Pourquoi Kiev a envahi la "zone grise"
Bombardement ukrainien du Nord de Gorlovka réalisé le 13 mai matin depuis des positions de la "zone grise" occupés |
Depuis 2016, en pleine tentative de faire appliquer les accords de paix signés à Minsk en février 2015, les forces de Kiev ont généralisé des opérations militaires dans la "zone grise", cette bande théoriquement neutre qui est située entre les avants postes ukrainiens et républicains et dont le protocole de paix demande un largeur de 2km minimum et une démilitarisation complète. Et ces opérations dans cette "zone grise" ont évolué de mois en mois :
- Minage de la zone neutre
- Reconnaissances offensives vers les lignes républicaines
- Occupations temporaires puis permanentes de positions
- Avancées successives jusqu'à arriver au contact des défenses républicaines
- Déploiement d'unités d'artillerie de 1er échelon dans les positions occupées etc...
Cette tactique que les ukrainiens ont baptisé eux mêmes "sauts de crapaud" présente dans ses résultats plusieurs avantages :
- Provoquer des ripostes de la part des forces républicaines puisr ls accuser d'avoir voulu initier une escalade militaire. Nombreuses sont ces opérations qui coincident avec une réunion de travail de Minsk 2 ou l'arrivée de journalistes par exemple).
- Créer des "zones de contact" avec les positions républicaines, et par une réduction de leur temps de réaction les obliger à renforcer leur première ligne à partir des forces de réserve (1ère étape de la trilogie offensive: "fixer" "déborder" "attaquer").
- Ces captures de terrains pourtant inoccupés par les forces républicaines sont créditées par la propagande politico-militaire de Kiev comme une victoire militaire de Kiev contre les "terroristes" du Donbass et la Russie.
- La proximité des lignes belligérantes rend encore plus difficile l'application réel du cessez le feu et permet à Kiev d'engager sous couvert des échanges de tirs réguliers une hémorragie quotidienne et soutenue sur les avants postes républicains.
De son côté la propagande républicaine, jouant un manichéisme logique tente de minimiser ces avancées ukrainiennes dans des zones inoccupées par son armé, en insistant sur les pertes importantes subies par Kiev (par des mines et des ripostes) pour s'en emparer et que la ligne de défense ukraineinne n'a pas bougé d'un iota, ce qui est vrai.
Mais, au fur et à mesure que cette "zone grise" diminue comme peau de chagrin, force est de constater que les pressions meurtrières des forces de Kiev sont de plus en plus importantes et fréquentes, tant sur les positions militaires que sur les zones résidentielles civiles républicaines, comme à 5h00 ce matin 13 mai, sur le front Nord de Gorlovka, au Nord de la république Populaire de Donetsk (voir carte ci dessus) :
13 mai 2019, 5h00 du matin, les forces ukrainiennes bombardent
le Nord de Gorlovka à partir des hameaux de Gladosovo et Travnevo
positions de la "zone grise" srécemment occupée par Kiev, et que les
adeptes inconditionnels de Minsk 2 persistent à juger insignifiantes
Comme on peut l'entendre sur cette vidéo, la zone grise, lorsqu'elle est occupée par Kiev devient un problème majeur pour la défense républicaine. Et de s'interroger sur l'impunité totale dont benéficie Kiev concernant ces "sauts de crapauds" qui sont en eux mêmes déjà des violations flagrantes des accords de paix signés à Minsk, accords que les forces républicaines en revanche s'efforcent de respecter hormis bien sûr les ripostes de légitime défense...
Je crains qu'avec Zelensky les diplomaties pour "jouer le temps", ne remontent une nouvelle fois le ressort de la patience et d'accords de paix qui ne seront jamais sonnés pour la simple raison qu'ils sont militairement irréalisables dans les déploiements actuels des forces ukrainiennes et politiquement inacceptables dans les concessions politiques qu'ils demandent à chacune des 2 parties (comme par exemple le statut spécial du Donbass et le contrôle ukrainien de ses frontières avec la Russie).
Et sur le terrain, les bombardements et les combats continuent et continueront donc, et de façon exponentielle, symptômes de l'enlisement profond du processus de paix, mais qui scelle definitivement le rejet de l'Ukraine et motive la "passeportisation" russe pour laquelle on estime à 80% le nombre d'habitants désireux d'en faire la demande.
Le défunt président Zakharchenko avait bien prévenu en 2017 : "ce conflit ne pourra se terminer que par une victoire républicaine totale sur les forces de Kiev"
Erwan Castel