Au moment où je termine ce rapide point de situation militaire des tirs de Lance Roquettes Multiples ukrainiens sur les quartiers Nord de Donetsk et des ripostes républicaines dans le sur leurs positions de tirs imposent leurs tambours dans le ciel triste du Donbass.
Un point de situation que je veux situer dans la réalité du terrain et non dans les commentaires propagandistes excités de Moreau et autres maroufles qui continuent, dans un déversement de fantasmes infantiles ridicules, à se contredire sans honte prétendant d'une analyse à l'autre, que l'offensive est impossible à cause de la "raspoutitza" (dégel), que les russes sont emportés par l'élan ultra rapide de leurs opérations militaires, que Marioupol va tomber en 2 jours, que les forces ukrainiennes sont anéantis, avant de reconnaître sans vergogne le contraire et en m'insultant au passage (illustrant ainsi la pauvreté de leur argumentaire et l'imposture de leur "expertises").
Le prix de la Liberté !
Dans la reconquête des villes et des villages de la république occupés depuis 8 ans par les forces ukrainiennes, chaque jour depuis l' opération "Z" des hommes meurent en nombre pour la liberté de leur terre du Donbass, à l'image du colonel Vladimir Zhoga, indicatif d'appel Vokha Commandant de "Sparta", le bataillon de reconnaissance séparé de la garde et qui est tombé ce 5 mars à Volnovakha alors qu'avec ses éclaireurs il couvrait l'évacuation des civils de la zone des combats. Ce chef de guerre était sur le front depuis 2014, et a remplacé "Motorola" dont il était l'adjoint lorsque ce dernier fut tué dans un attentat en 2017. Plusieurs fois blessés il était de ces officiers qui commandent par l'exemple et non par les galons ou les diplômes !
Paix à son âme et à celles de tous ceux qui abreuvent de leur sang leur terre sacrée du Donbass !
Concernant l'OTAN :
Depuis le début des opérations militaires russes pour démilitariser l'Ukraine je n'avais pas évoqué les aides de l'OTAN aux forces ukrainiennes qui non seulement n'ont pas cessé mais sont atteinte depuis quelques jours d'une frénésie totale poussant sur la frontière polono-ukrainienne jusqu'à 18 avions cargos par jour déversant chacun pour les forces ukrainiennes environ 80 tonnes d'armes et de munitions pour les forces ukrainiennes au combat (soit environ 1400 tonnes / jour).
Alors que l'OTAN continue à déclarer qu'elle ne participera pas à cette guerre, on apprend par Sergeï Supinsky, un envoyé spécial de l'AFP (le lien ici: Le Point) que pas moins de 22 pays envoient jour et nuit une aide militaire "discrète et rapide" à l'Ukraine sous la coordination des USA.
Selon le Général étasunien Mark Milley, qui supervise ce pont aérien militaire, de nombreux pays occidentaux fournissent à Kiev des lance-roquettes antichars, mais aussi des missiles anti-aérien Stinger, des blindés, du carburant, des munitions, des fusils d'assaut, des rations de campagne, et seuls 4 ou 5 avions quotidiens proviennent des USA.
Et voilà les résultats de ces livraisons d'armes de l'OTAN qui, si elles continuent risquent de faire monter d'un cran l'extension de cette guerre russo-ukrainienne, car de facto l'alliance atlantique est déjà partie prenante au conflit :
- Logistique militaire exponentielle aux forces ukrainiennes,
- Conseillers militaires pour la conduites des opérations militaires,
- Ressources de renseignement stratégique militaire,
- Ressources de guerre électronique qui sont apparues récemment
Observation personnelle:
Il est probable que certaines armes modernes et nouvelles livrées à l'Ukraine soient accompagnées d'instructeurs de l'OTAN qui, dans l'urgence des opérations en cours n'ont pas le temps de former les soldats ukrainiens et les servent directement au front (ce qui explique que la majorité des instructeurs de l'OTAN sont issus des forces spéciales).
Un Su-25SM3 russe a été abattu près de Volnovakha,
vraisemblablement avec un missile américain "Stinger".
Mi 24 russe abattu par un Stinger de l'OTAN
Et sur cette frontière au Sud Est de la Pologne, la 82ème US Airborne s'est déployée dans le grand camp d'entraînement polonais de Nowa Deba où des exercices de combat sont réalisés avec d'autres unités de l'OTAN.
L'OTAN, tout en répétant qu'elle ne s'engagera pas dans le conflit est cependant rentrée dans une escalade stratégique avec Moscou, notamment dans le déploiement de flottes de combat en Méditerranée orientale et de bombardiers stratégiques en Europe de l'Est :
Le 5 mars, 2 B-52 Stratoforteresse opèrent dans l'espace aérien roumain
près des frontières mêmes de la zone NOTAM au-dessus de l'Ukraine.
Situation générale
Depuis le début des opérations militaires en Ukraine, les forces russes et républicaines ont détruit:
- 2 203 sites militaires ukrainiens dont :
76 postes de commandement et centres de communication,
111 systèmes de missiles antiaériens S-300, Buk M-1 et Osa,
- 69 avions au sol et 24 avions dans les airs,
- 778 chars et autres véhicules de combat blindés,
- 77 lance-roquettes multiples,
- 279 pièces d'artillerie de campagne et mortiers,
- 553 unités de véhicules militaires spéciaux,
- 62 drones ont également été liquidés.
Même si elles rencontrent des résistances locales tenaces de la part des forces ukrainiennes et des unités des radicaux nationalistes, les forces russes poursuivent leur progression sur 5 objectifs initiaux:
1 / Destruction des infrastructures et des ressources militaro-politiques ukrainiennes sur l'ensemble du pays, par des frappes aériennes et missiles précises.
2 / Encerclement de Kiev, à la fois pour pousser le gouvernement à capituler et contrôler le pivot Nord d'une potentielle ligne de front sur le Dniepr,
Autour de Kiev, des combats violents sont en cours, et si
les forces russes ont réussi a prendre pied dans les quartiers
au Nord de la capitale, elle rencontrent des résistances dures
comme ici où des blindés parachutistes sont tombés dans une
embuscade antichar ukrainienne. C'est le prix à payer lorsqu'on
refuse des préparations d'artillerie là où vivent encore des civils.
3 / Libération des territoires occupés des républiques du Donbass, avec si possible enfermement des forces ukrainiennes dans un chaudron devant Donetsk et Gorlovka,
4 / Prendre le contrôle du Dniepr depuis les offensives du Sud et du Nord en privilégiant la vitesse quitte à traiter les villes encerclées plus tard,
5 / Prendre le contrôle de Kharkov et Marioupol, bastions et symboles ukrainiens Nord et Sud de l'Est du pays et où se sont repliés des milliers de radicaux nationalistes,
Unité blindée parachutiste russe en mouvement
dans le secteur de Kiev pour son encerclement
A l'Ouest du Dniepr, les forces russes progressent avec une relative facilité car le principal des forces ukrainiennes était déployé à l'Est du pays, d'abord sur le front du Donbass, ensuite sur le front Nord (région de Kiev à Kharkov), puis sur le front Sud, du côté de la Crimée.
A l'Ouest du Dniepr, précédant l'avancée des troupes au sol,
l'artillerie et l'aviation bombardent les objectifss militaires de
Khmelnytsky, Starokostanitinovka, comme ici l'aérodrome militaire.
Ce qui est confirmé depuis une semaine :
- Les forces ukrainiennes qui ont concentré dans le Donbass plus de la moitié de leurs unités de combat s'apprêtaient à attaquer les Républiques de Donetsk et Lugansk dans le dernière semaine de février, ce qui a été annihilé par les opérations russes.
- L'avancée des forces russes dans le Sud est plus facile d'une part parce que les forces ukrainiennes n'y sont pas concentrées en grand nombre et que les populations, y sont majoritairement pro-russes.
- Les résistances principales ukrainiennes sont à Kiev, Kharkov, Tchernigov au Nord, Mykolaïev dans le Sud et Marioupol dans le Donbass, avec des inconnues comme Zaporodje, Kramatorsk ou Odessa qui devraient se retrouver bientôt en première ligne.
A l'arrière de leurs unités de combat, les forces russes mettent en place une aide humanitaire urgente et massive pour les populations civiles, laquelle, dans une absurdité idéologique irrationnelle est critiquée voire refuser par certaines administrations pro-Kiev qui préfèrent voir souffrir leurs populations (surtout quand elles sont pro-russes) plutôt que d'accepter un secours vital.
Distribution d'une aide humanitaire russe dans
la ville de Berdiansk à l'Ouest de Marioupol.
Situation dans le Donbass
Chaque jour, entre la république de Lugansk et celle de Donetsk, ce sont une dizaine de villages et petites villes qui sont libérées par leurs milices appuyées par les forces russes.
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Des armes, renforts et équipements ont été transférés à Kramatorsk où se tient l'Etat Major ukrainien dans le Donbass et une partie des forces de réserve de l' "Opération des Forces Conjointes". Ici des HUMVEES étasuniens livrés par le pont aérien de l'OTAN en cours depuis le 17 janvier 2022 et qui s'accélère. |
Les milices sont arrivées aux lisières Est des villes de Severodonetsk et Lisichansk (au Sud), tandis que, dans une jonction avec les forces russes venant de la région de Koupiansk, un large mouvement tournant vers le Sud commence à dessiner un chaudron dans lequel pourrait être pris au piège le plus gros des forces ukrainiennes déployées dans le Donbass, lorsque la jonction avec les forces russes venant du Sud sera réalisée.
Aujourd'hui les forces russes sont près de Krasni Liman, au Nord de Slaviansk (où la guerre a commencé en avril 2014) et Kramatorsk où se situe, sur son aérodrome, l'Etat Major des forces ukrainiennes déployées dans le Donbass.
Les bombardements russes, préparatoires à une
offensive ont commencé sur les positions ennemies
défendant Kramatorsk, à 100 km au Nord de Donetsk
Entre Kirovsk et Dokuchaïevsk, même si des avants postes ukrainiens ont été abandonnés, la ligne de front générale n'a pas trop bougé, subissant quotidiennement des bombardements ukrainiens qui sont allongés jusque dans les zones résidentielles et même jusqu'aux coeurs des cités comme Gorlovka et Donetsk où l'on dénombre de nombreuses victimes civiles malgré l'absence d'activités importantes due à la mobilisation générale en cours (voir article ici).
Ce 6 mars, depuis le matin les forces ukrainiennes ont engagé plusieurs bombardements sur des quartiers résidentiels de Donetsk et Makeevka, sa voisine. Déjà une quinzaine de civils blessés et ça continue ! (et le maroufle de Moreau qui prétend que "l'armée ukrainienne est anéantie")
6 mars à 7h30 du matin, bombardement ukrainien
sur des quartiers résidentiels de Kirovsk (RPL)
Sur le front où est déployé mon bataillon, les échanges de tirs continuent ponctués par les bombardements habituels de mortiers, lance roquettes et lance grenades et parfois d'obusiers ukrainiens. Mais les unités du secteur, renforcées par de nouveaux volontaires et des mobilisés aguerris sont prêtes pour lancer à leur tour une offensive à tout moment.
6 mars: Bombardement ukrainien sur des quartiers
résidentiels de Makeevka, au Nord Est de Donetsk
Certains me demandent pourquoi au centre de cette ligne de front n'est pas observée une offensive russo-républicaine et l'explication immédiate que je donne est que cet attentisme sert justement la manoeuvre d'encerclement menée au Nord et au Sud par les forces russes sur les arrières ukrainiens. Attaquer au centre risquerait de repousser prématurément les forces ukrainiennes à l'Ouest du filet blindé qui se referme de jour en jour entre Zaporodje et Kramatorsk. Le seul cas où une attaque pourrait être déclenchée avant la fermeture du chaudron c'est pour fixer des forces de réserve ukrainiennes qui feraient mouvement vers le Sud, mais au vu des forces russes qui s'approchent depuis le Nord, elles semblent déjà fixées dans le secteur de Kramatorsk.
Le siège de Mariupol continue, avec des pressions offensives républicaines et russes menées sur les défenses extérieures de la ville, notamment sur les postions de la 36eme brigade ukrainienne d'infanterie de Marine au Nord Est de la ville.
A noter qu'après avoir refusé de mettre en place des corridors humanitaires pour des évacuations civiles, les ukrainiens ont mené un simulacre d'acceptation, jamais exécuté et dont les seul buts sont de gagner du temps pour réorganiser leurs forces et d'accuser bien sûr les russes de saboter cette opération humanitaire (voir article précédent à ce sujet).
Sécurisation de Volnovakha où subsistent des poches
de résistance ukrainiennes. c'est dans cette ville que le
chef du bataillon Sparta a été tué le 5 mars alors qu'il
couvrait avec ses hommes l'évacuation humanitaire de
civils pris au piège par les combats (voire en introduction).
Au Nord de Marioupol, les forces républicaines de la RPD, avec l'appui de forces russes continuent de sécuriser le secteur de Volnovakha, ce carrefour routier et ferroviaire important entre Marioupol et Donetsk et à l'Ouest duquel se dessine une nouvelle ligne de front contre des forces ukrainiennes et notamment le bataillon néo-nazi "Aïdar".
03 mars 2022 - Destruction par un drone d'attaque russe de
l'Etat-Major du bataillon spécial ukrainien "Aïdar" (radicaux
nationalistes) près de Volnovakha (30 km Nord Marioupol)
Dans leurs avancées libérant leurs territoires les forces républicaines de Lugansk, guidées par des habitants découvrent de nouveaux charniers de victimes de l'armée ukrainienne. Déjà 6 fosses communes ont été découvertes datant de 2014 pour la plupart mais aussi des plus récentes. L'organisation "Mémorial" qui est en charge d'inventorier les lieux macabres avait déjà identifié près de 300 corps l'année dernière qui étaient jusqu'à présent classés "disparus".
Même si la victoire des forces russes et républicaines devient de plus en plus certaine, les résistances rencontrées, la taille du pays, les aides indirectes des forces de l'OTAN aux forces ukrainiennes, la difficulté d'avoir des civils imbriqués dans les zones des combats et même utilisés comme boucliers humains par Kiev... laissent à penser que ce conflit, après une phase initiale plutôt rapide pourrait prendre plus de temps que prévu et provoquer des pertes sensibles parmi la population et les forces armées chargées de démilitariser l'Ukraine.
Sauf si une capitulation du pouvoir de Kiev intervient et met fin aux combats et surtout à l'avancée de l'OTAN dans la région.
A suivre
Erwan Castel