La vie continue !
Pour changer un peu des nouvelles de la guerre...
Hier 10 mars, dans les communautés du Donbass, comme dans celles du monde slave, les populations ont célébré la fin de Maslenitsa, le mardi gras russe qui précède le grand carême orthodoxe. Sur les places des districts et des villages, dans les foyers et les écoles, les familles se sont réunies autour de la musique des danses et des traditions conservées et transmises à travers les siècles.
Maslenitsa, comme beaucoup de traditions européennes contemporaines est une fête pagano-chrétienne qui perpétue la célébration de la fin de l'hiver. Nous y trouvons tous les symboles solaires partagés par les peuples européens (crêpes, crémation d'une représentation de l'hiver etc...) célébrant chaque année à cette période le printemps de la Nature à travers les rites d'un carnaval universel.
Autour des blinis dorés, des danses et des rires, les enfants du Donbass vivant sur le front ont oublié un après midi cette guerre qui continue de gronder à l'horizon de leurs jardins. En Russie chaque jour de cette semaine festive porte sa signification culturelle symbolique témoignant de la tradition identitaire européenne : jour de la "Rencontre", jour des jeux, jour gourmand, jour des ballades, jour des parents...
Mais c'est sans conteste le dernier jour qui est le plus attendu par les personnes qui ont su conserver la conscience et mémoire de leurs origines paysannes et ce lieu sacré avec la Terre nourricière. Ce jour là c'est le jour du "Pardon" et du grand feu, celui où l'on pardonne aux amis et parents les fautes commises, celui où l'on brûle la grande Maslenistsa déshabillée, cette effigie de l'Hiver cette période où la vie en surface semblait absente.
Nul doute que à Donetsk et Lugansk, dans le feu du bûcher de la Maslenitsa, tandis que se déchainent les dernières batailles enfantines de boules de neige, les femmes et les hommes du Donbass espèrent aussi brûler cette guerre qui, depuis 5 années fait couler sur leur terre aimée tant de larmes et de sang.
Puisse les dieux entendre leurs prières...
Erwan Castel