Depuis 2013 Erwan Castel publie très régulièrement ce qui se passe au Donbass où il est arrivé début 2015. Ceci est donc une description détaillée étalée sur 9 années avec photos et vidéos à l'appui. Depuis le 24 février l'OMS est décrite avec tous les détails.
Tout est accessible via les archives.
Situation de Marioupol au 8 mars
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Quelques civils seulement (23 recensés à 13h00) et des villages périphériques comme Sartana au Nord Est de Marioupol ont pu quitter les zones bombardées vers le territoire contrôlé par les forces républicaines de la République Populaire de Donetsk, mais à 16h00 aucune information signalait une évacuation depuis la ville portuaire elle-même, soumise aux radicaux nationalistes qui refusent toujours toute évacuation des civils de leurs postions défensives.
La situation à Marioupol devient plus tendue chaque jour tant sur le plan humanitaire pour les quelques 400 000 civils pris en otage dans la cité assiégée que sur le plan militaire avec des combats au sol qui ont commencé sur ses faubourgs Est.
1 / Les corridors humanitaires pour évacuer les civils.
Ce 8 mars 2022, les autorités russes et ukrainiennes vont tenter pour la quatrième fois de procéder à l'évacuation des civils de plusieurs villes assiégées: principalement Tchernigov, Soumy, Kharkov et Marioupol où les combats et bombardements s'intensifient.
Les 3 précédentes tentatives d'évacuation, n'en déplaise aux ukro-atlantistes accusant stupidement les forces russes, ont échoué du seul fait du refus inhumain des radicaux nationalistes (militaires ou politiques) de voir quitter ces boucliers humains des villes assiégées car leur présence, imbriquée à celle des soldats ukrainiens tempère sensiblement les bombardements terrestres et aériens russes qui, malgré des pertes civiles collatérales inévitables s'efforcent d'être aussi précis que possible sur leurs cibles militaires, logistiques et de commandement...
Ma petite mise au point orale au sujet des
civils bloqués dans les villes assiégées:
Dans des articles récents j'ai développé cette situation humanitaire dramatique et démontrer la prise en otage inadmissible autant que logique des populations civiles par les soldats ukrainiens encerclés (articles ici, ici et ici notamment).
Et hier, une autre preuve de cette volonté des forces ukrainiennes au combat de faire des civils des boucliers humains a été interceptée par les ressources électroniques du renseignement militaire républicain :
Conversation entre un officier ukrainien indicatif "Agathe" et son subordonné, indicatif "Hibou 1" lors de la bataille de Volnovakha au Nord de Marioupol:
SAVA 1: "près de la 4ème maison j'observe des locaux, beaucoup avec des sacs, ils veulent se barrer dans le corridor des "sépars". Tu m'entends ?"
AGAT: "quoi ? répète, putain !"
SAVA: "les civils veulent partir avec leurs sacs, Que dois t-on faire ?
AGAT: "Freine les, ramenez les dans leurs maisons et qu'ils y restent !, TANT QU'ILS SONT LA LES RUSSES NE NOUS BAISERONT PAS AVEC LEURS GRADS"
SAVA: "Agat, peut-être qu'on les emmerde ? laissez les se barrer"
AGAT: "t'es un putain de connard ? ... suivi d'autres insultes et jurons
AGAT; "tant qu'ls sont là les grads ne nous baiseront pas !!!" et autres grossièretés
AGAT: "T'as compris ?"
SAVA: "Compris, accepté."
La grande interrogation maintenant est de savoir si le gouvernement ukrainien, dont les représentants ont accepté lors de la 3e réunion de négociations du 7 mars d'organiser enfin ces corridors humanitaires ont réellement une autorité sur leurs soldats confrontés à la réalité du terrain et qui tremblent pour leur carcasses...
Si cette 4ème tentative d'évacuation des zones de combats échoue on saura que l'équipe Zelensky ne contrôle plus rien sur le terrain et que le sort de centaines de milliers de civils est entre les mains de psychopathes tel que les soudards d'Azov qui, au lieu de se battre en soldats, sont prêts à tout pour tenter de sauver leurs peaux.
2 / Les combats ont commencé aux portes de Marioupol
Lisière Est de Marioupol
Rappel:
Marioupol, 2ème plus grande ville de la République Populaire de Donetsk et principal port industriel de la mer d'Azov est encore occupée par les forces ukrainiennes, constituant avec Kharkov au Nord un de leurs principaux bastions résistant encore aux forces russes et républicaines qui, depuis le 4 mars 2022 l'ont encerclé par une jonction Est-Ouest de leurs opérations.
400 000 civils sont pris au piège au milieu de plusieurs milliers de combattants ukrainiens dont une part importante de radicaux nationalistes représentés par le régiment spécial "Azov". En dehors des tentatives d'activation des corridors humanitaires (entre 10h00 et 16h00) les bombardements et les combats se poursuivent.
Vue aérienne des lisières Est de Marioupol assiégée
L'étau autour de Marioupol se resserre chaque jour un peu plus les forces républicaines ayant forcé les forces ukrainiennes a abandonné plusieurs de leurs positions extérieures, notamment au Nord Est et Sud Est de la ville. La progression se fait très lentement à cause des positions ukrainiennes organisées et fortifiées, des mines dispersées partout dans leur périmètre et surtout de la présence de civils contraints de rester sur la zone des combats.
Contrairement aux experts militaires autoproclamés, comme cet affairiste intriguant de Moreau qui annonce dans un fantasme infantile et débile que Marioupol va tomber en 2 jours, je pense pour ma part que la libération de cette ville va minimum prendre 2 mois et sera très coûteuse pour les assaillants et les civils, car son importance régionale, ses fortifications et la présence des nationalistes d'Azov l'ont élevé au rang de symbole de la résistance ukrainienne. Ce n'est que mon humble avis issu de l'expérience du terrain donbassien et non d'un salon moscovite.
Opérations militaires républicaines du 7 mars 2022 à Marioupol
Le 7 mars, après l'annulation des corridors humanitaires par les forces ukrainiennes, les milices républicaines appuyées par les forces russes ont mené des attaques sur les défenses périphériques de la ville depuis 3 directions :
Au Sud Est du district de Livoberezhni, les milices de la RPD, avec l'appui de l'aviation russe ont attaqué les défenses de l'avenue Pobedy ("av. de la Victoire"),
Au Nord Ouest du même district de Livoberezhni, d'autres attaques républicaines sont engagées la M14, une voie d'accès principale et rapide vers la ville,
Au Nord Est dans le district de Kalmiuskyi, quartiers de Vostochny et Mirny des opérations sont en cours pour réduire le saillant ukrainien près de Stary Krim,
A l'Ouest, dans le quartier d'Osaviakhim, les forces républicaines ont réussi à prendre pied dans ce quartier (info confirmée par l'Etat Major russe).
Les infos sont très parcellaires et de plus infectées par les discours propagandistes qui pour les uns annoncent une libération de Marioupol imminente et pour les autres des défaites russo-républicaines cinglantes aux portes de la cité.
Je pense pour ma part que toutes les attaques reportées ci dessus par des flèches rouges n'ont pas connus les mêmes résultats d'une part parce qu'elles n'ont pas rencontré les mêmes résistances mais aussi certainement parce qu'elles n'avaient pas les mêmes objectifs :
Lorsqu'on regarde la carte des opérations on observe une avancée effective des forces républicaines au Nord Ouest de Marioupol et, diamétralement opposées à cette offensive, des attaques menées, à priori sans conquête territoriales, sur des voies pénétrantes importantes (M14 et avenue Pobedy) qui permettent d'arriver au centre ville très rapidement et donc doivent bénéficier d'une défense solide et profonde. Je pense, mais ce n'est qu'une hypothèse personnelle que ces attaques sur le flanc Est de Mariupol avant pour objectif d'y fixer les forces de réserves ukrainiennes le temps que sur le flanc Ouest les autres opérations militaires russo-républicaines puissent prendre pied dans les faubourgs. Et la chronologie des actions, leur éloignement géographique, la densité des appuis russes à l'Est semblent confirmer que les attaques sur ce flanc oriental d la ville avaient pour objectif certes de tester les défenses ukrainiennes mais surtout d'yn faire diversion pour faciliter la progression de l'autre côte de la ville.
Parmi les unités républicaines qui ont abordé les
faubourgs de Marioupol se trouvent des éléments
du bataillon "Vostok" , aujourd'hui 11ème Régiment
Parallèlement à ces opérations militaires, la guerre psychologique est également en train de monter en puissance, tant du côté ukrainien, où des intimidations et menaces sont proférées par les nationalistes contre la population civile mais aussi contre les soldats qui penseraient à se rendre, que du coté russo-républicain où des tracts et des messages radio sont lancés pour appeler la population à s'abriter et les ukrainiens à se rendre pour l'épargner ainsi qu'eux mêmes :
Exemple des tracts largués sur Marioupol et appelant les forces ukrainiennes à se rendre sans combattre pour éviter un massacre
Les heures prochaines seront sans nul doute décisives tant pour la population civile qui attend désespérément de pouvoir fuir ce chaudron urbain infernal que pour les forces républicaines qui espèrent un délitement de la cohésion défensive ukrainienne au sein de laquelle le comportement fanatique et suicidaire des radicaux d'Azov ne fait pas l'unanimité.
Espérons qu'au mieux les forces ukrainiennes s'effondrent moralement et se rendent, au pire que les civils puissent enfin sortir de ce piège mortel car le pire des scénarios serait que les forces russo-républicaines entrent dans une zone urbaine au milieu de soldats fanatiques et de civils pris en otage !
Les rues de Marioupol sont désertées dans
l'attente de la bataille qui se rapproche
Et cette situation dramatique de Marioupol n'est pas isolée, le même scénario se répétant aujourd'hui à Tchernigov, Soumy, Kharkov, et probablement demain à Mykolaïev, Kramatorsk, Kiev etc...
Sans compter qu'à un moment donné les forces russes qui doivent respecter leurs calendrier opérationnel devront user de moyens plus lourds pour garantir leurs victoires rapidement et forcer le pouvoir de Kiev à capituler pour que l'Ukraine retrouve le chemin de la neutralité et de l'indépendance !
Il y a exactement 5 ans, les premiers combats pour la défense du Donbass commençaient à Slaviansk, à 100 km au Nord de Donetsk. Cette ville de 100 000 habitants allait devenir le symbole de la résistance du Donbass contre le régime de Kiev sorti du coup d'Etat du Maïdan de févier 2014. Avant même que ne soit officiellemnt lancée par Kiev cette "Opération Spéciale Antiterroriste" hallucinate et disproportionnée contre les civils du Donbass, les premiers combats opposaient sur leurs barrages improvisés les manifestants groupés aux portes de la cité et les forces spéciales ukrainiennes accompagnées de paramilitaires nationalistes rêvant d'en découdre avec des russes. Aujourd'hui pour me rappeler ces événements calandaires à la fois proches et lointains j'ai replongé dans les chronologies de 2014 que j'essayais alors de tenir depuis la Guyane française, observant par la lucarne virtuelle de mon ordinateur tropical la tempête des événements s'abattant ...
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Le président turc Erdogan tente depuis plusieurs années de restaurer une zone néo-ottomane sur un grand échiquier géopolitique agité. Cherchant à "tirer les marrons du feu" d'un chaos grandissant on a pu voir ainsi la Turquie intervenir et s'imposer dans le Nord de la Syrie, en Libye ou plus récemment en Azerbaïdjan dans la guerre menée dans le Haut Karabagh. Située au carrefour de plusieurs "imperiums" (Russie, Occident, Iran, Levant) par lequel passe de nombreuses routes commerciales internationales, la Turquie entretient des alliances multiples avec des "partenaires" qui aujourd'hui s'affrontent gravement. La tectonique pontique qui s'est réveillée depuis 2014 autour des enjeux géostratégiques de la Mer Noire révèle ici la stratégie de plus en plus trouble et perverse de la Turquie qui, au lieu de jouer la neutralité et même la médiation, se laisse entrainer par la mégalomanie d'un néo-sultan obsédé par l'impérialisme ottoma...