La dignité contre la servitude
Vu du Donbass
En ce moment, une coïncidence hautement symbolique fait que se déroule en même temps, à Montpellier un "sommet France Afrique" réunissant des jeunes chefs d'entreprise africains sous le parrainage de Macron, et à Ouagadougou le procès historique concernant l'assassinat du président Thomas Sankara qui engagea son pays sur le chemin d'une émancipation réelle, nationale et sociale exemplaire.
D'un côté une Françafrique (ou plutôt France à fric), malade de ses crimes post coloniaux et de ceux de ses dictateurs africains protégés, mais qui tente de préserver son pré carré capitaliste africain (seule région ou son economie est excédentaire) devant les renversements récents par un panafricanisme croissant de nombre de ses néo gouvernorats corrompus et criminels (Burkina, Mali, Guinée) et l'avancée en parallèle d'une concurrence plus sincère et efficace menée par Moscou, en Centrafrique ou au Mali par exemple.
De l'autre côté un mouvement panafricaniste populaire et pragmatique se réclamant des pères des indépendances avant leurs assassinats commandités par la France (Olympio, Lumumba, Sankara, Kabila, Tombalbaye, Shermaké, Ratsimandrava, Kadhafi, Mohammed, Abdallah, Habyarimana etc...) et désireux de reprendre le flambeau des émancipations économiques, sociales et politiques, toujours dans les geôles des intérêts militaro-industriels occidentaux.
Thomas Sankara est sans conteste la plus pure incarnation contemporaine de cette Liberté des peuples face à l'esclavage de la marchandise, et j'invite les souverainistes français ignorants ou rétifs aux destinées africaines à s'interesser vivement au chemin audacieux que ce jeune capitaine de 35 ans a ouvert, non seulement pour son "pays des hommes intégres" mais aussi pour tout le continent africain.
Car la solution aux problématiques post modernes comme par exemple les crises migratoires, religieuses, économiques, ethniques, sociales, écologiques, qui touchent autant l'Afrique que l'Europe ne consistent pas à opérer des recroquevillements identitaires improductifs mais, selon moi, à développer une internationalisation des combats anticapitalistes des peuples pour une reconquête de leurs souverainetés territoriales, économiques et politiques.
Car lutter contre la crise migratoire et le terrorisme islamique dont est victime l'Europe sans dénoncer les dictatures militaro-industrielles et les interventions militaires occidentales en Afrique qui en sont la matrice autant celle d'une paupérisation servile, c'est faire preuve d'une hypocrisie abjecte, amorale et criminelle !
Face aux menaces internationales, tout souverainiste européen et particulièrement français qui se respecte se devrait de soutenir sans condition le panafricanisme et de demander la fin de ce néocolonialisme aux mains couvertes du sang de Thomas Sankara, de Kadhafi et de millions d'autres africains !
Car de leur dignité rendue dépend notre dignité car tous les peuples ont aujourd'hui le même ennemi !
Erwan Castel