Le chemin des morts

033


Perdre un camarade est un événement pour lequel personne n'est prêt malgré ce risque omniprésent qui rôde dans les missions de guerre. Dima, Igor, Moskva, Dietrich, Mrav, Tuman, Filin, Pauk et Andreï sans compter tous ceux des autres unités croisés un instant sur le front ou à Donetsk...


Samedi 9 décembre 2017

En début de semaine, 2 camarades sont tombés sur le front de Yasinovataya, abattus par des snipers ennemis.

Alors que nous avons pu, jeudi dernier, accompagner la dépouille mortelle de Daniel vers son dernier voyage, celle d'Andreï restait quant à elle toujours introuvable, perdue au milieu de ce champ de ruines battu par les bombardements et les tirs ukrainiens.

Le très mince espoir qu'il soit toujours en vie, fait prisonnier par l'ennemi vient de s'évanouir définitivement ce samedi soir avec la découverte de son corps glacé au milieu du chaos des maisons détruites.

Le chemin des morts va donc à nouveau s'ouvrir pour cet homme qui, répondant à l'appel de son cœur en 2014, avait quitté sa lointaine Sibérie pour les rives de la Mer Noire.

Je me souviens de ces premières journées partagées sur cette ligne de front mortelle de Yasinovataya, lorsqu'il m'évoquait dans une nostalgie et fierté mélangées les ours blancs ou les températures glaciales extrêmes de son pays natal...

Ce soir, pour ce frère d'armes tombé trop tôt au champ d'honneur, les échos d'un chant funèbre, également venu du Nord, résonnent dans mon cœur.

"Que le souvenir des morts soit la force des vivants"

Erwan Castel



(Traduction du chant "Helvegen")

"Le chemin des morts

Qui me chantera,
me lancera dans le sommeil de la mort
quand je marche sur les sentiers de Hell
et que les chemins que je parcours sont froid, si froids.

J’ai cherché les chants,
j’ai envoyé les chants
quand le plus profond des puits
m’a donné les gouttes si marquées par
le pari du Père-des-Morts.

Je le sais bien, Odin,
où tu as caché ton œil.

Qui me chantera,
me lancera dans le sommeil de mort
quand je marche sur les sentiers de Hell
et que les chemins que je parcours sont froids, si froids.

Tôt, à la fin des jours
et les corbeaux savent si je tomberai.

Quand tu es aux portes de Hel
que tu dois pleurer à satiété,
je te suivrai 
avec mon chant, au-delà du Pont-Hurlant.

Tu seras libéré des liens qui t’enchaînent !
Tu es libéré des liens qui t’ont enchaîné !

"Le bétail et la richesse meurent
les parents meurent,
de même, nous mourons nous-mêmes,
mais la réputation
jamais ne meurt
celle qu’il obtient d’avoir été bon honnête et juste

Le bétail et la richesse meurent
les parents meurent,
de même, nous mourons nous-mêmes,
et j’en sais un 
qui meurt encore moins :
c’est le jugement porté sur chaque mort."

Posts les plus consultés de ce blog

Attentats à Lugansk !

Volontaire français sur le front

L' UR 83P "Urki" au combat