Le théâtre de Minsk brûle


Sur le terrain, les combats et bombardements meurtriers continuent régulièrement à secouer les plus de 300 kilomètres de cette ligne de front du Donbass de plus en plus tendue du fait de l'occupation militaire de la "zone grise" séparant les belligérants par les forces ukrainiennes... Mais cela n'est pas une nouveauté mais la rélaité de l'envers du décor d'un théâtre monté à Minsk par les puissances européennes qui pour les unes veulent préserver la paix et leurs intérêts, pour les autres mieux se préparer pour la guerre à venir et pour toutes reprendre le contrôle de ce peuple qui a eu l'audace de défier l'ordre établi par l'hégémonie des Etats nations au cours du siècle dernier et de revendiquer le droit souverain de disposer librement de sa destinée jusqu'à la défendre les armes à la main.

Car si, pour faire valoir son droit légitime à retourner au sein de la Russie après une parenthèse historique de 60 ans, la Crimée a bénéficié de son statut d'autonomie, de l'effet de surprise, du soutien de Moscou et de ses forces militaires (autorisées dans la péninsule par la constitution ukrainienne), le Donbass en revanche a dû gagner sa liberté par la force en s'opposant au prix d'immenses sacrifices à l'agression militaire ukrainienne, dans une rébellion politique et militaire initiée par des chefs n'appartenant pas à la mouvance politique du pouvoir moscovite actuel. 
Et Moscou d'intervenir rapidement politiquement dans le Donbass et diplomatiquement sur la scène internationale autant par devoir humanitaire et patriotique vis à vis d'une population civile russe massacrée que pour protéger au mieux ses intérêts dans la régionaux déjà menacés gravement depuis le Maïdan et surtout éviter que la situation ne tombe sous le contrôle d'un banderisme fanatisé par Washington et ne débouche sur une guerre sans limite pour laquelle la Russie n'est pas encore prête. De leur côté les pays européens tout en étant affidés à la stratégie belliciste de Washington et soumis à la dictature de sa marchandise, n'avaient aps non plus envie de voir un conflit régional déborder dans une Europe déjà confrontée à de multiples crises économiques, sociales, politiques... clivantes et suicidaires.

Voilà, entre autres raisons, pourquoi le "format Normandie" est né le 6 juin 2014 à l'occasion de la commémoration du débarquement américain en France et que le "quartet Russie, France, Allemagne, Ukraine" concrétisera en septembre de la même année par des accords de paix signés à Minsk (Minsk1) et qui seront confirmés et complétés en février 2015 (Minsk 2).

Mais depuis sa signature, le protocole de Minsk est au point mort pour ne pas dire qu'il est "mort né", ayant obtenu comme seules et très relatives concrétisations :
  • Le maintien d'une discussion entre Kiev et Moscou mais qui souvent ressemble plus à un dialogue de sourds qu'à une négociation diplomatique et pour laquelle en plus, Kiev refuse la participation des représentants de Donetsk et Lugansk.
  • Le déploiement d'un contingent d'observateurs de l'OSCE dont l'impartialité tout comme l'efficacité dans l'application du cessez le feu sont contestées mais qui constatent les violations des accords tout comme l'absence de militaires russes
  • La libération de prisonniers de guerre sous forme d'échanges réalisés sur la ligne de front mais trop rarement et pour lesquels Kiev rechigne à appliquer la formule "tous pour tous".
  • Ces accords ont figé le front dans une guerre de positions certes moins meurtrière pour la population civile et les forces en présence même si l'on observe une actuelle augmentation des pertes militaires, mais qui se révèle aussi une impasse. 
  • Enfin ces accords ont l'avantage d'être une référence pour relever à travers leurs différentes violations (bombardements, blocus économique, occupation de la "zone grise" et.) la volonté de Kiev (donc des occidentaux) de ne pas rechercher la paix.
De toute manière, si on lit simplement les 12 points du protocole de Minsk il est évident que ces accords sont irréalisables (mais n'était ce pas également un de leurs objectifs) car certains points sont tout simplement inaccepatbles par Kiev ou les Républiques du Donbass comme par exemple :
  • Kiev ne peut accepter un "statut spécial" pour le Donbass car il serait réclamé par d'autres régions y compris l'Ouest ukrainien; et encore moins celui "d'autonomie" car il signifie aussi droit de véto pour des décisions majeures (UE OTAN par exemple).
  • De même le Donbass ne peut accepter ce "statut spécial" qui sous entend en retour une intégration dans une Ukraine russophobe et meutrière, la fin de son armée indépendante ainsi que de la perte de la maitrise de ses frontières avec la Russie  
Mais malgré cela de Moscou à Paris les acteurs de ces accords de Minsk appliqaunt la méthode Coué n'ont pas cessé de prétendre qu'il n'y avait pas d'autre alternative à la résolution du conflit, suivi en cela par leurs meutes de chiens de garde propagandistes qui de toute façon répéteraient que le soleil se lève à l'Ouest si leurs approvisionneurs de gamelles le prétendent un jour.


Sur le front, Zelensky tente une surenchère des accords de Minsk

Cette semaine, la nouvelle marionnette étasunienne de Kiev a visité le front du Donbass, dans le secteur de Lugansk où le comédien-président se serait approché à 400 mètres des avants postes républicains.



Tout en répétant sa promesse de vouloir arriver à une paix dans le Donbass (promesse qui a certainement influencé en sa faveur les russophones d'Ukraine ayant participé au scrutin présidentiel) Zelensky a sérieusement remis en cause l'efficacité des accords de Minsk qu'il veut reformater complétement, oubliant que si Minsk 2 n'a pas abouti c'est surtout parce que son armée n'a jamais cessé d'en violer quotidiennement le mémorandum (cessez le feu, retrait des armes lourdes, exclusion aérienne, respect de la zone neutre etc...) jusqu'au jour même de sa visite sur le front où une grand mère de 70 ans a été blessée à Gorlovka dans le bombardement de son immeuble d'habitation par un drone ukrainien.

Accompagné dans sa tournée des popotes par le lieutenant-général Ruslan Homchak le nouveau commandant en chef de l'armée ukrainienne (qui avait été responsable en 2014 du fiasco militaire d'Iliovaisk), Zelensky a réitéré ses promesses populistes de campagne où d'intensifier les négociations, d'augmenter les échanges de prisonniers, et de lancer une nouvelle stratégie de propagande (pardon... "d'information" !) à destination des citoyens des républiques de Donetsk et Lugansk le tout soupoudré de pommade auprés de ses hôtes militaires dont il promet d'améliorer les conditions de vie sur le front...

Bref, un président ukrainien qui, s'il ne se déguise pas comme son prédécesseur en soldat, n'en reste pas moins tout comme lui, un baratineur qui promet plus  d'être plus le maître du blabla (comme tout comédien qui se respecte) que l'artisan de la Paix. 

Cependant, dire que Zelensky va faire comme Porochenko est aujourd'hui prématuré car de l'avis de nombreux analystes le nouveau gouverneur de la colonie militaire occidentale "Ukraine" va certainement même tenter de se différiencier de la politique précédente pour mieux pouvoir la blâmer et séduire avec encore plus de zèle ses maîtres occidentaux. Et cette réorientation de la stratégie Zelensky va certainement s'articuler autour d'une volonté d'imposer des accords "Minsk 3". 

Mais en écoutant ce fanfaron on s'aperçoit que la base, la rhétorique et les objectifs de de sa version Minsk restent non seulement les mêmes.mais ne sont finalement q'une surenchère qui ne fera que verrouiller une situation déjà on ne peut plus enlisée. Ainsi par exemple :
  • Zelensky refuse toujours de dialoguer direcetement avec les représentants de Donetsk et Lugansk qui sont pourtant signataires des accords de paix,
  • Zelensky veut ouvrir la table des négociations ou un consensus est déjà quasi impossible à obtenir à de nouveaux pays comme les USA ou la Grande Bretagne,
  • Etc.
Qui plus est, le maintien de la crise et la poursuite de la guerre seront pour ce gouvernement une fois encore l'excuse facile et sanglante pour justifier les échecs des réformes intérieures promises.

Ce n'est donc pas vers la détente et la paix que se dirige ce bonimenteur, en dépit de ses promesses fumeuses populitses d'autant plus irrélisables qu'il n'est même pas capble de faire imposer à ses troupes un simple cessez le feu, pour les quelques heures où il vient pérorer sur le front du Donbass.

Et le nouveau parlement ukrainien, dont les élections auront lieu le 21 juillet prochain, confirmera sans nul doute le maintien du cap russophobe et belliciste d'un pouvoir kievien qui dans une dépendance politique et économique totale vis à vis des occidentaux se doit d'éxécuter la feuille de route écrite par les néo-conservateurs étasuniens au moment du Maïdan.


Le retour du "Printemps russe"



Le vrai grand changement interviendra certainement du côté russe, et d'ailleurs il a déjà commencé avec la décision du Président Poutine d'accorder le passeport russe aux citoyens du Donbass qui le désirent et à ne pas saluer la victoire du nouveau président ukrainien (erreur commise en 2014 au moment de l'élection de Porochenko).

La Russie, échaudée par les trahisons multiples du gouvrenement Porochenko et la poursuites de la guerre lagré les accords signés a décidé de radicaliser son soutien au Donbass et de quitter cette zone de compromis dans laquelle elle espérait encore raisonner Kiev en faveur de la paix dans la région. 

Désormais "Finita la comedia", le temps des belles paroles est terminée tandis que celui des actes a commencé, et le départ de Surkov qui était le conseiller spécial du Kremlin pour la région tout en appuyant sa diplomatie sur l'entretien de ses réseaux ukrainiens n'est certainement pas étranger à cette radicalisation de la position russe qui veut maintenant des résultats concrets et garantissant le choix du Donbass de rester russe et de le devenir à part entière.

Certains regrettent tout ce temps perdu depuis 2014 par Moscou, en mains tendues, réunions hypocrites et vaines discussions ponctuées par des "sanctions" économiques anti-russes sans cesse augmentées et des morts quotidiennes sur le front du Donbass. Au moins on ne pourra pas dire que ce n'est pas faute d'avoir essayer la paix avant la guerre et le fait est que ce temps a été aussi et surtout mis à profit pour consolider les Républiques dans les domaines politiques économiques et militaires, de normaliser leurs souhaits sociétaux, d'augmenter le capacités opérationnelles de la Russie et ainsi de se préparer au pire...

Forts de leur expérience avec Porochenko, les ukrainiens ne vont pas attendre cette fois des années pour comprendre que Zelensky, qu'ils ont élu que pour dégager son prédécesseur, ne vaut pas mieux que lui et même probablement pire. Alors que la mise en esclavage occidental de l'Ukraine continue les consciences se réveillent ici et là et se préparent à déchirer le mirage libéral et accueilir un nouveau "Printemps russe", de Karkhov à Odessa.

Au risque de choquer certains je ne pense pas que nous assistions dans les prochains temps à une résolution pacifique du conflit, surtout dans le contexte international Russie/Washington, pas plus qu'à un effondrement du système occidental qui au contraire présente la caractéristique de se nourrir de ses propres crises et guerres provoquées. Je pense que seule une libération des peuples par la force (coup d'état, révolutions, rébellions interieures ou guerres extérieures) permettra la mise en place de ce monde multipolaire qui est la seule réponse adéquate à la dictature d'un monde unipolaire voulue par la ploutocratie mondialiste. 

Et désormais le Donbass, qui était une plaie ouverte par l'OTAN sur le flanc russe est en phase de devenir une tête de pont russe pour que les popultaions d'Ukraine puissent se libérer de leur joug mondialiste et reconquérir leur véritable identité historique, culturelle et politique en faisnat reculer l'hégémonie occidentale.
Mis en sommeil pendant un instant de l'Histoire par la real politik du Kremlin et pour des raisons diplomatiques légitimes, le projet de la Novorossiya aux racines historiques et identitaires fortes et qui anima la dynamique du Printemps Russe en 2014 est, j'en suis convaincu, sur le point de renaitre des cendres du théâtre de Minsk...

Erwan Castel


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