Photos du 21 mars
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Dans le Donbass, nombreux sont les jouets déposés au pied de cénotaphes et sur les tombes de jeunes blés fauchés trop tôt par la guerre. Et dans chaque district des orphelinats témoignent aussi de la souffrance morale et psychologique, moins médiatisées que les disparitions et blessures physiques mais tout aussi traumatisante pour ce peuple bombardée depuis 5 ans par les forces ukrainiennes.
Silencieusement les enfants témoignent avec leurs crayons de couleur et leurs coeurs meurtris de cette folie qui un jour de 2014 s'est abattue sur leurs maisons, écoles et jardins d'enfant créant des champs de ruines et des forêts d'absences autour d'eux.
Pour l'avoir vécu chez moi à Oktyabrsky, j'ai vu des enfants labourer nerveusement pendant des mois des feuilles avec des crayons noirs, avant de pouvoir dessiner à nouveau avec de la couleur. Mais toujours dans les premiers dessins explicites apparaissent presque toujours l'ombre de la guerre, toits éventrés, larmes et feu comme des cris impuissants lancés vers le ciel.
Jeudi 21 mars 2019
Au cours d'une mission dans Donetsk, en renfort à la sécurité d'un bâtiment militaire, je découvre accrochés à un mur encore des dessins d'enfants du Donbass.
Et chacun d'eux de résumer le drame de la guerre en général à travers l'effroi vécu ici par ces innocents, depuis 5 ans de bombardements ukrainiens.
Voir ces dessins d'innocents sur les murs d'une caserne n'est pas incongru, bien au contraire, il rappellent chaque jour aux soldats en armes qui passent devant eux pourquoi et pour qui ils se battent sur le front. Ils témoignent du sens sacré de l'engagement.
1: "Les enfants veulent la Paix"
2: "Non à la guerre"
3: "Guerre et Paix"
4: "Non à la guerre"
Dans la langue et donc dans l'âme russe, "мир" (Mir) désigne à la fois la Paix et le Monde.
Une homonymie et des dessins qui se passent de commentaire...
Erwan Castel
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