"Bushman"

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"Ajouter une légende" me demande l'interface de la photo... voilà c'est fait . Son nom : "Buhman" !
Aujourd'hui voici nouveau portrait d'un homme,dont le visage griffé par la guerre se passerait de tout commentaire tant il incarne cette image du guerrier qui a nourri les rêves des enfants d'Europe pendant des centaines de générations...


Samedi 4 novembre 2017

Garde au mur Est, sous une lune blafarde que le vent pudique vient draper régulièrement de nuages, avant garde d'un hiver qui s'annonce rigoureux.

En fin de matinée, inspection de "Bushman" l'adjoint de la compagnie qui accompagne l'arrivée de 3 soldats venus renforcer nos positions. "Bush" est un ancien des Forces Spéciales, vétéran des premières heures de la rébellion du Donbass.

Sa silhouette altière couronnée du béret d'élite révèle un visage exceptionnel qui semble avoir été sculpté dans le granit par un bâtisseur de cathédrale. Son regard borgne et sa barbe suspendue à un sourire permanent et chaleureux lui confère la noblesse d'un roi chevalier revenant victorieux d'un quête impossible au commun des mortels.
Cet homme humble et courtois nous observe avec la profondeur de sa blessure qui semble sonder nos âmes et une bonté de cœur qu'exprime en permanence une foule de petits gestes attentifs et fraternels.

"Bushman" incarne à mes yeux ce guerrier intemporel qui traverse en grandissant les âges autant que les souffrances des combats, serrant dans un poing invincible, hier un glaive, aujourd’hui un fusil d'assaut. 
Il est à la fois soldat et rebelle, ces figures jungeriennes qui incarnent l'éthique militaire et la Liberté, ces piliers d'une société humaine saine (avec le "Travailleur" et l'"Anarque")

Son calme, son expérience et sa personnalité appartiennent au légendaire des hommes volontaires qui défendent les empires des libertés humaines.

Sinon, l'exceptionnel de le ligne de front devient une routine, rythmée entre services, corvées et repos sur fond de tirs ukrainiens permanents.

Toute proportion gardée notre bâtiment à qui je donne le néologisme de "forteruine" est une sorte de petit Stalingrad. En effet nous occupons l'aile Est d'un ancien bâtiment industriel, et les Ukrops eux, occupent l'aile Ouest. Entre nous, les 60 mètres en ruines de la partie centrale nous sépare, habités seulement par le vol permanent des balles et des grenades. Les murs intérieurs sont devenus des remparts et leurs crevasses des meurtrières.

Après 20 jours passés sur cette position, aux avants postes de la République, le sifflement des balles et le fracas des explosions est devenu étrangement familier au point que ce sont les moments de silence qui nous surprennent.

Ici, sur le champ de bataille du Donbass, nous sommes coupés du reste du Monde, même Donetsk et Yasinovataya ont disparu de notre horizon sensoriel. Par manque de connexion et batterie suffisantes je ne peux aller "surfer" sur l'écume virtuelle d'un monde qui chancelle.

Nous sommes comme les gardiens d'un phare entouré de tempête et d'obscurité et qui ne voient de l'immensité océane que ses ultimes vagues qui viennent se fracasser sur ses rochers et font trembler ses murs.

Erwan Castel

Sentinelle aux confins de l'Empire
Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du Front
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