La neige et le feu
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Sur la ligne de front de Promka au Nord de Donetsk beaucoup d'armes sont employées par les forces ukrainiennes pour réaliser des campagnes permanentes de harcèlement sur les positions républicaines. Du mortier de 120mm aux armes légères d'infanterie,
Lundi 27 novembre 2017
Retour à Donetsk pour quelques jours de repos après une troisième mission de 10 jours et 10 nuits effectuée sur le front de Yasinovataya.
Le 19 novembre dernier j'avais publié ici une vidéo nocturne pour vous donner une idée de l'ambiance régnant sur ce front où depuis la neige et le gel sont venus offrir un pansement au paysage martyrisé par un feu ukrainien tellement présent que c'est le silence qui retient l'attention du guetteur et même réveille le soldat au repos dans la chaleur de notre vieux poêle à bois. ..
Depuis que les forces ukrainiennes ont envahi dans ce secteur le long de la route Donetsk-Gorlovka la zone neutre censée rester un espace démilitarisé de 2 km minimum (accords de Minsk), la ligne de front est devenue une zone de contact où les belligérants sont à moins de 500 mètres l'un de l'autre (jusqu'à 100 mètres sur notre position).
Je publie ici des extraits des quelques vidéos prises au gré des nuitées et journées passées sous la neige et le feu.
Veuillez excuser la piètre qualité des vidéos réalisées avec un vieux téléphone portable.
Erwan Castel
Vidéo 1: mortier de 82mm
Ce mortier d'appui "léger" (sauf pour ceux qui le trimbalent !) est très présent sur le front et en dotation au niveau des compagnies d'infanterie déployées en première ligne (comme le canon sans recul de 73mm "Sapog). D'un calibre inférieur à 100mm, ce mortier d'une portée de 3 km n'est pas pris en compte dans les retraits des armes lourdes imposés par les accords de Minsk et son emploi relève du premier échelon... Du coup les ukrainiens l'utilisent quotidiennement, visant les positions républicaines excepté celles qui sont trop proches des leurs et qui risqueraient de subir des "dommages collatéraux".
La proximité de ces pièces d'artillerie fait que les coups de départ sont audibles laissant pendant le vol des obus (entre 15 et 30 secondes) le temps de s'abriter correctement.
Vidéo 2: armes légères d'infanterie
Pendant la nuit les tirs continuent comme ici avec des fusils d'assaut, kalashnikovs AK 47 (7.62mm) et AK 74 (5.45mm) dont le "tatatac" est plus aiguë. On peut distinguer quelques balles traçantes qui souvent sont disposées avant la fin du chargeur (30 ou 45 coups) pour avertir le tireur du prochain réapprovisionnement de son arme.
Vidéo 3: grenade à fusil
Explosion d'une grenade à fusil au 2ème étage de notre bâtiment dont toit, fenêtres et une grande partie des murs ont disparu sous les bombardements continuels. Ce type de grenade appelée Vog est tirée à partir d'un système d'armes qui ce fixe sous le canon de la kalashnikov (GP25). 2 types de munitions sont employées ici : la grenade "kartochka" (patate) qui explose à l'impact initial et la grenade "laguchka" (grenouille) qui explose après un rebond. D'un emploi facile ce lance grenade individuel s'avère précis et efficace jusqu'à 300 mètres...
Vidéos 4 et 5: des tirs ininterrompus
Les tirs continuent ainsi jour et nuit sonnant singulièrement les heures et obligeant les guetteurs à une attention permanente, car souvent en plus des tirs directs, de nombreux ricochets imprévisibles aux trajectoires aléatoires s'invitent à l'intérieur de notre bâtiment.
Vidéo 6: lance roquette RPG 7
Nos positions étant enterrées et fortifiées, les ukrainiens ont également souvent recours aux canons sans recul et lance-roquettes antichar comme le RPG 7 dont on peut distinguer ici la lueur plus importante d'un tir rapproché sur une position amie.
Cette arme ancienne de fabrication soviétique est toujours très efficace notamment grâce à une facilité de mise en oeuvre et une évolution de ces munitions qui offrent aujourd'hui une diversité permettant de "traiter" différents types d'objectifs (antichar, antipersonnel, incendiaire, thermobarique. ..)
Erwan Castel
Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du Front