donetsk et Lugansk expriment leur volonté de voir le Donbass intégrer la Fédération de Russie. |
De fait, cet ultimatum révèle beaucoup plus une pression subie par Kiev que celle exercée sur les Républiques du Donbass et qui revient pour le régime de Kiev a poser sa tête sur le billot, car:
- Si l'ordre est donné aux forces ukrainiennes de forcer la ligne de front pour tenter de contrôler les frontières avec la Russie, où pire de capturer ou encercler une ou plusieurs localités républicaines, elles libéreront immédiatement les mains des armées républicaines qui se lanceront alors, et sans nul doute avec des renforts venus de Russie, dans des contre-offensives allant au minimum jusqu'à la libération des territoires occupés (parties des anciens oblasts de Donetsk et Lugansk occupés par Kiev).
- Si au contraire les "ukrops" ne bougent pas, menant le fantasme politique ukrainien pour le Donbass dans les annales de la lâcheté et de l'impuissance, alors Zelensky et sa clique passeront pour des cons (ce sera pas une nouveauté !) et des faibles et verront foncer sur eux les partis d'opposition qui soutiennent la guerre, tous excités par les bandéristes, néo-nazis et autres radicaux nationalistes ukrainiens ingérables, qui si ils ne renversent pas le gouvernement risque d'exercer sur lui un chantage au putsch pour s'imposer plus encore.
Quoiqu'il en soit, il est possible que pour Kiev l'été soit vraiment chaud cette année !
Erwan Castel