Un arbre de Noël français

En cette période de Noël, les volontaires français avons tenu a offrir aux enfants du Donbass un petit rayon de bonheur en aidant aux festivités de fin d'année de 3 orphelinats situés sur la ligne de front au Nord de Donetsk. Après les orphelinats de Petrovsky et Enakievo (voir dans les articles précédents au lien suivant : Humanitaire) c'est vers l'école internat de Yacinovataya qu'ont été dirigés la suite de nos dons ainsi que ceux dédiés aux enfants confiés sur notre réseau de soutien au Donbass...

Déployés au Sud de Donetsk et dans l’impossibilité de nous déplacer vers l'établissement scolaire, c'est Laurent Brayard qui s'est dévoué pour organiser, apporter, l'aide et nous représenter à l'arbre de Noël qui s'est déroulé dans l'établissement le 25 décembre 2015.

Nous remercions Laurent de son aide précieuse sans laquelle nous ne pourrions concrétiser nos actions humanitaires et bien sûr les donateurs qui ont tenu a apporter à travers leurs dons un soutien et une vraie chaleur humaine aux enfants bombardés du Donbass...

Erwan Castel, volontaire en Novorossiya






Un arbre de Noël offert par les français 
à l'école internat de Yacinovataya


"En compagnie d’Eleonora Fedorenko dirigeante au sein du Ministère des Affaires sociales et spécialement dirigées en direction des enfants, nous roulons vers le Nord pour nous rendre à Yacinovataya, un district de l’Oblast de Donetsk comprenant environ 35 000 âmes et se trouvant directement sur la ligne de front. Nous transportons 32 kg de confiseries achetés par le réseau de donateurs d’Erwan Castel pour une somme de 7 626 roubles qui ont été répartis dans 62 sacs aux couleurs de la Bonne année (620 roubles) et rapportés dans nos bureaux via un taxi (100 roubles). Il y a en effet 62 enfants dans cet internat, mais beaucoup sont absents et ils étaient environ 240 avant la guerre. Il faut dire que le coin est chaud et bombardé régulièrement par les Ukrainiens. Ils furent en mesure de contrôler partiellement la localité au début de la guerre avant d’en être chassés par les Républicains au bout de quelques heures.

Les insultes de la guerre commencent à apparaître sur les façades lorsque nous arrivons dans la ville. Des maisons ont brûlé, d’autres sont constellées d’éclats d’obus, les endroits des anciens combats portent des traces de rouilles sur toutes les surfaces métalliques traversés par les projectiles ukrainiens, ailleurs les trous qui constellent le paysage ambiant sont frais et propres, preuve indéniable que les Ukrainiens continuent sournoisement leurs bombardements des populations civiles. Je ne verrai aucune troupe, aucune arme durant tout mon séjour. L’école-internat se trouve dans une zone qui a été bombardée, toute l’école a perdu l’ensemble de ses fenêtres, vitres pulvérisées, la directrice nous parlera des quelques fenêtres encore non réparées (le reste des réparations ayant été financées par la Fédération de Russie), les plus grandes qui coûtent une coquette somme d’argent, quatre sont encore à réparer pour un prix de 10 000 roubles pièce. L’idée de réparer alors que la ville et tout le Donbass se trouvent sous le feu des Ukrainiens m’apparaît cosmique. Dans certains endroits, je sais que des écoles ont changé jusqu’à trois fois l’ensemble de leurs huisseries…

Les enfants nous attendent, ils ont installé un magnifique arbre de Noël dans le gymnase où tout le monde nous attend, je suis surpris du nombre de personnes, les personnels sont tous là et les enfants tous déguisés. Ils produiront un spectacle incroyable de Noël, avec mise en scène, la fille du Père Noël chère aux Russes, Baba Yaga la méchante sorcière, les gnomes et les personnages divers se succèdent. Tous participeront au spectacle… et nous aussi, j’ai du mal à faire un discours, tous ces enfants menacés, tous ces gens si remarquables et qui nous offrent le meilleur du Donbass, les émotions et larmes montent. La directrice ; modeste femme déjà grand-mère sans doute de longue date ; s’inquiète de nos impressions, elle ne peut savoir que ce fut là le meilleur des spectacles d’enfants auquel j’ai assisté dans le Donbass. Au nom d’Erwan Castel absent et sur le front, j’évoque nos camarades morts et blessés, notamment la blessure de Sacha, la mort de Dietrich. Je remercie les adultes de leur courage de continuer leur travail inlassable, je les remercie surtout d’avoir permis que je reste encore un homme libre, libre de penser et loin du marasme français, à tout prendre je n’échangerai pas ma place contre celle d’un compatriote vivant dans tout le confort.

Nous promettons de revenir, il y a les fenêtres à réparer, ils ont de grands besoins eux aussi. Nous passons rapidement à l’école n° 3 de la même ville, elle fut touchée au but par des obus et sévèrement endommagée. Un total de 1 100 enfants se trouvaient dans ses murs avant la guerre, ils ne sont qu’environ 300, l’école est partagée entre une école primaire et un collège. Les plus grands nous accueillent, nous aurons droit à un spectacle, je leur propose de leur montrer une danse simple, un Cercle Circassien que nous exécutons parfaitement au bout de quelques minutes d’un court entraînement, tout le monde est ravi. A quelques mètres les ravages de la guerre sont éloquents, bâtiments administratifs ravagés par les flammes, barres d’HLM en ruines, le décor est sinistre dans le froid hivernal. Des chiens errants, comme partout sur le front, se baladent en tous sens, la plupart du temps effrayés mais aussi affamés et en manque de chaleur.

Malgré la fatigue qui m’habite depuis quelques semaines, comme toujours, les énergies positives sont bien supérieures aux négatives, elles me permettent d’avancer et je pense à tous les donateurs d’Erwan Castel qui ont permis cet arbre de Noël. Les enfants étaient si heureux, si contents et les adultes si admiratifs que des Français n’aient pas oublié qu’ils sont là et souffrent. En ces fêtes de fin d’année, nous continuerons les missions humanitaires, la générosité de mes compatriotes compense et de loin, les effluves ukrainiennes ou françaises et les petits désagréments d’un travail sous tension, mais en ce jour je sais pourquoi je suis ici et pourquoi je vais aussi y rester ! Sous les bombes, enfants et adultes du Donbass, après un an et demi de combats, sous les menaces permanentes auront vécu un admirable arbre de Noël. Merci pour cela au réseau de donateurs d’Erwan Castel."

Laurent Brayard volontaire français, journaliste à DONi.News

Source de l'article :

- Le site de DONi Press, le lien :ICI
- Le site de la DNR, le lien : ICI

Posts les plus consultés de ce blog

Attentats à Lugansk !

Volontaire français sur le front

L' UR 83P "Urki" au combat