Photo du 26 mars
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Hier soir, je regardais se confondre dans une vitre les éclats du soleil et ceux de la guerre dans ce nouveau printemps qui recommence dans le Donbass à éclairer un nouveau cycle d'incertitudes et de violences mais aussi à réchauffer les espérances d'une population qui depuis 5 ans vit le destin tragique d'un peuple coincé entre un bélier atlantiste fou et des murailles russes verrouillées.
Et malgré les discours populistes et optimistes que l'on entend ici et là, comme récemment du Président Pushilin ou de la députée russe Plokonskaya de passage à Donetsk martelant que le Donbass tout comme la Crimée en 2014 redeviendra une terre russe à part entière, force est de constater que cet avenir radieux n'est pas pour demain et que le chemin risque d'être long et douloureux pour que soit achevée la réhabilitation historique de ce peuple russe qui en 1918 a été jeté dans une Ukraine, certes soviétique, mais qui aujourd'hui non seulement n'existe plus mais lui a même déclaré la guerre depuis 5 ans.
Soldats du front, nous sommes loin de ces discours de politiciens et encore plus de ceux de leurs chiens de garde dont les propagandes veulent "être plus royalistes que le roi".
En tant que gibier, nous sommes attentifs aux fumées s'échappant des casemates ennemies, au bruit des moteurs que les équipages de blindés invisibles allument dans la nuit pour se réchauffer, à la boue de nos tranchées qui cache peut-être un piégeage nocturne, aux détonations et sifflements qui déchirent l'air au dessus de nos casques.
En tant que gibier, nous n'aimons pas quand nous interpelle le silence des autres...
En tant que chasseur, chacune de ces empreintes visuelles ou sonores devient également un indice qui nous conduit vers la nature et les intentions de l'ennemi dont nous anéantissons les secrets ces garants de l'effet de surprise victorieux, et parfois aussi les imprudents et téméraires qui oublient que le soldats n'est pas invisible ni immortel.
En tant que chasseur, nous aimons nous dissimuler dans le silence des nôtres...
La semaine passée de cette cynique "trêve de Printemps", 10 de nos miliciens minimum ont encore été tués par des tirs ukrainiens, fauchés par des obus d'artillerie, des missiles antichars ou des balles de snipers. 10 "200" comme il est dit dans le jargon militaire russe ("300" désignant les blessés). Et à chaque revue de presse que j'effectue sur les réseaux de l'internet je découvre chaque jour avec tristesse de nouveaux noms et visages de ces femmes et ces hommes héroïques qui sont doublement sacrifiés sur le front militaire et dans le silence des médias.
Notre bataillon, qui poursuit sa métamorphose au sein des forces spéciales du Ministère de l'Intérieur, par des entraînements, de nouveaux équipements, ne nous laisse pas le temps de souffler surtout que de nouvelles missions et positions à défendre supplémentaires viennent de nous être attribuées dans la tradition de la Brigade Piatnashka, toujours aux avants postes de la ligne de défense de la République.
Le soleil s'est maintenant enfui dans les plis de l'horizon découpé par les ombres des terrils et des mines de charbon, mais ses derniers rayons de lumière restent accrochés à cette fenêtre brisée comme reste accrochée dans les coeurs des femmes et des hommes du Donbass la promesse de retour d'un autre type de "Printemps russe", plus chaud et joyeux que le plus beau des étés....
La semaine passée de cette cynique "trêve de Printemps", 10 de nos miliciens minimum ont encore été tués par des tirs ukrainiens, fauchés par des obus d'artillerie, des missiles antichars ou des balles de snipers. 10 "200" comme il est dit dans le jargon militaire russe ("300" désignant les blessés). Et à chaque revue de presse que j'effectue sur les réseaux de l'internet je découvre chaque jour avec tristesse de nouveaux noms et visages de ces femmes et ces hommes héroïques qui sont doublement sacrifiés sur le front militaire et dans le silence des médias.
Notre bataillon, qui poursuit sa métamorphose au sein des forces spéciales du Ministère de l'Intérieur, par des entraînements, de nouveaux équipements, ne nous laisse pas le temps de souffler surtout que de nouvelles missions et positions à défendre supplémentaires viennent de nous être attribuées dans la tradition de la Brigade Piatnashka, toujours aux avants postes de la ligne de défense de la République.
Le soleil s'est maintenant enfui dans les plis de l'horizon découpé par les ombres des terrils et des mines de charbon, mais ses derniers rayons de lumière restent accrochés à cette fenêtre brisée comme reste accrochée dans les coeurs des femmes et des hommes du Donbass la promesse de retour d'un autre type de "Printemps russe", plus chaud et joyeux que le plus beau des étés....
Erwan Castel
Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du front