Trump accepte le match nul
Trump, pour sortir de la crise, sans perdre la face (et ses chances d'être réélu) a accepté "le match nul" proposé par Téhéran après la riposte à l'assassinat du général Soleimani |
Le 08 janvier à 11h30 heure de Washington, le président étasunien Trump a fait une déclaration quelques heures après que l'Iran ait riposté à l'assassinat du général Soleimani en bombardant pendant la nuit des bases américaines en Irak (cf l'article ci après).
De fait Trump, qui s'était fourvoyé totalement en décidant d'assassiner illégalement le dignitaire iranien le plus populaire, a profité de la retenue iranienne et de la porte ouverte laissée par une riposte aussi spectaculaire que volontairement faible dans les dégâts réalisés (missiles vieux et peu nombreux, Irak avant avant l'attaque...).
La modération iranienne que Trump salue lui-même dans sa déclaration publique permet à ce dernier de s'en tenir à ce "match nul" et surtout de tenter de sortir des sables mouvants dans lesquels son erreur stratégique l'avait précipité (voir ici: "le retour de bâton") en plus des critiques vives occidentales et américaines alors qu'il attendait une union atlantiste et nationale autour de sa casquette de commandant en chef des armées.
Cela dit Trump reste Trump et tout comme l'Iran qui se félicite de la riposte réalisée, le président des USA s'est fendu pendant son discours télévisé singulièrement court et modéré de rodomontades arrogantes et hypocrites :
- "L'Iran a reculé" dit-il oubliant qu'après la riposte de Téhéran, c'était à lui de réagir et il a refusé de poursuivre l'escalade militaire qu'il avait lui-même provoqué le 3 janvier.
- Trump persiste et signe dans le mensonge en décrivant le général Soleimani comme "un terroriste qui soutenait Daesh". La réalité est exactement l'inverse de ses paroles:
Quand CNN rendait hommage à Soleimani, il y a 3 ans,
pour les victoires obtenues contre les terroristes de Daesh
- Trump assure pour justifier l'arrêt de l'escalade que "les bombardements iraniens n'ont fait aucune victime", masque la réalité confirmée par des témoignages irakiens et hospitaliers. Je pense que certaines morts ou blessures seront différées dans le calendrier.
Image satellite de la base Al Assad où sont visibles des impacts sur les bâtiments occupés par les soldats étasuniens |
- Trump salue le peuple iranien dont il espère une amélioration de la qualité de vie mais promet, à défaut de poursuivre l'escalade militaire une augmentation des sanctions économiques qui l'étranglent depuis des années !...
On pourrait aussi trouver des raisons non évoquées par Trump dans sa déclaration publique mais qui ont du peser dans la longue réunion avec son Etat Major qui l'a précédé comme par exemple:
La déstabilisation de l'Irak choqué par l'assassinat de Soleimani sur son sol et qui va même demandé via son parlement le départ inconditionnel des forces américaines et occidentales de son sol. Or l'Irak est une pièce majeure de l'échiquier étasunien et occidental au Moyen Orient pour organiser des bases arrières contre la Syrie et l'Iran en plus de la main mise sur ses ressources énergétiques par son complexe militaro-industriel. La crise déclenchée par Trump a continuer à faire glisser Bagdad vers Téhéran jusqu'à envisager l'installation de bases iraniennes en Irak.
Egalement, la réaction violente de l'ensemble du monde chiite à l'assassinat de Soleimani dont l'immense popularité était certainement sous estimé par les responsables étasuniens enivrés par leur propagande de guerre.
La déstabilisation de l'Irak choqué par l'assassinat de Soleimani sur son sol et qui va même demandé via son parlement le départ inconditionnel des forces américaines et occidentales de son sol. Or l'Irak est une pièce majeure de l'échiquier étasunien et occidental au Moyen Orient pour organiser des bases arrières contre la Syrie et l'Iran en plus de la main mise sur ses ressources énergétiques par son complexe militaro-industriel. La crise déclenchée par Trump a continuer à faire glisser Bagdad vers Téhéran jusqu'à envisager l'installation de bases iraniennes en Irak.
Zone d'influence iranienne avec notamment les populations chiites du Moyen Orient
Egalement, la réaction violente de l'ensemble du monde chiite à l'assassinat de Soleimani dont l'immense popularité était certainement sous estimé par les responsables étasuniens enivrés par leur propagande de guerre.
Au lendemain de la mort de Soleimani des réactions anti-américaines virulentes ont embrasé toute le Moyen Orient jusqu'au Pakistan, avec des levées de milices pour combattre les présences occidentales partout où elles se trouvent.
Or en cas de guerre ouverte avec l'Iran, les forces américaines n'auraient pas seulement à gérer un conflit déjà difficile avec son armée, mais seraient confrontées aussi à des harcèlements sur leurs bases arrières par des milices lourdement armées et motivées. Trump a dû, devant l'ampleur des réactions hostiles s'apercevoir qu'il avait "donné un coup de pied dans une fourmilière".
En résumé, beaucoup de blabla en surface de part et d'autre de cette ligne de tension levantine dans cette chorégraphie médiatici-stratégique car ni l'Iran ni les USA n'ont intérêt à s'enliser dans une guerre et Trump qui n'a pas provoqué un consensus autour de l'assassinat du général Soleimani, doit se débarrasser au plus vite de cette erreur stratégique lourde et ses conséquences incontrôlables , surtout pour sa course électorale qui commence.
Cependant si l'escalade a été stoppée la confrontation reste intact entre Téhéran et Washington et derrière les discours des officines diplomatiques, la menace reste intacte sur le terrain où les milices pro-iraniennes veulent toujours en découdre avec les forces étasuniennes qui viennent de recevoir en renfort 12 000 hommes supplémentaires.
La confrontation risque donc de continuer (surtout en Irak) par des proxy difficilement contrôlables (surtout depuis la disparition de Soleimani qui était le parrain des milices pro iraniennes) et lorsque les compteurs de l'actuelle crise auront été remis à zéro, Trump pourra reprendre l'agenda d'occupation transmis par ces prédécesseurs qui reste toujours d'actualité malgré ses discours de campagne populistes.
Erwan Castel
Articles publiés sur FB et VK le 8 janvier matin:
L'Iran propose un quitte ou double à Trump
Comme prévu les forces iraniennes ont riposté cette nuit à l'assassinat par les USA du général Soleimani.
D'après les premières infos, 2 vagues de missiles FATH-313 (portée 500 km) et peut-être aussi S3 ont été tirés cette nuit par l'Iran sur des cibles étasuniennes en Irak: 19 missiles balistiques auraient frappé des bases militaires étasuniennes en Irak (10 sur la base d'Al Assad, 1 sur la base d'Erlib. 4 ayant été interceptés), et 5 autres le camp Taj, base logistique étasunienne en Irak (certaines sources parlent de roquettes)
Le bilan est en cours mais déjà sont déjà évoqués 30 américains blessés à Al Assad (CNN) et des soldats irakiens tués (source irakienne).
Pour le moment la situation reste confuse. Les forces armées de la région sont en état d'alerte maximale et on signale une forte activité aérienne américaine au-dessus de Bagdad et iranienne près de la frontière.
Côté USA, Trump s'est montré rassurant affirmant dans une nouvelle rodomontade: "tout va bien, nous avons l'armée la plus puissante du Monde".
Des responsables de la Maison Blanche ont estimé que les USA vont à leur tour riposter.
Le Pentagone quant à lui a déclaré: "Nous sommes en train d'évaluer la gravité de la situation et d'adapter notre réponse."
Mais le plus important à mon avis sont les actions et déclarations iraniennes qui offrent å Trump, au milieu de leurs attaques, une sortie de crise claire:
En effet tout d'abord en ciblant exclusivement des bases US en Irak (et principalement celles impliquées dans l'attaque au drone ayant tué Soleimani) l'Iran confirme bien ses bombardements comme la "riposte ciblée et proportionnelle" annoncée et qui limite ses objectifs et sa durée.
Et surtout il y a cette déclaration de Tėhėran qui promet "une 3ěme vague de missiles sur des objectifs étendus SI Washington riposte aux 2 premières".
Donc, l'Iran propose ici à Trump d'en rester là, chacun ayant frappé l'autre sans le mettre à genoux et surtout sans perdre la face.
La balle est donc dans le camp étasunien ce qui n'est pas sans susciter des inquiétudes connaissant les pressions bellicistes des faucons de guerre (qui risquent d'utiliser le crash du Boeing 737 ukrainien en partance de Téhéran (167 morts) pour accabler l'Iran) et l'imprévisibilité d'un Trump qui de toute évidence a un sérieux "pète au casque" !
A suivre...
Coïncidence, bévue ou false flag?
Ce matin, à 06h20 soit 5 heures après la riposte iranienne en Irak, un avion de ligne ukrainien en partance vers Kiev s'est crashé à proximité de Téhéran juste après son décollage . Les 267 passagers et membres d'équipage de ce boeing 737 sont morts dans cette tragédie.
Avant même que les premiers enquêteurs soient arrivés sur le site, les spéculations allaient bon train, accusant notamment l'Iran d'avoir abattu par erreur cet avion de ligne civil.
3 hypothèses cependant existent :
1 / Un incident technique survenu lors de cette phase délicate qu'est la montée suivant le décollage. Dans ce cas il ne s'agirait d'une coïncidence avec la riposte iranienne.
2 / Une bévue de la défense anti-aérienne iranienne terrestre ou aérienne, ce qui est à mon avis peu probable vu que le Boeing était en partance et non en approche et que son IFF visible sur tous les radars de tir l'identifiait comme aéronef civil. On peut cependant se demander pourquoi dans le contexte du moment l'activité aérienne civile n'était pas suspendue par précaution ?
3 / Un false flag étasunien (ou israelien) qui avec la destruction d'un objectif civil attribuée à Téhéran veut radicaliser le discours belliciste et engager plus en avant les occidentaux vers la guerre contre l'Iran .
Quoiqu'il en soit, ce n'est pas la 1ère fois qu'un avion de ligne est abattu dans un contexte d'affrontement entre Washington et Téhéran, ainsi de ce vol 655 de l'Iran Air abattu par l'USS Vincennes au dessus du Golfe Persique le 3 juillet 1988 (290 morts).
Donc il est important de "savoir raison garder" et de ne pas céder aux passions propagandistes manichéennes dans ce genre d'événements comme par exemple celles qui entourent le crash en Ukraine du MH 17 au dessus du Donbass en guerre en juillet 2014.
Erwan Castel