Du côté du Levant
En faisant de lui un martyr, Trump a fait du général Soleimani un adversaire des USA bien plus dangereux mort que vivant |
"Il n'y a de grand parmi les hommes que le poète, le prêtre et le soldat,
l'homme qui chante, l'homme qui bénit, l'homme qui sacrifie et se sacrifie."
Charles Baudelaire
Aujourd'hui se terminent les 3 jours de deuil national iraniens avec l'inhumation à Keman du général Qassem Soleimani, assassiné sur ordre de Trump le 3 janvier par une attaque de drone à Bagdad. Entre 6 et 9 millions d'iraniens sont venus pour saluer une dernière fois leur martyr que des imbéciles en Occident persistent à voir comme un terroriste écrasant son peuple, tant ils sont soumis à la propagande de guerre étasunienne, ou une islamophobie psychotique,
A Donetsk, l'histoire des communautés constituant le Donbass, l'éducation de la population, l'agression occidentale subie via l'Ukraine font que les événements levantins trouve un écho inquiet dans les coeurs et une place importante dans les conversations. Ici la réalité de l'Histoire et la culture générale des citoyens ont balayé depuis longtemps tous les slogans communautaristes agités par les propagandes mensongères...
Pour commencer, un petit rappel :
Voilà ce que révélait en 2007 le général US Westley Clark concernant la stratégie étasunienne au Moyen Orient :
Derniers événements majeurs du jour de la crise Iran / USA
Au moment où je boucle ce nouvel article sur la crise USA/Iran qui ne cesse de gonfler à une vitesse énorme, j'apprends la visite surprise à Damas du président russe Poutine et de son ministre de la Défense Choigou pour s'entretenir avec leurs homologues syriens.
C'est dire, n'en déplaise aux optimistes incurables qui refusent de regarder le danger en face, que cette visite exceptionnelle confirme à la fois l’extrême gravité de la crise et en même temps apporte une lueur d'espoir car si il existe encore peut-être un homme capable de sauver la colombe de la paix dans cette région, c'est bien Poutine !
- L'Iran et l'Irak, à l'initiative de Bagdad négocient pour que les gardiens de la Révolution établir un centre de commandement & de contrôle ainsi que 2 bases militaires près de Bagdad et dans l'Ouest du pays.
- La Grande Bretagne envoie en Irak et Iran des équipes d'évacuation d'urgence de ses ressortissants militaires & civils non indispensables.
- L'US Air Force envoie 6 bombardiers stratégiques B52 sur la base de Diego Garcia, dans l'océan Indien qui reste hors de portée des missiles iraniens.
- Des frappes aériennes, vraisemblablement israéliennes, ont eu lieu près de la frontière avec la Syrie sur des positions irakiennes pro-Iran.
- 1er Cafouillage côté USA: Washington dément un retrait des troupes américaines d'Irak évoqué dans un document de l'Etat Major. Trump précise qu'il est "hors de question de retirer les troupes américaines, sauf si l'Irak rembourse tout ce que les américains ont fait pour eux" (?!?).
- En Arabie Saoudite, gros affrontements entre des émeutiers et la police de Qatif, une ville de 500.000 habitants proche de Bahrein où 95 % de la population est chiite.
- La Chine se dit prête à apporter une aide logistique et militaire à l'Irak en cas d'attaque des USA .
- 2ème cafouillage étasunien: le Secrétaire de la Défense Esper, contredisant Trump qui promet d'attaquer des sites culturel iraniens, dit de son côté que les USA "ne frapperont pas de sites culturels" tandis que Lindsey Graham, sénateur à la commision de la Défense précise "Nous ne sommes pas en guerre contre la culture iranienne, mais contre sa théologie".
- La Russie a décidé de fournir à l'Irak plusieurs complexe de missiles antiaériens S 400, pour "protéger sa souveraineté".
- L'Iran confirme son intention de riposter à l'assassinat de Qassem Soleimani de façon proportionnelle (allusion aux menaces de Trump promettant des "attaques disproportionnées" sur l'Iran). Téhéran précise que 13 scénarios ont été proposés et promet que "même le moins pire" sera "l'un des pires cauchemars et une véritable catastrophe" pour les américains.
- Des foules immenses (entre 6 et 9 millions de personnes) se sont rassemblées dans les rues iraniennes pour les obsèques du général Soleimani. Des bousculades ont provoqué au moins 50 morts et des dizaines de blessés à Keman, ville où est enterré Soleimani.
- Le Pentagone envoie les deux frégates, l'USS "New York" et l'USS "Oak Hill" au en Méditerranée transportant 2000 marines et des forces spéciales. étasuniennes.
- D'importants mouvements de troupes iraniennes vers leurs frontières ont été détectés, sans déterminer s'ils sont dans un dispositif défensif ou offensif.
- Le parlement iranien a voté une loi en urgence qualifiant toutes les forces US de "terroristes".
- Les États-Unis avertissent tous les navires naviguant dans les secteurs "périlleux" comme le détroit d'Ormuz qu'une attaque iranienne sur des bateaux militaires ou commerciaux américains est "hautement probable".
- L'Allemagne retire la majorité de ses troupes déployées en Syrie et en Irak.
- Visite surprise à Damas du président russe Vladimir Poutine et de son ministre de la Défense Chuigou pour s'entretenir avec le président Assad de la situation Iran/USA. Un déploiement de missiles S400 en Iran a été évoqué.
- Selon CNN 2 officiels étasuniens affirment qu'une "attaque massive" est "imminente"
Publié sur FB & VK le 6 janvier :
LE RETOUR DE BÂTON
Trump en décidant arbitrairement de tuer le général Soleimani se retrouve sous une avalanche de réactions qu'il avait probablement sous estimé, et qui sont complètement contre productives pour les USA et lui-même :
- Loin de mettre à genoux l'Iran, l'assassinat de Soleimani a créé une union nationale exceptionnelle autour du pouvoir de Téhéran et une indignation anti-américaine dans toute la zone d'influence chiite, du Liban au Pakistan.
- En Irak qui a perdu également des hauts responsables chiites dans l'attaque étasunienne, le parlement dans sa majorité a voté le départ des forces américaines et occidentales du pays et l'interdiction pour elles de transiter par son espace aérien et terrestre.
- Les forces armées étasuniennes dans le Golfe sont entrées en mode panique : état d'alerte maximum, renforts précipités, évacuation d'urgence du porte avion Harry Truman du Golfe persique etc...
- L'Iran a décidé de sortir complètement de l'accord nucléaire (que Trump avait dénoncé en premier) et de ne plus fixer de limite dans sa production d'uranium dont l'enrichissement était auparavant plafonné à 20 %.
- Pour des raisons de sécurité les opérations anti terroristes des occidentaux en Irak ont été suspendus, pour le pus grand bonheur de leurs incontrôlables djihadistes qui risquent de restaurer une partie de leur puissance et territoire.
- Trump, piégé par sa propre surenchère verbale et ses menaces, disproportionnées et illégales, est obligé au moment de la probable riposte iranienne de répliquer à son tour dans une fuite en avant suicidaire, ou de perdre la face, hypothèse inconcevable pour ses fonctions, ses ambitions électorales et sa personnalité.
- Des critiques de moins en moins voilées dénonçant la politique hasardeuse de Trump apparaissent dans le camp occidental (à part chez les toutous mondialistes comme Macron par exemple).
L'Iran, à la fois prudent et déterminé a confirmé une riposte militaire prochaine (il y va de sa crédibilité étatique) contre des forces et intérêts étasuniens, certainement après la période de deuil et un choix de cible(s) mûrement réfléchi dont les délais vont augmenter les tensions et peurs des américains.
En attendant, les milices chiites irakiennes ont commencé à opérer des attaques contre des positions de l'armée étasunienne et son ambassade à Bagdad qui a encore essuyé des tirs de mortiers cette nuit, blessant des soldats américains.
De son côté Trump persiste et signe, promettant des "représailles disproportionnées" sur l'Iran en cas de riposte de Téhéran et des sanctions contre Bagdad suite au vote du parlement irakien demandant le départ de la coalition occidentale.
Conclusion, en tuant Soleimani, Trump dans son coup de poker électoraliste s'est surtout tiré une balle dans le pied et dans celui de l'arrogante et criminelle hégémonie étasunienne ... et on ne va pas s'en plaindre !
Erwan Castel