Un petit geste pour des enfants grands
Un jour de l'An et un Noël plus lumineux
pour 113 enfants du Donbass
Dans des articles précédents j'ai expliqué les motivations et les actions engagées par les volontaires français du Donbass dans le domaine humanitaire depuis bientôt un an (voir les articles ici : Humanitaire) Je remercie ici vivement les donateurs du réseau sans qui ces actions généreuses ne pourraient avoir lieu.
Cette année, les dons ont été dirigés dans différentes directions, certaines étant désignées par l'urgence et la gravité des situations, comme l'achat de médicaments pour un prisonnier libéré et cardiaque par exemple. D'autres actions sont programmées pour les semaines à venir et notamment en direction des enfants du Donbass, qui sont traditionnellement au centre des fêtes de Noël et dans les voeux exprimés par de nombreux donateurs.
Nous avions déjà aidé un premier orphelinat qui avait été bombardé et cette fois notre aide a été dirigée vers un deuxième orphelinat situé à Enakievo. Engagés sur le front au Sud de Donetsk, aucun d'entre nous n'a malheureusement pu aller à cette première rencontre avec les enfants et leurs encadrants, mais ce n'est que partie remise et nous espérons les visiter ensemble à l'occasion du Noël orthodoxe le 7 janvier prochain. En attendant cette première visite a été assurée par Laurent Brayard que je remercie chaleureusement pour son dévouement et son soutien à nos actions diverses.
Les enfants sont ici au milieu des ruines comme des promesses d'un avenir meilleur souriants et confiants ces filles et ces garçons sont des sources vives où nous puisons notre courage dans chaque sourire offert...
Ce sont des enfants mais certainement pas des petits, car dans la tourmente qui frappe leurs jardins et leurs parents ils révèlent au contraire déjà les marques d'une grandeur humaine et d'une espérance a protéger.
Erwan Castel, volontaire en Novorossiya
L'article de DONi Press :
Je suis dans le sillage de Julia Safonova, représentante de l’Association Vostok France Solidarité Donbass, il fait très sombre dans le quartier Vatoutine à Enakievo, les éclairages publics sont à l’économie et nous avons du mal à progresser dans les rues au macadam torturé. Nous pénétrons dans une supérette où nous attend la responsable du magasin. Avec les fonds des donateurs français de l’association, le groupe d’humanitaires est sur le point d’acheter pour un orphelinat comprenant 15 enfants et pour un internat pour enfants de parents totalement indigents comprenant 98 enfants, des présents et de la nourriture pour les jours à venir et surtout pour les fêtes. Ces enfants n’ont en effet que la possibilité de recevoir l’aide humanitaire de la Fédération de Russie, généreuse mais les populations dans le besoin sont tellement nombreuses…
Avec environ 20 000 roubles, renforcés par un don de 5 000 roubles donnés par le groupe de donateurs français d’Erwan Castel, l’Association a acheté des saucisses, un met rare que les enfants ne reçoivent pas, ils doivent se contenter de boîte de viande ou de pâté en conserve, des traditionnelles céréales pour la « kacha » russe, de pâtes, riz et soupes de légumes. Les achats se sont portés sur des fruits également rares et chers, environ 60 kg de fruits, clémentines, pommes et bananes, 113 colis de Noël pour chacun des enfants, 98 boules de Noël emplies de confiseries et avec l’argent du groupe d’Erwan Castel pas moins de 30 kg de douceurs en chocolat enveloppées individuellement dans un emballage, il y a 10 cartons de 3 kg chacun. Nous préparons avec l’aide souriante de l’équipe du magasin une palette entière de victuailles. Le chargement est si important que nous devons réserver une camionnette pour transporter le lendemain l’ensemble des achats.
Tôt le matin nous démarrons la mission, le moment me rappelle les vendanges, il n’y a pas de place à l’avant que pour la mère de Julia qui a puissamment participé à l’organisation de l’action. Je monte derrière, les souvenirs nombreux et des anecdotes remontent à la surface que je narre à Julia, nous rigolons de ces moments joyeux qui me paraissent si lointain. Le camion finit par s’arrêter, nous sommes devant l’orphelinat, nous avons peu de temps, mais les enfants sont là et nous donnerons quand même un petit spectacle, chanson et danse, nous repartons pour le deuxième établissement, l’internat d’Enakievo. Les plus grands des pensionnaires se pressent devant le camion pour aider à décharger, tout le monde est très enjoué et je suis ébahi de découvrir dans le grand réfectoire sombre, les 98 enfants et adolescents. Ils sont calmes et souriants, la discipline règne dans leurs rangs, je pense aux nôtres qui dans de telles circonstances seraient dans une agitation certaine créant assurément un brouhaha assourdissant !
Il est trop tôt pour la nouvelle année, moment où les cadeaux sont distribués à chacun, mais nous ouvrons quand même deux cartons offerts par le groupe de donateurs d’Erwan Castel pour distribuer les fameux chocolats, les enfants en cœur nous lancent des « Cpacibo » tonitruants qui nous font sourire, ils ont l’apparence de tous les enfants et pourtant ici, l’internat a été encadré par des tirs l’hiver dernier et ils restent sous la menace des bombardements que l’Armée ukrainienne continue subrepticement de perpétrer quand elle le peut. La veille, nous entendions encore les obus ukrainiens tombant sur Donetsk par intervalles, les artilleurs ukrainiens font « leur travail » souvent à la tombée de la nuit, à l’abri de la pénombre et loin des observateurs de l’OSCE qui ne travaillent jamais la nuit.
L’instant aura été court, le temps d’une distribution, le devoir nous appelle ailleurs et nous devons prendre la route de Donetsk. Je pose tout de même la question de l’éclairage, la directrice m’indique que les néons grillent les uns après les autres et qu’il n’y a pas de budget pour les remplacer, ils refuseront obstinément dans un premier temps le paiement des réparations pensant qu’encore une fois cet argent sortait directement de ma poche. J’explique qu’il ne s’agit nullement de mon argent, ni celui d’Erwan Castel personnellement, elle finit par me promettre de nous communiquer le prix des néons et de quelques autres réparations. Nous repartons après beaucoup de remerciements, la directrice me serre chaleureusement les mains, je ne sais que dire et répond inlassablement que je n’ai rien fait que de donner de mon temps. Nous reviendrons à Donetsk avec les sourires des enfants sachant que pour le Nouvel An, ils recevront un peu de chaleur de la part de tous ces Français qui derrière Vostok France et Erwan Castel ont permis cette générosité.
Laurent Brayard, volontaire français, journaliste à DONi news
Sources de l'article :
- Site DONi Press, le lien : ICI