Une plaie ouverte de la mémoire
En 2014, malgré des premières escarmouches qui ont déjà marqué l'importance stratégique et symbolique de l'aéroport international "Prokoviev" situé sur les lisières Nord de la ville de Donetsk , la guerre qui rampe aux portes du Donbass reste éloignée de Donetsk. Les combats principaux se déroulent à Slaviansk et Kramatorsk, à 100 kilomètres plus au Nord, et la majorité de la population de la cité, bien que choquée par la tournure dramatique de la crise provoquée par le déclenchement de cette "Opération Spéciale Antiterroriste" ukrainienne contre le Donbass, croit encore à ce moment là à une désescalade des violences et une résolution politique du conflit.
Mais ce 26 mai 2014, la guerre est venue frapper aux portes de la belle cité minière du Donbass, et de la manière la plus violente et meurtrière qu'il soit, par un bombardement aérien de son aéroport internationale et du quartier résidentiel d'Oktyabrsky qui le borde. En quelques minutes l'enfer va s'abattre sur ce quartier paisible aux jardins et rues chargés de promesses fruitières ensoleillées.
Aujourd'hui 26 mai, sous les larmes du ciel, les habitants d'Oktyabrsky sont venus rendre hommage aux victimes du bombardement ukrainien du 26 mai 2014 |
Les souvenirs sont intacts dans les mémoires meurtries des habitants d'Oktyabrsky et la panique se lit encore dans leurs yeux humides lorsqu'ils évoquent cette journée où leur vie a basculé dans la guerre : les hurlements des enfants derrière les vitres des écoles explosant sous le souffle des roquettes, les gens courant dans les rues au milieu de corps disloqués, la fumée âcre envahissant le quartier au milieu des gémissements etc...
Puis ces moments de silence et d'effroi qui scandent toute bataille ou bombardement, tandis que rugissent encore dans le ciel les avions et hélicoptères de combat ukrainiens, avant un autre assaut aveugle et meurtrier...
L'aéroport de Donetsk en 2014 présente en effet un intérêt multiple pour le régime de Kiev qui veut abattre la contestation anti-maïdan et les russes du Donbass. Comme je l'avais souligné dès 2015, cette zone située au Nord de Donetsk et récemment modernisée (en 2012-2013) est vitale pour le contrôle de la ville :
Aujourd'hui l'aéroport est toujours le symbole du Donbass, mais celui (plus fort encore) de sa résistance et le théâtre, au moment de sa libération en janvier 2015 par les républicains, de ses plus grandes victoires militaires (avec les chaudrons d'Iliaovaisk et Debalsevo) sur les agresseurs ukrainiens.
Depuis ce 26 avri 2014, Donetsk est aux avants postes de cette guerre qui sévit depuis près de 2000 jours au coeur de l'Europe, et l'aéroport, tout comme le quartier d'Oktaybrsky dans lequel j'ai choisi de vivre, loin de la bulle spatio-tremporelle d'un centre ville élitiste, portent encore les stigmates de cette guerre qui continue de faire rage à leur alentour. Mais les cicatrices les plus profondes sont visibles dans le regard des gens lorsqu'ils regardent le ciel d'où la mort a surgit sans raison ce 26 mai 2014...
Anna Ilyasova est une jeune femme engagée dans le combat de son Donbass pour défendre ses liberté et son identité russe et participe activement au travail de réinformation pour libérer la vérité sur cette guerre dont les commanditaires occidentaux veulent cacher les crimes odieux.
A l'occasion de ce 5ème et triste anniversaire du 1er bombardement de Donetsk, Anna a réalisé cette vidéo où l'on peut voir la beauté de sa ville avant que Kiev ne vienne y jeter les crachats de l'enfer.
Aujourd'hui et malgré la guerre qui continue, des habitants sont revenus dans ce quartier d'Oktyabrsky, et dans ma rue encore déserte il y a 2 ans, les rires des enfants envahissent à nouveau progressivement les jardins où restent intact les promesses, plus fortes que jamais, d'un printemps russe en devenir...
- Les lisières Nord de Donetsk sont les plus proches de son centre ville, contrairement aux autres points cardinaux où d'immenses districts urbains parsemés de ponts et de casernes doivent être traversés avant d'atteindre le centre névralgique de la République.
- De plus, au moment de la modernisation de l'aéroport, une rocade 2x2 voies a été aménagé dans une zone à faible densité urbaine pour pouvoir accéder encore plus rapidement au centre ville.
- La zone aéroportuaire controlées par Kiev aurait permis l'acheminement rapide de troupes et logistiques aéroportées ainsi qu'une zone idéale, proche et légèrement surélevée et disposant d'infrastructures, propice pour y déployer une artillerie d'assaut.
- Le nouvel aéroport Prokoviev était de plus (avaec le stade "Donbass Arena) le fleuron du développement économique et social de la région du Donbass et un symbole évident à contrôler ou détruire par le régime de Kiev.
Aujourd'hui l'aéroport est toujours le symbole du Donbass, mais celui (plus fort encore) de sa résistance et le théâtre, au moment de sa libération en janvier 2015 par les républicains, de ses plus grandes victoires militaires (avec les chaudrons d'Iliaovaisk et Debalsevo) sur les agresseurs ukrainiens.
Depuis ce 26 avri 2014, Donetsk est aux avants postes de cette guerre qui sévit depuis près de 2000 jours au coeur de l'Europe, et l'aéroport, tout comme le quartier d'Oktaybrsky dans lequel j'ai choisi de vivre, loin de la bulle spatio-tremporelle d'un centre ville élitiste, portent encore les stigmates de cette guerre qui continue de faire rage à leur alentour. Mais les cicatrices les plus profondes sont visibles dans le regard des gens lorsqu'ils regardent le ciel d'où la mort a surgit sans raison ce 26 mai 2014...
Le quartier d'Oktyabrsky (Photo Guillaume Chauvin) |
Anna Ilyasova est une jeune femme engagée dans le combat de son Donbass pour défendre ses liberté et son identité russe et participe activement au travail de réinformation pour libérer la vérité sur cette guerre dont les commanditaires occidentaux veulent cacher les crimes odieux.
A l'occasion de ce 5ème et triste anniversaire du 1er bombardement de Donetsk, Anna a réalisé cette vidéo où l'on peut voir la beauté de sa ville avant que Kiev ne vienne y jeter les crachats de l'enfer.
Erwan Castel