Kenavo Yann Fanch !



Mes amis bretons m'ont transmis au milieu de la nuit la triste nouvelle : Yann Fanch, que je savaismalade, s'en est allé vers d'autres horizons. Plus qu'une voix de Bretagne exceptionnelle, c'est un homme bon et généreux qui nous a quitté après avoir consacré toute sa vie à son héritage chanté qu'il a recueilli et transmis avec passion et excellence.


Dimanche 17 mars 2019

Ce combattant infatigable des traditions de son pays et de la Tradition de son âme celte est décédé à Trémeven en Finitère ce samedi 16 mars. Beaucoup pleureront sa disparition comme celle d'une grande voix de la chanson traditionnelle bretonne, mais je peux témoigner que sa qualité artistique qui était pourtant hors norme et saluée unanimement par tous les critiques, ses pairs et le public n’était rien à côté de sa grandeur d'âme et de son humanisme naturel.


Depuis des années que je porte mon sac à dos breton vers des horizons de sable, de rizières, de palmes ou de steppes, et je suis de plus en plus convaincu au fil des rencontres, des paysages et des combats que les traditions humaines ne sont que les feuillages d'une grande Tradition primordiale qui en est les racines. Autant je hais l'universalisme de la pensée unique autant j'aime l'universel de la diversité humaine.

Dans les années 90, j'ai eu la chance de rencontrer souvent Yann Fanch Kemener lors de spectacles, de réunions, de festivals, de festou noz en Centre Bretagne et à Quimper cette ville de légendes où l'esprit sculpte le granit breton. Là, à l'ombre du mur du roi Gradlon et de la cathédrale de Saint Guenolé où il n'oubliait jamais de déposer du pain pour les pauvres au pied du "Santik Du" le barde breton vivait alors et travaillait pour son pays breton. 

Je garde le souvenir d'un homme sensible, intelligent et humble, l'âme portée par sa foi, le chant et l'amour de son pays et ses traditions. 

Lorsque Yann Fanch chantait, tout le monde écoutait même les non bretonnants car le miel et l'harmonie de sa voix envoûtaient et ses chants à danser effaçaient dans des rythmes éternels la fatigue de la journée et les soucis de la vie.

Les chansons de son répertoire sont celles d'un peuple de paysans, de marins, de bardes qui depuis des siècles "lèvent" des poèmes chantés comme un grain moissonné qui se lève au printemps de la mémoire d'un peuple chantant, pleurant et dansant son Histoire au creux de son âme collective.

Aujourd'hui la Bretagne est en deuil mais garde le sourire car Yann Fanch restera vivant dans les coeurs des bretons comme leur identité pour laquelle il a consacré sa vie et à laquelle son nom est aujourd'hui indissociablement lié.

Erwan Castel

Voici un documentaire ou Yann Fanch raconte sa vie, 
son amour de la Bretagne et de ses chants traditionnels.
Un voyage au coeur de l'âme bretonne...

"Fanchig bihan", interprété par le groupe de YFK : "Barzaz"

La gwerz (complainte) est la pierre angulaire du répertoire de Yann Fanch Kemener
Ce répertoire qui compte parmi les plus anciennes chansons connues en Bretagne et en Europe est toujours vivant et donne lieu à des créations régulières rapportant des faits historiques et dramatiques qui marquent les opinions et les consciences.
Ici "Marv eo ma mestrez" chante le désespoir d'un homme revenant de la guerre et qui apprend que sa fiancée est morte



Et pour finir sur une danse incantatoire (de son pays "Fanch" bien sûr)
voici "Mélanie" un kan ha diskan célèbre du Centre Bretagne

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