L’héroïsme silencieux du Donbass


Les festivités masquées des 9 et 11 mai, au cours desquelles, malgré une pluie printanière ou les précautions sanitaires les populations ont tenu à commémorer leur Liberté du passé et du présent, ne doivent pas faire oublier que, sur une cicatrice de plus de 460 kilomètres au coeur de l'Europe, des femmes et des hommes tombent quotidiennement dans une guerre par procuration menée une Ukraine asservie à la marchandise occidentale et aux ordres de la stratégie russophobe de l'OTAN.

Non seulement cette guerre continue mais elle connait une escalade de plus en plus meurtrière en dépit d'accords de paix signés qui, à part quelques échanges de prisonniers réussis n'ont jamais obtenu le silence des armes ou un dialogue direct entre les belligérants. 

Depuis le début de ce mois de mai pas moins de 16 civils dont 6 enfants ont été victimes de bombardements et de tirs que les forces armées ukrainiennes dirigent quotidiennement et en toute impunité sur les zones résidentielles des républiques du Donbass.

Aujourd'hui encore, Andrei Kirichenko, un homme de 34 ans vivant dans le village de Gagarine sur la lisière Ouest de Gorlovka (au Nord de la Rép. Pop. de Donetsk) a été blessé au cours d'un bombardement ukrainien de son village. Andrei a été hospitalisé avec plusieurs éclats d'obus à la poitrine et à l'épaule de gravité modérée. Ses jours ne sont pas en danger.

7ème année de guerre 7ème blessure !

Il faut relever ici le destin symbolique de ce paysan du Donbass accroché à sa terre depuis 6 années de bombardements ukrainiens au cours desquels il a déjà été blessé 6 fois !, En juin 2019 alors qu'il venait de recevoir une nouvelle blessure, je lui avais consacré un article tant son histoire est à la fois exceptionnelle et commune dans la tragédie qui frappe le Donbass depuis 2014. 



"La première question qui vient à l'esprit bien sûr est de se demander : "mais pourquoi reste t-il dans une zone aussi dangereuse ?" Et lorsqu'on lui demande, ce paysan du Donbass attachée à sa terre comme les racines d'un arbre centenaire répond naturellement, avec cette logique simple et noble qui n'appartient qu'aux vrais paysans : "Mais enfin, j'ai 3 vaches, je ne vais quand même pas les abandonner !"

3 vaches me direz vous cela ne pèse pas lourd à coté de la vie d'un homme ! Sauf qu'à travers elles c'est à toute cette terre façonnée par des milliers de générations à force sueur et sang, que le paysan porte soins et attention. Abandonner ces bêtes reviendrait pour lui à trahir ses ancêtres et insulter la terre qui les a porté jusqu'à lui, et qui a nourri chaque membre de sa parentèle depuis des siècles jusqu'à accueillir leurs derniers voyages.

L'histoire incroyable de ce paysan du Donbass n'est pas exceptionnelle, et elle n'est que le le reflet singulier de milliers d'autres histoires aux héroïsmes silencieux et fragiles de femmes et d'hommes désarmés qui doivent survivre à l'enfer du front armés seulement de leur foi, leur courage et cet amour infini et sacré porté à leurs traditions et leur terre, éternellement vivantes autour d'eux et dans leurs coeurs."

L'armée ukrainienne dans ses bombardements criminels cherche à détruire les infrastructures de vie comme les stations d'eau potable, les transformateurs et relais électriques ou les relais de communication téléphoniques comme ici à Elenovka, au Sud de Donetsk où 1 relais a été détruit et 1 autre endommagé le 10 mai 2020 au matin. Dans l'après midi les services techniques venus réparer le relais endommagé, malgré leurs tenues de travail orange les définissant, ont été à leur tour pris pour cible par de nouveaux tirs ukrainiens.

Voici 2 autres exemples de bombardements réalisés pendant ce week-end par les forces armées ukrainiennes sur des zones résidentielles civiles du Donbass :

A Dokuchaievsk, le 9 mai 2020, la population honore les morts 
de la Seconde guerre Mondiale sur fond de bombardements
ukrainiens qui quotidiennement frappent les lisières de la cité.

A Donetsk, le 10 mai 2020, le Nord de la cité est réveillé par
 l'artillerie ukrainienne qui bombarde, dès 5h00 depuis ses positions
d' Avdeevka le front de l'aéroport à Yasinovataya dès 5h00 du matin.

De leur côté les milices de défense des républiques de Donetsk et Lugansk continuent d'essuyer des tirs meurtriers sur leur première ligne, et chaque jour elles subissent des pertes, tués ou blessés, dans cette guerre d'attrition que les ukrainiens mènent contre le Donbass. 

Les forces républicaines se retrouvent de plus en plus souvent dans l'obligation de riposter face aux attaques ukrainiennes qui restent impunies malgré les engagements internationaux dans les accords de Minsk et les rapports quotidiens de l'OSCE confirmant les violations par Kiev du cessez le feu. On assiste donc à des ripostes républicaines ciblées destinées à "punir" les responsables des bombardements sur les civils où d' aérer les positions défensives trop rapprochées par les avant postes ukrainiens dans la zone grise qui doit être en théorie démilitarisée.

Petit florilège de destructions d'avant-postes ukrainiens
dans la zone grise par des missiles antichars républicains

Depuis mon lit où je suis toujours cloué par ma blessure, j'entends les bruit des chaines secouées par les occidentaux confinés dans leur indignation malheureusement aussi stériles que leurs certitudes car un changement salvateur ne pourra surgir des idéologies du passé et encore moins si elles sont défendues par des "rebelles 2.0" restant englués dans leurs clivages politiques et communautaristes qui les confinent depuis beaucoup plus longtemps dans des luttes horizontales débiles dans l'ombre méprisante des palais et des banques.

Le Donbass est l'exemple haut et fort du combat supra-communautaire d'un peuple en danger qui a pris le pouvoir pour réinventer une authentique république populaire tournée vers l'avenir. Depuis bientôt 7 années le peuple du Donbass exerce chaque jour son pouvoir et défini sa destinée et pas seulement par son vote électoral mais surtout et quotidiennement en résistant aux bombardements ukrainiens, aux difficultés économiques, en défendant son territoire jusqu'au sacrifice, en honorant ses traditions, en aimant sa terre et son histoire et en soutenant un gouvernement qui reste, malgré des paramètres indépendants de sa volonté, à l'écoute de ses rêves et met tout en oeuvre pour qu'ils soient réalisés. 

Pour cela il n'est pas besoin d'idéologie particulière et encore moins de communautarisme mais de qualités humaines collectives qui forgent l'identité humaine naturelle d'un territoire: communalisme, résilience, courage, résistance, compassion, entraide etc...

Autant de valeurs très anciennes que des siècles de dogmatisme idéologique et d'individualisme consumériste que les occidentaux ont oublié et abandonné pour les leurres de la société de la marchandise....

Et pourtant il leur suffit de regarder à l'Est, car il y a beaucoup de soleils qui s'y lèvent, résistent et balaient les tempêtes marchandes !

Erwan Castel

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