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Volnovakha stigmatisé par les combats menés pour sa libération où malheureusement de nombreux civils ont aussi péris ou été blessés, surtout parce que forcés de rester sur place par les soudards des unités nationalistes ukrainiennes "Aidar" "Donbass". (Photo Svetlana Kissileva) |
Dans ce nouveau point de situation militaire du Donbass, j'ai choisi de zoomer sur 3 secteurs particuliers où les forces russes et républicaines viennent de réaliser de nouvelles percées du front et qui vont à court terme déstabiliser l'ensemble du dispositif militaire ukrainien, l'obligeant soit à capituler, soit à bouillir dans des "chaudrons" jusqu'à la dernière cartouche.
Avant d'aborder ces 3 avancées significatives il faut ici rappeler que les opérations militaires russes déclenchées en Ukraine ont pour premier objectif de démilitariser le régime atlantiste de Kiev dont la principale concentrations de ses forces de combat, déployée dans le Donbass devait attaquer les Républiques de Donetsk et Lugansk au début de ce mois de mars selon les documents ukrainiens saisis dans différents Etats Majors capturés lors des offensives républicaines au Nord et au Sud de la ligne de front.
Or pour détruire ou capturer ces forces ukrainiennes qui sont encore entre 60 et 100 000 hommes, il est nécessaire pour les forces russes et républicaines, tout en privilégiant la vitesse:
- De fixer les ukrainiens sur les positions de leur dispositif central par des tirs d'artillerie et des attaques sur leurs ressources logistiques,
- De réaliser un encerclement large depuis le Nord et le Sud pour les couper de leurs voies d'accès et de retraite,
- De réduire ensuite les points d'appui et pivots urbains de leurs lignes de défense pour les vulnérabiliser dans des terrains découverts.
L'Etat Major russe (mais aussi Kiev) sait pertinemment que la défaite des forces ukrainiennes dans le Donbass et leur anéantissement et capture accélérera la défaite des ukro-atlantistes en Ukraine, et que les villes encerclées tomberont alors les unes après les autres (Marioupol si elle tient encore, puis Kharkov, Nikolaïev, Tchernigov... et enfin Kiev).
D'où l'intérêt d'observer attentivement ce front du Donbass par où cette guerre a commencé en 2014 à l'initiative de Kiev et par l'effondrement duquel s'amorcera la capitulation rapide du régime atlantiste russophobe de Kiev :
1 / Rupture du front Nord ukrainien
Pour pouvoir fermer leurs mâchoires sur le maximum de forces ukrainiennes déployées dans le Donbass, les opérations militaires menées par les forces russes et les milices de Donetsk et Lugansk ont besoin de réaliser un mouvement d'encerclement large Nord-Sud en parallèle de la rive gauche du Dniepr.
Le front Nord du dispositif ukrainien s'appuie aujourd'hui sur les villes de Severodonetsk et Lisichansk à l'Est (territoire de la république de Lugansk) et sur celles de Slaviansk et Kramatorsk à l'Ouest (Nord du territoire de la république de Donetsk).
Au Sud d'Izioum, une position ukrainienne détruite
par une roquette d'un Lance Roquettes Multiples de
220mm "Ouragan" russe observée depuis un drone
Depuis J+12, les forces russes descendant du secteur de Koupiansk et les forces républicaines venant de l'Est ont réalisé leur jonction près de la ville d'Izioum dont la capture, après plusieurs jours de combat, leur a ouvert la route vers Slaviansk et Kramatorsk où les forces ukrainiennes ont organisé une ligne de défense importante accrochée au relief et aux forêts plus importantes ici que dans le reste du Donbass.
Cette percée Nord à l'Ouest des réseaux de défense ukrainiens de Slaviansk, Kramatorsk (où se situe l'Etat Major de l'Opération des forces conjointes dans le Donbass) et plus à l'Est de Severodonetsk et Lisichansk a plusieurs avantages :
- De créer un nouveau front à l'Ouest Slaviansk, étirant ainsi les forces ukrainiennes,
- De couper les routes principales entre Kharkov, les villes du Dniepr et ce secteur,
- D'amorcer le bouclage vers le Sud des forces ukrainiennes toujours dans le Donbass,
2 / Rupture de l'appui Sud du front Ouest ukrainien
Volnovakha était avec son carrefour routier et ferroviaire la charnière entre les lignes de front Sud (Marioupol) et Ouest (Donetsk-Gorlovka) du dispositif ukrainien, Par sa capacité ferroviaire, ce bastion pouvait menacer l'encerclement républicain de Marioupol avec de nouveaux renforts ou permettre une retraite des unités ukrainiennes au Sud de Donetsk.
Après de très vifs combats meurtriers sur les périphéries de la ville sur les unités ukrainiennes retranchées dans la ville parmi lesquelles les bataillons spéciaux "Aïdar" et "Donbass" et les mercenaires de la "Légion géorgienne", les forces russes et républicaines ont été obligées d'appliquer, sur la cité devenue bastion des frappes d'artillerie massives pour y briser les défenses ukrainiennes disséminées dans tout son périmètre. Malheureusement au sein de la population de Volnovakha, qui était interdite d'évacuer la ville par les forces ukrainiennes, plusieurs civils ont été tués ou blessés sous les tirs.
Volnovakha juste après les combats pour sa libération
A l'issue de la bataille de Volnovakha, les forces républicaines ont d'abord élargi le secteur contrôlé à l'Ouest et au Nord de la ville afin de prévenir d'éventuelles contre attaques ukrainiennes et ils ont sécurisé les zones contrôlées du secteur ainsi que la route menant au Sud vers le port de Marioupol assiégé en commençant à y apporter de l'aide humanitaire importante .
Parmi les axes d'effort des forces russes et républicaines, la nouvelle ligne ukrainienne située au Nord Ouest de Volnovakha a été rompue avant de pouvoir s'enterrer pour fragiliser sur leur flanc Sud et leurs arrières la ligne de front organisée devant Dokuchaievsk et repousser ainsi les ukrainiens vers le Nord.
Dans les zones libérées de nombreux matériels ont été abandonnés
par les forces ukrainiennes où détruits par les combats comme ce
BMP-1TS du bataillon spécial "Aïdar" (intégré à la 53e brigade)
et détruit à Volnovakha dans un combat de blindés. C'est un modèle
rare du BMP1 amélioré avec une armure renforcée, un module de
combat Spis et un équipement radio Motorola DM-4601.
Plus à l'Ouest du secteur, les russes avec les républicains lancent également une offensive en direction de Vel Novoselovka et surtout, plus au Nord, vers l'axe routier Zaporodje-Donetsk qui assure le ravitaillement et la retraite des forces positionnées devant Donetsk (Marinka, Krasnogorovka...) et qui poursuivent leurs campagnes de bombardements sur la ville républicaine dans une rage suicidaire.
3 / Rupture au Sud du front ukrainien de Marioupol
Sur le port de la mer d'Azov, son plus grand port industriel est encerclé depuis 1 semaine par les forces républicaines et russes qui ont engagé la libération de cette 2ème plus grande ville de la République Populaire de Donetsk, toujours occupée par des unités ukrainiennes dont nombre de radicaux nationalistes, notamment les néo-nazis du régiment spécial "Azov".
Le 10 mars, les forces républicaines avaient déjà pris pied dans la périphérie Nord Ouest de la ville et désormais c'est sur la rive gauche de la Kalmius, au Sud Est de la ville que se portent leurs efforts depuis le 12 mars, lesquels ont réussi une percée le long du front de mer jusqu'au secteur du stade "Azovstal" à partir duquel la libération des quartiers Est de la ville sont en cours.
Dans Marioupol se déroule une guerre urbaine difficile
surtout à cause de la présence d'une population civile au
milieu de laquelle les unités ukrainiennes ont organisé
des positions défensives. Ici des chars de combats tirent
avec le maximum de précision pour détruire snipers et
tireurs antichars repérés au milieu des immeubles habités.
A l'issue de cette percée républicaine au Sud Est de la ville et réalisée grâce à des appuis feu importants de l'artillerie, de l'aviation et des blindés russes, le principal des forces ukrainiennes s'est replié de l'autre côté de la rivière Kalmius, laissant disséminés dans les quartiers abandonnés des groupes de combat isolés, principalement des snipers et tireurs antichars.
Malgré ces percées républicaines, la bataille pour Marioupol n'est pas finie, les forces ukrainiennes s'étant repliées au coeur de la ville dans un réseau urbain dense et au milieu d'une population encore présente très importante (l'administration ukrainienne de la ville annonce plus de 2000 civils tués dans les combats en cours) et pour laquelle la situation humanitaire devient catastrophique.
Si la défaite des unités ukrainiennes est inéluctable, la date de leur capitulation dépend de:
- Leur moral qui est en train de décliner comme le prouve par exemple la défection le 13mars de plus de 50 combattants du régiment "Azov" pourtant réputé le plus motivé,
- Leur ressources de communication et coordination défensives, leurs moyens logistiques, en vivres et surtout en munitions qui commencent à manquer,
- Leurs pertes subies (tués et blessés) qui sont très importantes et qui ne permettront bientôt d'assurer une continuité dans les défenses des lignes de front.
Pour conclure
Sans tomber dans les vivats de certains propagandistes pro-russes qui confondent réalité et fantasme immature, je dirai que les opérations militaires dans le Donbass continuent de progresser vers une libération totale des territoires républicains occupés par les forces de Kiev et un encerclement de ces dernières le long de la ligne de front entre Donetsk et Gorlovka.
Même si elles bénéficient d'un appui feu terrestre et aérien considérable et décisif, il faut relever que les troupes au sol russes et républicaines sont victorieuses dans tous les combats engagés et ce malgré :
- des positions défensives ukrainiennes organisées,
- des effectifs rarement supérieurs en nombre et même parfois inférieurs,
- des risques énormes pris pour épargner au maximum les civils,
La stratégie russe s'efforce au maximum d'appliquer des frappes de précision limitées aux objectifs militaires, d'organiser des évacuations des civils des zones de combat, puis si une résistance tenace persiste et seulement en dernier recours, d'appliquer des saturations de zones avec l'artillerie et l'aviation avant d'y engager les blindés (comme ce fut le cas à Volnovakha par exemple)
Une autre composante remarquable de cette stratégie russe est l'importance du réseau logistique suivant les unités de l'avant et assurant non seulement ne continuité des approvisionnements en munitions, carburant et vivres mais aussi, déployant immédiatement des ressources médicales, humanitaires et de services auprès des populations libérées (vivres médicaments, électricité, aides financières et sociales etc)
Si des véhicules russes et républicains ont été détruits lors des assauts victorieux contre les positions ukrainiennes, en revanche ces dernières ont abandonné sur le terrain un nombre impressionnant de véhicules, matériels munitions et armes dont certaines provenant des ivraisons récentes de l'OTAN, comme les missiles antichars étasuniens "Javelin" et britanniques "NLAW"...
A l'arrière d'un front balayant les unités
ukrainiennes, des unités techniques
des forces républicaines réceptionnent
les "trophées" du champ de bataille et
les réparent immédiatement pour les
réinjecter dans les unités au combat.
A suivre...
Erwan Castel