L'enfer au quotidien

Image d'archives  2014- 2015
Tard dans la soirée du 18 mai, des martèlements sourds ont envahi le silence de la cité endormie, signalant un puissant bombardement ukrainien au Nord-Ouest de Donetsk. Les quartiers de l'aéroport ou de Staromikhailovka ont à nouveau été les cibles des obusiers et des mortiers ukrainiens. Dans cet article j'ai voulu présenter quelque unes des vidéos des derniers bombardements ukrainiens dirigés contre les populations du Donbass ou les postions défensives de leurs milices.

Nuit du 18 au 19 mai 2020, l'artillerie lourde ukrainienne
bombarde la périphérie Nord de Donetsk avec des 122 et 152mm

Depuis le Maïdan, Kiev est asservie aux intérêts occidentaux et aux décisions d'un Nouvel Ordre Mondial aux abois et plongé dans une fuite en avant interventionniste et radicale. C'est principalement pour cette raison que le chemin diplomatique finalisé en février 2015 à Minsk par le "Format Normandie" (Russie, Ukraine, Allemagne, France) pour mettre fin à la guerre dans le Donbass est bel et bien une impasse pour tout le monde: 
  • Pour l'Ukraine, qui refuse le cessez le feu qu'elle a pourtant signé à Minsk, sans pouvoir se permettre une grande offensive, 
  • Pour la Russie, qui soutient les républiques de Donetsk et Lugansk mais reste éloignée dans une position dissuasive,
  • Pour l'Allemagne et la France, qui sont impactées également par les sanctions économiques anti-russes décidé par Washington.
Seule l'OTAN profite réellement de l'enlisement de cette guerre du Donbass pour exacerber sa propagande de guerre russophobe et intégrer de facto la candidate Ukraine à son dispositif en militarisant son espace, normalisant et soutenant son armée qui désormais participe à ses activités. 

Et j'aurais tendance à écrire "comme d'habitude" ce sont les populations civiles qui souffrent le plus de cette guerre déclenchée aux confins de l'Occident et de l'Eurasie par un impérialisme occidental aux ordres de sa ploutocratie mondialiste.

Depuis plus de 6 ans en effet les populations de Donetsk et Lugansk sont prises entre le marteau et l'enclume avec d'un côté une armée ukrainienne qui profite de son impunité occidentale pour violer quotidiennement le cessez le feu par des bombardements meurtriers, et de l'autre côté une Russie dont l'armée reste derrière ses frontières dans un déploiement dissuasif et qui limite son soutien aux milices républicaines à une aide logistique minimale. 

Aussi, malgré la signature en février 2015 des accords de Minsk 2, l'armée ukrainienne n'a jamais cessé ses pressions offensives contre les populations du Donbass, depuis un front qui s'est enlisé, mais sans jamais s'assoupir, sur 460 kilomètres de réseaux de tranchées et casemates. Et cette guerre d'attrition menée par Kiev qui va crescendo depuis 2 ans vise autant les positions défensives républicaines que les populations civiles (sur)vivant à proximité du front.

Dans la nuit du 16 au 17 mai, l'artillerie ukrainienne
bombarde la périphérie des villes de la République
Populaire de Donetsk, comme quotidiennement.

La vie des habitants proche du front est devenu un enfer quotidien où les familles vivent jour et nuit sous la menace de forces ukrainiennes tirant sporadiquement et au hasard sur leurs zones résidentielles... Une épée de Damoclès suspendue au dessus de dizaines de quartiers et villages du Donbass où des milliers de familles se réfugient depuis 6 ans dans leurs caves pour éviter que la mort ne les réveille une dernière fois.


Malgré ce cauchemar quotidien auquel il convient de rajouter une dépression économique consécutive à la guerre et une séparation des familles et amis vivant dans la zone occupée par Kiev, les femmes et les hommes du Donbass s'accrochent à leur terre et leur volonté de rejoindre la Russie, choix maintes fois exprimé (et même avant le Maïdan) et renouvelé régulièrement depuis le référendum du 11 mai 2014 où leur rébellion finalisa un séparatisme sans retour. 

Lorsque je suis en congé, je rejoins le quartier d'Oktyabrsky où j'ai décidé de vivre au milieu de cette population en souffrance pour laquelle j'ai pris les armes en février 2015, et je ne cesse d'admirer le stoïcisme de ces familles qui elles n'ont pas choisi la guerre mais qui réussissent à la supporter grâce à un courage et une capacité de résilience hors du commun pour les esprits occidentaux pervertis par l'individualisme consumériste de leur société de la marchandise.

Le 15 mai 2020 un bombardement ukrainien s'est abattu une fois
encore sur Oktyabrsky (quartier de Krimlovsky) frappant avec des
mortiers de 82mm quatre immeubles d'habitations où vivent encore 
quelques familles et principalement des retraités qui témoignent ici:

Le plus hallucinant et scandaleux est que ce terrorisme ukrainien à l'encontre des populations civiles du Donbass, qui tue ou blesse chaque semaine des innocents dont de nombreux enfants (depuis ce seul mois de mai inachevé,17 civils ont été les victimes des forces ukrainiennes), reste impuni et même ignoré par ladite communauté internationale pourtant si prompte à s'indigner et réagir lorsque qu'un pays non aligné réprime ses opposants. Or ici, nous ne sommes pas face à quelques coups de matraques - souvent justifiés - mais devant une lente hémorragie génocidaire d'une population à qui les suppôts de l'OTAN installés à Kiev reprochent juste de vouloir être et rester ce qu'ils sont : des femmes et des hommes de traditions et culture russe !

14 mai 2020, bombardement ukrainien de Zaitsevo, au Nord de Gorlovka 
(Nord de la RPD), un village qui depuis le début de la guerre a vu 
81 personnes au sein de sa population tuées par les tirs ukrainiens.

Et ces victimes civiles de la guerre du Donbass ne doivent pas faire oublier celles beaucoup plus nombreuses des forces de défense républicaines, des ministères de la défense (Milice) ou de l'intérieur (VV) qui défendent les républiques jour et nuit depuis 6 ans. Plusieurs centaines de tués et des milliers de blessés dont beaucoup grièvement touchés et handicapés à vie, tombent chaque jour sur le front du Donbass sous les coups d'une artillerie ou de snipers ukrainiens de plus en plus importants et précis.

Début mai 2020, bombardement de postions enterrées du 
bataillon "Vostok" par une artillerie lourde ukrainienne 
assistée et corrigée par des drones d'observation. 

Depuis le début de ce mois de mai, au minimum une douzaine de défenseurs républicains, qui, faut-il le rappeler sont exclusivement des volontaires, contrairement aux conscrits et soldats de métier de l'armée ukrainienne, ont été tués au combat et des dizaines d'autres blessés dont certains grièvement comme par exemple deux camarades de ma compagnie lors d'un bombardement d'obusier ukrainien de 122 mm sur le front de Yasinovataya.

A cette liste noire il faudrait rajouter les victimes des territoires occupés par Kiev et qui sont régulièrement la cible de répressions, arrestations et tortures, viols et agressions de la part des forces ukrainiennes qui souvent ont confié le maintien de l'ordre à des unités "politiques" formées à partir des radicaux nationalistes, bandéristes et autres néo nazis revendiqués quand ce n'est pas des repris de justice envoyés sur le front pour vider les prisons ukrainiennes saturées d'opposants au régime.
Le destin tragique de ces territoires occupés par l'armée ukrainienne mais dont la grande majorité de la population reste fidèle à la Russie est certainement le sujet de discorde majeur entre les Républiques et l'Ukraine car Kiev, dans une politique du fait accompli a arbitrairement redéfini sur la ligne de front actuelle la ligne de démarcation des accords initiaux qui faisait référence aux limites administratives des oblasts de Donetsk et Lugansk.

Défilé aux flambeaux dans les rues de la ville occupée de Mariupol du régiment néo nazi ukrainien "Azov" 

Pour cette raison et tant d'autres, la situation dans le Donbass n'est pas seulement dans une impasse militaire; mais aussi et surtout politique et diplomatique. Cependant cet enlisement ne pourra plus durer longtemps et l'obstination de Kiev à poursuivre ses bombardements à caractère génocidaire et refuser le dialogue avec les représentants des républiques de Donetsk et Lugansk va probablement, dans une fuite en avant suicidaire typiquement occidentale, libérer un jour de massacre, une réaction militaire républicaine et russe qui libérera enfin le Donbass occupé et mettra fin trop d'années de sang et de larmes dans une grande mais dernière hémorragie.

Erwan Castel

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