L'Homme... des cavernes aux casernes

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Kalashnikov (plutôt version AKSU)
Sur les murs de notre "forteruine" les vieux graffitis s'effacent sous les assauts des impacts le délabrement des crépis et l'arrivée de nouvelles marques des passages éphémères des hommes qui, dansant avec la mort et l'isolement, veulent témoigner de la vie qui résiste au milieu des ruines d'un monde dévasté.


Mercredi 29 novembre 2017

Depuis qu'ils cherchent dans leur aventure terrestre le secret d'abris naturels ou construits, les Hommes n'aiment pas la nudité de leurs murs et n'ont eu de cesse, à travers les âges, que d'y griffonner à la pointe de la pierre, de leurs mains colorées, de l'acier ou du stylo des marques de leurs éphémères passages dans l'Histoire du Monde. 

Des gravures cavernicoles aux tags métropolitains, le graffiti est un témoignage universel et intemporel, sacré ou profane, naïf ou informatif des activités humaines, au point que, là où ses contemporains ne voient que des dégradations et salissures, les anthropologues le considèrent au contraire comme un matériau important pour l'Histoire.

Dans le bois des vielles carènes ou sur les murs des jeunes casernes, les marins et les soldats perpétuent aussi ce geste humain universel, qui aide l'Homme confronté à lui-même à survivre à la peur de disparaître dans l'ennui autant que dans l'oubli.

Sur le front enterré du Donbass, les parois des casemates et des ruines fortifiées s'ornent au fil des heures d'attente, d'insomnie et de nostalgie de ces marques spontanées et anarchiques que les soldats abandonnent sur des murs pelés ou noircis par la mitraille et le feu leurs empreintes anonymes destinées à leur survivre.

Du cœur d'une flèche percé à la devise solennelle en passant par le dessin humoristique, toutes les styles y passent,  expressions des humeurs passagères du moment.

Voici quelques uns de ces griffonnages trouvés sur les parois de notre "forteruine" et qui se mélangent aux griffures de l'acier, quelque part entre Yasinovataya et Avdeevka.

Erwan Castel

De l'autodérision "qui sont ces gars avec un "péte au casque" ? Des russes bien sûr ! Les ukrops ne passeront pas !"

Caricature grivoise de l'ennemi, l' "ukrop"

Tiens, un breton est passé par là ! "Plutôt mourir que d'être souillé"

"Kopat' ", creuser.  Un verbe russe qui devient synonyme de survivre dans cette guerre de position ayant traversé le siècle passé.

sorti d'un conte un lapin se rit des balles et éclats qui constellent de leurs morsures le mur où il a été invité.

Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du Front

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