L'Ukraine devient partenaire renforcé de l'OTAN
En 2014, l'Ukraine est tombée dans ce même piège occidental rodé depuis des décennies depuis la Turquie jusqu'aux Balkans, en passant par les pays baltes et qui consiste à faire miroiter une "european way of life" socio-économique pour faire signer aux pays visés leur intégration dans l'OTAN, qui est l'objectif principal de cette stratégie de préemption des pays entourant la Fédération de Russie, notamment les anciennes républiques socialistes soviétiques qui offraient comme le glacis devant les remparts, une profondeur stratégique pour Moscou.
Lorsque le Maïdan réussit son coup d'Etat en février 2014, les perspectives d'intégration de l'Ukraine dans l'Union Européenne qui avaient officiellement motivé cette "révolution de la dignité" sont rapidement repoussées aux calendes grecques (tout en enfermant Kiev dans la servitude de la dette financière via les aides du FMI, de l'UE etc...).
En revanche, le processus d'intégration dans l'OTAN est bel est bien engagé, transformant progressivement l'Ukraine en colonie militaire étasunienne via entre autres:
- La participation accrue de ses forces aux exercices de l'Alliance, de plus en plus présents sur son territoire
- Leur normalisation OTAN des armées ukrainiennes via des centaines d'instructeurs étasuniens, canadiens, britanniques,
- L'installation de bases logistiques terrestres et maritimes aux normes de l'OTAN et financées par elles,
- La modernisation des armées ukrainiennes avec des équipements occidentaux, puis de l'armement,
- La mise à disposition de ressources de renseignement stratégique de l'OTAN sur le front du Donbass,
- etc...
Dans cet objectif d'OTANisation de l'Ukraine, Moscou a dès 2014, averti les occidentaux que l'intégration de Kiev au sein de l'alliance, autrement dit l'installation de nouvelles bases étasuniennes à ses frontières était la ligne rouge à ne pas franchir. Et pour signifier sa volonté, la Russie n'a pas hésité à répondre favorablement à la demande de la Crimée où est basée sa flotte de la Mer Noire, de se séparer de l'Ukraine et de revenir au sein de la Russie après 60 années d'une absence décidée arbitrairement par Kroutchev.
L'Ukraine qui, depuis 2014, est systématiquement invitée aux activités européennes de l'OTAN (partenariat qui avait commencé en 1994) était devenu officiellement candidat à son intégration dans l'alliance en 2017.
L'aide de l'OTAN à l'armée ukrainienne en guerre contre les populations du Donbass continue et se renforce comme le montre l'arrivée à Lvov, ce 14 juin, de 90 instructeurs canadiens qui rejoindront après leur quarantaine sanitaire (14 jours) la soixante déjà déployés dans les centres d'instruction militaires.
Deuxième partie de la 9e rotation Le Groupe opérationnel uni - Ukraine (OOG-V) ; 90 instructeurs canadiens appartenant pour la plupart au 1er régiment d'artillerie royale équestre. |
L'aide de l'OTAN à l'armée ukrainienne en guerre contre les populations du Donbass continue et se renforce comme le montre l'arrivée à Lvov, ce 14 juin, de 90 instructeurs canadiens qui rejoindront après leur quarantaine sanitaire (14 jours) la soixante déjà déployés dans les centres d'instruction militaires.
Ce 12 juin 2020, sur décision du Conseil de l'Atlantique Nord, l'Ukraine est désormais un auxiliaire officiel de l'OTAN grâce au statut renforcé de "partenaire « nouvelles opportunités »", qu'elle partage avec l’Australie, la Finlande, la Géorgie, la Jordanie et la Suède. Un grand pas de plus vers son intégration dans l'alliance qui n'a plus d'atlantique que le nom et dont la vocation défensive initiale s'est muté en "expan -sionisme" agressif depuis la chute de l'URSS.
Voyons tout d'abord le galimatias des communiqués officiels:
- "En tant que partenaire de l'OTAN, l’Ukraine fournit des troupes pour les opérations de l’Alliance, notamment celles menées en Afghanistan et au Kosovo, ainsi que pour la Force de réaction de l'OTAN et pour les exercices de l'OTAN. Les Alliés apprécient vivement ces importantes contributions, qui témoignent de l’attachement de l’Ukraine à la sécurité euro-atlantique.
- En tant que partenaire « nouvelles opportunités », l’Ukraine se verra offrir des opportunités ciblées visant à pérenniser ces contributions. Ces opportunités sont notamment un accès élargi aux programmes et exercices d’interopérabilité, ainsi que le partage d'informations, notamment sur les enseignements tirés."
- Chaque partenaire entretient une relation individuelle avec l’OTAN basée sur des secteurs d’intérêts communs. L’Ukraine a demandé à l’OTAN de participer au programme de renforcement des capacités le 1er novembre 2019. Début mai 2020, le vice-Premier ministre pour l’intégration européenne et euro-atlantique de l’Ukraine, Vadym Prystaiko, a déclaré que l’Ukraine était prête à rejoindre le programme.
Petit détail: 2 jours avant Kiev un prêt de 5 milliards de dollars lui a été accordé par le FMI dont une première tranche de 2,1 milliards de dollars vient d'être perçue ce 12 juin au prétexte fallacieux de "surmonter les conséquences de la pandémie de COVID-19". On voit bien ici encore l'interdépendance entre l'aliénation des aides occidentales et l'engagement de l'Ukraine dans l'OTAN.
Sur le terrain du front du Donbass, la situation reste inchangée et même s'aggrave dans certains secteurs, malgré des communiqués politiques qui tentent de ne pas jeter de l'huile sur le feu des combats et des bombardements.
Malgré les ripostes des milices systématisées depuis 1 mois par les autorités républicaines confrontées à une augmentation dramatique des victimes civiles, les forces ukrainiennes continuent leurs actions offensives sur le front, tant sur les lignes de défense que les zones civiles provoquant de nouvelles victimes dans leurs violations quotidiennes du cessez le feu.
Malgré les ripostes des milices systématisées depuis 1 mois par les autorités républicaines confrontées à une augmentation dramatique des victimes civiles, les forces ukrainiennes continuent leurs actions offensives sur le front, tant sur les lignes de défense que les zones civiles provoquant de nouvelles victimes dans leurs violations quotidiennes du cessez le feu.
Ainsi, aujourd'hui 16 juin, un résident de Berezovsky (secteur Kirovsk en République de Lugansk) a été blessé lors du bombardement ukrainien de son village.
Mais c'est surtout sur le front militaire que la situation est tendue, du fait que les positions défensives républicaines subissent désormais des bombardements de plus n plus précis et meurtriers.
Depuis le début du mois de juin, pas moins de 17 miliciens ont été tués en défendant leurs positions, sans compter ceux, plus nombreux qui y ont été blessés.
Pour exemple de cette situation militaire tendue, la ligne de défense Nord du secteur de Debalsevo (au Nord de la RPD) qui a subi d'importantes attaques de l'artillerie ukrainienne entre le 12 et le 15 juin, au cours desquelles 3 positions républicaines situées près de Sandzharovka ("220", Kikimora" et "Dome") ont été détruites entraînant la mort de 7 défenseurs appartenant au 1er bataillon "slave" de la 7ème brigade républicaine:
- 1. Chef de section Aleksey Ponomarev
- 2. Chef de groupe Alexey Sklyarenko;
- 3. Chef de groupe Alexander Astakhov;
- 4. Soldat Evgeny Kukushkin;
- 5. Soldat Sergei Tolkov;
- 6. Soldat Roman Dovzhenko;
- 7. Soldat Evgeny N (nom de famille non encore connu)
Vidéo de la 24ème Brigade ukrainienne montrant la destruction
d'une position républicaine touchée par des tirs ukrainiens le 12
juin et que l'explosion des munitions incendiées va achever.
Dans leurs rapports quotidiens les observateurs de l'OSCE confirment les bombardements opérés par les ukrainiens, comme ici le 15 juin. |
Il est à craindre que suite à la destruction de ces positions les forces ukrainiennes en profitent pour avancer de quelques centaines de mètres voire 1 ou 2 kilomètres en direction de Debalsevo (à moins de 10 kilomètres) appliquant la stratégie des "sauts de crapauds" mise en place sur tout le front depuis 4 ans.
Ailleurs ce n'est pas mieux, des positions républicaines ont été prises pour cible par d'autres tirs de l'artillerie ukrainienne ou de leurs missiles antichar, comme ici sur le front de Marinka dans l'Ouest de Donetsk :
Ailleurs ce n'est pas mieux, des positions républicaines ont été prises pour cible par d'autres tirs de l'artillerie ukrainienne ou de leurs missiles antichar, comme ici sur le front de Marinka dans l'Ouest de Donetsk :
Localisation du tir du missile antichar ukrainien. Sur le front de Marinka a proximité du village de Trudovsky |
Pour conclure cet article triste, et en reliant ses 2 sujets je rapporterai les commentaires élogieux et encourageant de l'OTAN, qui vient de saluer l'armée de l'air ukrainienne, dont il est important de rappeler que ses seuls "faits d'armes" sont les bombardements des populations civiles du Donbass (Slaviansk, Donetsk, Lugansk...) au cours desquels des centaines d'innocents dont de nombreux enfants ont été tués et blessés...
Voilà donc le ton dans lequel s'inscrit ce rapprochement progressif de l'Ukraine et de l'OTAN.Reste maintenant à attendre la réaction de Moscou qui a bien signifié qu'une intégration de l'Ukraine dans l'OTAN est inacceptable pour la sécurité de la Russie.
Erwan Castel