Le journée des anges
La journée internationale de l'enfance, instituée en 1950 mais dont l'idée remonte à 1925 (lors de la conférence mondiale de Genève), revêt dans le Donbass en guerre une dimension émotionnelle particulière pour une population dont l'enfant est placé par tous au coeur des familles, des traditions, des projets et de la société.
Les enfants tués lors des conflits incarnent certainement le mieux, par la hauteur de leur innocence, le drame de la guerre moderne dont les destructions meurtrières, en dépassant les confinements des champs de bataille militaires, ont retrouvé la sauvagerie aveugle et illimitée des déferlements génocidaires des barbares, croisés, conquistadors et autres soudards assoiffés de sang, d'or et de terreur...
En effet, lorsque la folie ukrainienne s'abat sur le Donbass pour punir sa population d'avoir oser refuser le coup d'Etat occidental sur le Maïdan et l'ostracisation de son identité russe, les forces armées de Kiev vont frapper avec une haine et aveuglement inouïs les territoires des républiques séparatistes de Donetsk et Lugansk, fauchant de leur acier des miliciens mais aussi des civils par milliers dont cette jeunesse qui incarne plus que tout l'innocence qu'on assassine.
Plus de 100 enfants vont périr sous les tirs ukrainiens, des milliers vont être blessés, dont certains très grièvement, des dizaines de milliers sont traumatisés par les disparus, les destructions et ces orages d'acier qui, malgré des accords de paix signés à Minsk en 2015, n'ont jamais cessé une seule journée.
Depuis que Kiev a lancé son assaut contre le Donbass en 2014, lequel a fait plus de 20 000 morts ("officiellement" 13 000), 120 enfants ont été tués et plus 320 autres ont été blessés (DNR - 85 morts 233 blessés. LC - 34 morts 77 blessés).
Rien que pour ce mois de mai 2020 qui vient de s'achever, parmi les 20 victimes civiles, 6 enfants ont été encore blessés par des tirs ukrainiens :
- 2 mai, 1 fillette de 7 ans, blessée par un bombardement au mortier du village de Zolotoye 5 en République Populaire de Lugansk.
- 4 mai, 3 fillette de 7, 7 et 10 ans blessés dans le mitraillage du village d'Aleksandrovka au Sud de Donetsk..
- Le 7 mai, 2 enfants âges de 14 ans et 3 adultes ont été blessés par des tirs de grenades automatiques ukrainiennes dans le village de Sahanka au Sud de la RPD.
Comme chaque année depuis 2017, les familles de Donetsk se sont rassemblées au coeur de leur cité dans ce magnifique parc Sherbakova où, depuis l'immense passerelle enjambant l'étendue d'eau, des milliers de lanternes chinoises se sont envolées rejoindre parmi les étoiles les âmes des enfants assassinés dans le Donbass mais aussi partout dans le Monde et qu'ici personne n'oublie.
Et ce lâcher d'étoiles ne fut pas le seul, et dans les quartiers et villages bordant le front, d'autres lumières ont rejoint le ciel d'été. Ailleurs, dans de nombreuses villes et régions d'une Russie plus que jamais solidaire du Donbass, comme Moscou, Astrakhan, Belgorod, Bryansk, Voronezh, Nizhny Novgorod, Smolensk, Tula, Ulyanovsk, Saint Petersbourg, Oryol, Kursk, Krasnodar, Khanty-Mansi, Karachay-Cherkess, Crimée, Kamchatka etc... des dizaines de milliers de ballons blancs ont été envoyés dans le ciel ou des bougies symboliques et des jouets pour enfants posés sur les rebords des fenêtres.
Quelques instants plus tard, d'autres feux s'élançaient vers le ciel, ceux des balles traçantes ukrainiennes cherchant à abattre ces lanternes chinoises qu'un vent justicier portait vers le front pour réveiller leur honte. D'un côté, le recueillement et le souvenir d'un acte d'amour populaire et de l'autre l'hystérie et le débilisme d'une haine idéologique meurtrière... finalement un résumé symbolique des plus justes de cette guerre qui martyrise le Donbass depuis bientôt 7 ans...
Cette année, toujours cloué dans mon lit par ma blessure, je n'ai pu me déplacer vers le parc de Sherbakova où se déroule cette "soirée des anges"... mais le coeur y était...
Erwan Castel
"Je veux vivre"