Repos à Oktyabrsky
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Pour un dernier thé de combat dans les entrailles de "Forteruine" avant un repos ensoleillé sur Donetsk. |
Ce matin, sur Promka, à l'issue de la rotation habituelle des unités de Piatnashka, nous avons rejoint la caserne de la Brigade où Mourka notre fidèle mascotte nous attendait de ronronnement ferme.
Mourka la mascotte de la compagnie se fait cajoler et nous cajole à notre retour. |
Une nouvelle semaine complète passée sur le front et pourtant seules les fulgurantes périodes de combats résisteront dans la mémoire à l'usure du temps, accrochées à l'intensité de leurs secondes d'éternité.
A l'issue du nettoyage de l'armement je suis parti en repos 2 jours emportant du travail pour l'information, ma machine à laver et mon matériel à réparer ou modifier.
"Shakespeare" portant la fatigue et la satisfaction d'une nouvelle mission accomplie sans encombre |
Première étape, Donetsk où le souvenir de "Mamaï" notre Commandant de Brigade tué au combat le 17 mai dernier orne les rues de la capitale du Donbass.
"Mamaï" toujours présent dans les cœurs et les rues de la cité rebelle.. |
Deuxième étape, Oktyabrsky où deux nouvelles félines surprises m'attendent également les yeux grands ouverts (décidément les chats et moi...) et un jardin certes bellement fleuri mais qui devient une petite jungle où les grillades vont devenir une expédition profonde....
"home suit home" à Oktyabrsky dans le grondement proche de l'artillerie ukrainienne qui depuis 4 ans ne cesse de frapper ce quartier de Donetsk |
Et toujours et encore les chats m'accompagnent depuis les messagers de Freyja jusqu'aux hôtes de ma petite maison en passant par Mourka l'orpheline du front |
Troisième étape, internet ou j'essaye de répondre à de nombreux messages, en particulier à ceux qui veulent nous rejoindre sur le front du Donbass.
MISE AU POINT :
Une des traces indélébiles dans la mémoire de cette nouvelle semaine passée sur le front de Promka... |
Comme dans tous ces conflits asymétriques des personnes sont attirées par les milices, pensant pouvoir y trouver autant l'occasion de servir que de fuir un échec sociétal et de recommencer à zéro.
Malheureusement le Donbass n'est pas une Légion étrangère organisée pour accueillir le volontaire étranger, le former et l'encadrer au combat. Aussi je conseille (de concert avec Philippe Khalfine qui refonde un groupe de volontaires francophones) à ceux qui confondent l'engagement dans le Donbass avec un safari un refuge ou une psychothérapie de s'abstenir.
Ici l'accueil est succinct, la formation se fait sur le tas et surtout sur le front sans pédagogie à proprement parlée, les conditions de vie sont rustiques et les équipements rudimentaires. Le tout pour un front enlisé dans des tranchées bombardées quotidiennement.
Les bouffeurs de psychotropes, mythos narcissiques, communautaristes fanatiques et autres paumés occidentaux n'ont rien à y faire, tant pour eux que pour le Donbass; d'ailleurs ceux là qui sont venus s'y échouer dans le passé le temps d'une saison sans labours, ni semailles ni moissons s'en sont retournés dans les limbes de leur médiocrité .
On ne demande pas aux volontaires d'être des "Rambo" mais d'avoir un minimum de motivations solides, de stabilité psychologique et d'autonomie sociale, et surtoutun maximum de patience et de capacité d'adaptation.
Car le Donbass, s'il est européen par son emplacement géographique et son socle civilisationnel, est un pays slave avec une langue mais aussi des coutumes, une histoire et une mentalité qui même si nous y retrouvons des repères communs sont différents des nôtres.
Donc le volontaire ici se doit d'éviter de juger et chercher a tirer un profit de sa présence mais plutôt comprendre et donner toute ses ressources physiques et mentales pour le Donbass à travers son unité militaire.
Tant que dure la guerre seules les missions de ses combats sont des priorités, tout le reste n'est que verbiage, superficialité éphémère et chimères...
Ici le volontaire doit donner et surtout ne pas chercher à recevoir. Ceux qui cherchent des honneurs, des sensations fortes ou des fantasmes se fourvoient gravement.
La guerre c'est servir et non se servir et vivre chaque jour sur le front comme s'il était le dernier de sa vie.
"Nos souffrances sont très grandes, mais c'est un sentiment sensationnel d'engager ses forces dans la lutte de notre peuple pour son existence" Walter Flex
Erwan Castel
Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du Front