"Trêve" : définition ukrainienne

Enfant du Donbass vivant dans une cave près de la ligne de front

La première trêve dans la Donbass a été décrétée en septembre 2014, lors de la signature des accord internationaux de "Minsk 1" que la Russie, l'Ukraine mais aussi la France et l'Allemagne ont reconduit en février 2015 par "Minsk 2".

Mais ces accords de Minsk n'ont, de facto, jamais pu faire décoller leur processus de paix du premier de ses 13 points, celui qui impose un cessez le feu, et mise à part la réussite anecdotique de quelques échanges de prisonniers (6ème point) et les réunions de façade du groupe de contact (13ème point), force est de constater que le plan de paix est depuis 4 plus de 4 ans un mort né que l'on agite cyniquement au dessus des tranchées en feu dans l'espoir hypocrite d'un premier souffle...

En attendant les princes se réarment et se préparent au matin du grand soir !

Sur le terrain, les belligérants n'ont jamais vraiment cessé les combats qu'excitent une poursuite quasi quotidienne des bombardements ukrainiens. Et le cessez le feu de Minsk est rappelé en vain par la ronde des trêves saisonnières (Printemps, Pâques, Pain, Ecole, Noël) aussitôt couchées sur les papiers diplomatiques, aussitôt violées dans les quartiers et tranchées des 300 kilomètres du front où survivent encore dans leurs caves et la peur des milliers de familles.

Récemment les autorités de la République Populaire de Lugansk, dont les informations sont moins visibles à Donetsk et je le regrette, ont comptabiliser plus de 10 000 obus ukrainiens tirés depuis l'application de la première "trêve" de Minsk !

Voici une courte vidéo de 2 minutes illustrant 
la définition ukrainienne du mot "Trêve... 
Et en République Populaire de Donetsk c'est pire !

Je pense pour ma part que l'immense faiblesse de ces accords de Minsk, aujourd'hui complètement désaccordés, est de n'avoir pas doter les signataires garants de leur application de moyens coercitifs forçant les belligérants à respecter ce cessez le feu. Et pourtant quoi de plus facile lorsqu'on sait que l'Ukraine par exemple a une économie sous perfusion occidentale !

Partant de là les instances internationales n'ont également aucun moyen de faire respecter la "zone grise", cet espace démilitarisé que les forces de Kiev envahissent bonds après bond jusqu'à imposer avec les milices républicaines des zones de contact où le cessez le feu est impossible. Un cercle vicieux qui envenime la situation militaire et amplifie les pertes de jour en jour.

Et ceci n'est pas le résultat d'erreurs ou de négligences diplomatiques, mais bien celui d'une volonté occidentale de gagner du temps tout en pourrissant la situation pour ne jamais donner une chance à la proposition diplomatique initiée par Moscou et entretenir ainsi un front larvé sur le flanc russe et un prétexte pour avancer l'OTAN en Ukraine et Mer Noire.

Demain de nouvelles cartes risquent d’apparaître dans le jeu du prochain gouvernement ukrainien mais, au vu des déclarations des principaux candidats ainsi que des déclarations internationales persistant dans les sanctions anti-russes et refusant le choix du peuple de Crimée, le chemin vers la paix n'est pas prêt d'être ouvert et déminé, et je crains que seule une solution militaire radicale permette de mettre fin à ce conflit meurtrier, mais au prix d'une nouvelle saignée monstrueuse.

Erwan Castel

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