La menace des drones


Dans l'évolution des techniques de combat modernes nous observons depuis une trentaine d'année une recrudescence de l'emploi de drone d'observation, mais aussi d'attaque et l'expérience récente apportée par la récente offensive turque en Syrie nous montre que ces "UAV" ne sont pas seulement des moyens aériens d'appui mais peuvent constituer une force de frappe majeure dans une opération offensive.

Les drones se révèlent effectivement des armes idéales du champ de bataille moderne : 
  • Drone d'observation pour repérer grâce aux optiques modernes précises et à longue portée (infrarouge, thermique...) des postions ennemies même les plus camouflées ou enterrées. 
  • Drone d'artillerie qui observe et localise les tirs pour réaliser en temps réel leurs corrections vers les cibles visées.
  • Drone de commandement qui coordonne les déploiements et mouvement des unités et peut relayer et partager leurs transmissions renseignement et images.
  • Drone stratégique,qui fouille avec minutie la profondeur d'un dispositif ennemi sur plus de 200 km, afin de repérer les convois et bases logistiques, l'activité des aérodromes ou des systèmes d'armes longue portée.
  • Drone d'attaque, qui détruit des objectifs prioritaires par des tirs précis et rapides de missiles adaptés à la nature de la cible 
Pour ces différentes missions et différents échelons d'emploi tactiques et stratégiques des drones, les industries de l'armement ont développé une multitude de ces "avions sans pilote", depuis le petit quadracoptère volant à faible altitude et rayon d'action et ne coûtant que quelques centaines de dollars au gros drone stratégique bourré d'électronique high tech capable de réaliser des missions à grande altitude et rayon d'action mais coûtant une fortune (Global Hawk US : 220 millions de dollars + 24000 dollars par heure de vol).

Malgré la vulnérabilité des uns ou leur coût élevé des autres, les drones sont devenus un atout majeur du champ de bataille moderne :
  • Rapidité de mise en oeuvre, 
  • Logistique faible et mobile
  • Formation des pilotes au sol rapide 
  • Furtivité du vol d'approche
  • Précision des observations ou des tirs...
La famille des drones qui nous intéresse ici est celle des drones d'attaque qui depuis leurs premières utilisation par les services étasuniens en Afghanistan pour effectuer des "exécutions ciblées", se sont diversifiés et se répandent sur tous les théâtres d'opérations militaires .

Maison d'habitation détruite à Yasinovataya le 4 septembre 2019 par un drone de l'armée ukrainienne modifié pour larguer des munitions explosives.

Dans le Donbass, et malgré l'interdiction de leur emploi par l'article 7 du protocole des accords de Minsk qui définit une zone d'exclusion aérienne de 30 km de part et d'autre de la ligne de front, les drones sont utilisés par les belligérants pour compléter leurs missions d'observation figées dans les 460 kilomètres de tranchées.

Cependant depuis plus de 4 ans un emploi plus offensif des drones par les forces armées ukrainiennes. Tout d'abord l'emploi des drones d'observation pour désigner des cibles à l'artillerie ukrainienne et aussi corriger ses tirs pour plus d'efficacité. 

Puis est venu le temps du bricolage, où les "ukrops" ont accroché des grenades à main sous leurs drones dont les attaches connectées à la radio-commande permettent de bombarder des objectifs, casemates, tranchées mais aussi voitures et habitats civils. 

Et rapidement les grenades à fusil ont remplacé les grenades à main et jusqu'à des obus de mortier pour les drones d'observation les plus puissants.

Sur cette vidéo ukrainienne on peut voir un drone d'observation 
bricolé larguer un obus de mortier sur une positon républicaine

Plutôt que de mettre un frein à ces bombardements improvisés qui sont des violations graves des accords de Minsk, le commandement ukrainien va laisser la pratique et les techniques se développer sur l'ensemble du front. Plus tard, fin 2018 Kiev va signer avec Ankara un contrat d'armement pour la livraison en 2019 à son armée de 2 complexes tactiques (véhicules de commandement, de transport, de logistique, de munitions) de 3 drones d'attaque turcs Bayraktar TB2 chacun.

Depuis 1 an, ces 6 drones d'attaque turcs de l'arsenal ukrainien n'ont pas quitté leurs hangars et terrain d'entrainement à l'Ouest de Kiev, vraisemblablement pour le temps nécessaire à former des instructeurs qui à leur tour forment les premiers équipages servant ses "avions sans pilote".

Mais l'offensive turque en Syrie qui utilise une flotte importante de ce même type de drones d'attaque, va réveiller le programme ukrainien et les fantasmes ukropithèques de bombarder fortement les "l'armée russe et les séparatistes du Donbass". Depuis les succès initiaux des drones turcs en Syrie, nombre de politiciens et officiers ukrainiens demandent à déployer  enfin les drones d'attaque Bayraktar TB2 sur le front du Donbass.

Et le reportage réalisé par le correspondant de guerre ukrainien Andrei Tsaplienko, qui prétend que des "drones de choc" pourraient inverser le cours de la guerre, confirme cette volonté de prolonger la guerre dans le Donbass via ces "avions sans pilotes" dont les capacités permettraient de frapper des objectifs avec plus d'efficacité mais aussi de réaliser des missions de bombardement à l'arrière du front républicain.

Reportage ukrainien sur les violations réalisées par les forces
de Kiev dans le Donbass, via les bombardements par drones.

Dans cette vidéo, où on voit pèle mêle les drones bricolés (1'20") et ceux livrés par la Turquie d'Erdogan (1'40") on peut observer dans les séquences sélectionnées le bombardement ukrainien d'une zone résidentielle civile (3'28"), c'est dire que pour ces ukropithèques, fidèles auxiliaires de l'Oncle Sam, les violations d'accords internationaux jusqu’aux crimes de guerre ne dérangent pas les consciences, mais sont même source de fierté !



Menace pour le Donbass !

Sans pour autant "inverser le cours de la guerre" comme le prétend le propagandiste ukrainien, force est de constater que l'emploi de drones d'attaque du type de ces "Bayraktar TB2" turcs qui sont maintenant opérationnels en Ukraine, constitueraient une menace sérieuses pour les défenseurs mais aussi les populations du Donbass.

En effet, ces drones de choc, contrairement aux petits drones repérables travaillant à basse altitude poseraient un problème sérieux pour la défense anti-aérienne républicaine car ces drones "Bayraktar TB2" ont, entre autres caractéristiques : 
  1. Le profil, les matériaux composant ces drones, la propulsion etc...les rendent très furtifs avec une signature radar qui peut -être confondue avec des oiseau.
  2. Quand bien même, l'altitude de travail qui peu-être entre 6500 et 7000 m (avec réservoir à 80%) le drone sera hors d'atteinte de la majorité des systèmes de défense antiaériens républicains qui avec les missiles portatifs "Igla" ou les complexes "Strela 10M et "Osa AK" ne couvrent qu'une espace  entre 2000 et 5000 mètres.
  3. Ensuite les munitions MAM-l («Smart Micro Munition") de petite taille, larguée dans un tube composite d'un diamètre de 16 cm et d'une longueur de 1 m sont difficilement détectables par les vieux radars en service dans le Donbass républicain du fait de sa faible surface d'écho (environ 0,005 m2.).
Même pour les Pantsir S-1, ces systèmes d'armes antiaériens russes ultra modernes déployés en Syrie, des modifications des radars sont en cours, suite aux attaques de ces drones turcs.

Des opérations offensives ukrainiennes avec ces drones d'attaque provoqueraient selon moi au minimum: un même enchaînement militaro-politique que celui vécu en Syrie: surprise initiale, riposte militaire exemplaire et intervention diplomatique de la Russie, suivi déploiement d'un maillage défensif anti aérien adapté et modernisé sur tout le front du Donbass.

Erwan Castel

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