Le masque fissuré de l'indépendance de la justice
On connaissait les passes-droit puis modifications des conclusions du tribunal de Nuremberg concernant des nazis ou certaines unités de Waffen SS qui étaient devenues utiles à la CIA pendant la guerre froide, comme par exemple ces rescapés des unités SS baltes qui résistèrent pendant de nombreuses années au NKVD soviétique (les "frères de la forêt") grâce aux aides des services occidentaux. De même pour les terroristes albanais devenus subitement moralement fréquentables quand commence l'opération de l'OTAN contre la Yougoslavie ou les terroristes d'Al Qaïda, ces "ennemis publics N+1" devenus à leur tour les fidèles auxiliaires de l'ingérence armée de Washington en Syrie, etc. etc.
Ces anecdotes aux conséquences souvent meurtrières foisonnent dans l'histoire moderne d'un Monde où l'amoralité coutumière des princes déborde aujourd'hui dans les domaines judiciaires et policiers qui affichent une servilité de plus en plus zélée à une ploutocratie sans éthique.
Et depuis 2014, la crise ukrainienne regorge de ces collusions indignes entre une justice internationale servile et le crime organisé par les séides de l'OTAN depuis le Maïdan jusqu'au front du Donbass en passant par les massacres comme celui d'Odessa, où depuis plus de 6 ans pour la plupart des dossiers, aucune enquête internationale n'a été menée, en dehors de ce simulacre de tribunal commandité par Kiev et Washington autour du crash du MH17 et qui aujourd'hui s'effondre sur ses mensonges.
Un des derniers scandales de cette collaboration entre le système politico-judiciaire international et les crimes étatiques est le comportement géné pour ne pas dire suspect d'Interpol concernant l'interpellation de Serguey Melnychuk, ukrainien reconnu responsable de crimes de guerre lorsqu'il commandait le bataillon spécial ukrainien Aïdar sur le front du Donbass.
Et l'affaire Melnychuk n'est pas terminée, en fait elle commence seulement, mais déjà on peut deviner qu'il sera question aussi du niveau d'indépendance réel et donc d'impartialité d'un organisme international tel que Interpol par rapport aux pouvoirs politiques impliqués dans les chefs d'accusation pesant sur l'intéressé.
Voici l'analyse initiale du sujet signée Karine Bechet Golovko.
Erwan Castel
Source de l'article: Russie Politics
Conflit ukrainien:
Interpol va-t-il décider de protéger le bataillon punitif Aïdar?
Karine Bechet Golovko
Sur demande de la Russie à Interpol, l'ancien commandant du bataillon punitif Aïdar, financé par l'oligarque Kolomoïsky, a été interpellé à la frontière gréco-bulgare. Tout commençait très bien ... trop bien. Une véritable coopération, contre les criminels de guerre ukrainiens, avec le soutien de l'organe incarnant la réussite de la coopération policière du monde global, donc d'un monde où les criminels ne peuvent plus se cacher. Amen! Eh bien non. Finalement, Interpol réfléchit ... faut-il réellement envoyer Serguey Melnychuk en Russie, qui y a été condamné ?
Le bataillon Aïdar est l'un des bataillons punitifs formés sur les débris du Maïdan, ayant activement participé à la terreur dans le pays pour asseoir le coup d'Etat et ayant mené la guerre dans l'Est du pays contre la population, qui avait osé relever la tête. Serguey Melnychuk en fut le commandant et accusé par le tribunal de la région de Rostov d'avoir, avec Savchenko, délibérément fait tirer sur des civils avec l'intention de les tuer. Par ailleurs, il a été accusé d'avoir organisé le meurtre des journalistes russes du groupe public VGTRK Igor Korneliuk et Anton Volochine dans le Donbass alors qu'ils étaient en reportage.
La Russie s'était adressée à Interpol, afin qu'il soit entré dans la base de données des personnes à interpeller. Tel fut le cas, lorsqu'il a passé avec sa famille, la frontière grecque, où il fut interpellé. A ce stade, l'on ne peut que s'émerveiller de l'efficacité de la coopération internationale policière, manifestement au-dessus des contingences politiques - et géopolitiques.
L'illusion n'aura pas duré longtemps. Melnychuk a demandé l'intervention de son ambassade, Interpol a contacté les officiels ukrainiens ... et finalement va vérifier qu'il n'y a pas eu abus de la part de la Russie dans le recours qu'elle a fait à Interpol contre le commandant du bataillon punitif Aïdar. Toutefois, il faut en attendre la confirmation, car l'information vient de ... Avakov, le ministre ukrainien de l'Intérieur :
- "The General Secretariat of Interpol International Criminal Police Organization has taken a decision to review Russia's request to put on wanted list and detain in Greece ex-commander of Aidar battalion and Verkhovna Rada MP of the eighth convocation Serhiy Melnychuk, reads a statement from Interior Minister of Ukraine Arsen Avakov."
Selon les déclarations toutes en nuances de l'intéressé, ils ont fait la guerre "pour protéger l'Europe de la peste russe", rien moins que ça. L'essentiel est qu'Interpol ne l'oublie pas ... au moment de prendre la "bonne" décision et de participer au grand mouvement de protection du monde contre la fameuse "agression russe".
Pour l'instant, Interpol se refuse à tout commentaire. La suite va être intéressante : Interpol va-t-il décider de protéger des criminels de guerre, parce qu'ils sont ukrainiens et que la Russie veut les juger ? Ou bien l'organisation va-t-elle réussir à résister à l'instrumentalisation géopolitique qu'il est tenté d'en faire ? L'enjeu est simple : la reconnaissance de l'existence de crimes de guerre commis dans le Donbass par les Ukrainiens eux-mêmes contre leur propre population et ceux qui voulaient en parler.
Karine Bechet Golovko