Une année qui commence très mal


"Le Général Soleimani a été assassiné 
par les pires individus dans le monde. 
Leur fierté d’avoir exécuté ce crime 
ajoute à sa grandeur "

Ayatollah Ali Khamenei


Mike Pompeo, le secrétaire d'Etat étasunien devait réaliser en ce début d'année 2020 des visites d'influence dans plusieurs pays de la ceinture géostratégique ("Himland") entourant la Russie comme le Bélarus, le Kazakhstan, l'Ouzbékistan et l'Ukraine par qui il avait prévu d'entamer sa tournée ce 3 janvier, en rencontrant le président Zelensky, mais avant lui le ministre ukrainien de la défense, donnant ainsi le ton de sa venue aux portes de la Russie.

Mais Pompeo ne.viendra pas du moins pas tout de suite car c'est surtout vers le Moyen Orient que nos regards se tournent en ces premiers jours d'une année qui commencent très mal : ce même 3 janvier 2020 une attaque aérienne étasunienne ciblée a assassiné à l'aéroport de Bagdad le général iranien Qassem Soleimani, pilier militaire du régime iranien et Commandant en chef des forces spéciales "Al Qods" (150 000 hommes) coopérant entre autres avec les forces de défense irakiennes, syriennes et libanaises. Dans cette nouvelle attaque étasunienne  Abou Mahdi Mohandes, le commandant en chef adjoint des Hachd al-Chaabi, les milices pro-iraniennes a également été tué.


Cette agression illégale étasunienne sur le sol irakien ordonné par le président Trump lui-même, a rendu paroxysmique une nouvelle escalade USA/Iran qui était en cours à Bagdad depuis quelques jours avec notamment un bombardement américain meurtrier de miliciens pro-iraniennes (25 morts), ce qui avait provoqué ensuite l'attaque par des manifestants de l'ambassade des USA. 

Mais avec ce nouveau bombardement assassin de l'armée étasunienne, que beaucoup d'observateurs considèrent comme un "casus belli", il est clair que les tensions entre Téhéran et Washington qui vont crescendo depuis que Trump (toujours lui) a décidé en 2018 de se retirer des accords sur le nucléaire iranien, viennent de dépasser brutalement le cadre levantin habituel d'une simple escalade locale et contrôlable pour précipiter le Moyen Orient vers un risque majeur de guerre aux conséquences internationales extrêmement graves.

Cet assassinat révèle une fois encore la politique hasardeuse des USA et l'absurdité de leur politique étrangère qui ne fait que jeter de l'huile sur le feu espérant toujours dans une fuite en avant chaotique que son complexe militaro-industriel puisse ensuite en retirer des marrons en occupant militairement ces régions stratégiques et y piller les matières premières.


Qassem Soleimani, la bête noire de Washington


Lorsque Trump décide d'éliminer Soleimani, cet irresponsable réalise en fait le fantasme des faucons de guerre du Pentagone  qu'il prétend combattre et qui rêvent d'abattre le régime iranien et remettre la main sur les champs de pétrole perses. Or l'un des principaux résistants à l'hégémonie étasunienne dans le Levant était justement le général Qassem Soleimani que les néo-conservateurs US rêvaient de tuer mais sans toutefois oser le faire et endosser la lourde responsabilité diplomatique d'un tel assassinat politique autant que militaire.

Car cet homme de 60 ans n'était pas seulement le Commandant en chef de la force "Al Qods", ces unités d'élites des Gardiens de la Révolution et spécialisées dans les guerres asymétriques au Moyen Orient provoquées par l’interventionnisme occidental et celui des ses alliés terroristes islamistes.

Depuis la décolonisation les occidentaux n'ont eu de cesse que de vouloir conserver leur mainmise sur les ressources minières du Levant (création de l'Arabie Saoudite et des émirats arabes affidés, création d’Israël, pivot et prétexte de leur coalition régionale , décapitations des régimes bassistes non alignés etc...). Et l'Iran est un exemple de cette stratégie hégémonique occidentale : en 1951, les services anglo-américains renversent le gouvernement de Mohammad Mossadegh qui venait de nationaliser l'exploitation du pétrole iranien ("opération Ajax") et mettent à sa place Mohammad Reza Shah Pahlavi, une marionette autocrate pro occidentale. En 1979, la révolution islamique chasse le shah d'Iran et relance la nationalisation des ressources et l'indépendance réelle pays. Depuis les USA n'ont de cesse que de diaboliser l'Iran qu'ils assiègent militairement et économiquement, progressant chaque année vers une confrontation armée directe.

Au fil des années, Qassem Soleimani va devenir un stratège mais aussi une figure importante du gouvernement iranien intervenant sur sa zone d'influence traditionnelle menacée par l'encerclement militaire de l'OTAN et l'embargo économique occidental. Son engagement contre le terrorisme international financé par Washington et ses alliés est très important tant dans le domaine militaire que politique. Pour mener à bien ces objectifs visant tous à desserrer l'étau occidental autour de Téhéran, Soleimani va réformer le corps des Gardiens de la Révolution, cette milice paramilitaire devenue un corps d'armée à part entière et créer en son sein une force d'intervention extérieure de 150000 hommes : "Al Qods" ("Jérusalem").

Avec cette force spéciale très bien entraînée, équipée et motivée, Soleimani combat les talibans d'Al Qaida en l'Afghanistan, puis en Irak et contre Daesh and Co en Syrie où il prépare le projet d'un Etat kurde. Au Liban, il forme et soutient le Hezbollah pour que le Sud du pays puisse résister aux attaques israéliennes

Autant dire que cet homme intelligent et audacieux dont les succès militaires contre les terroristes salafistes soutenus par les occidentaux était devenu la bête noire des américains, d'autant plus que son élimination était quasi impossible du fait de sa légitimité dans les pays qui autorisaient "Al Qods" à participer à leur défense, de sa qualité de responsable iranien, et de son immense popularité capable de mobiliser un front anti-occidental radical important dans le cas de son martyr.

Et comme second objectif de cet assassinat, il s'agit pour Washington de rappeler à l'ordre un gouvernement irakien qui se rapproche de plus en plus de l'Iran et ses alliés, fatigué par toutes ses années de chaos orchestré par les USA et leurs alliés...


Un assassinat illégal et terroriste

Mike Pompeo 
Mike Pompeo, qui a reporté sa tournée en Europe, à Chypre et dans le Caucase pour mieux suivre l'évolution de la situation en Irak a jugé sur la chaîne "Fox news" l'assassinat du général iranien Soleiman de "justifié et légal", après que son patron ait publié le drapeau américain sur son compte twitter avant même que le Pentagone confirme sa responsabilité dans l'attaque.

Sauf que...

La décision irresponsable de Trump de faire assassiner le général Soleimani, tout comme de bombarder les milices pro-iraniennes intégrées aux forces de défense irakiennes n'ont aucune légitimité contextuelle et légale, et de nombreuses voix s'élèvent aujourd'hui, y compris du côté occidental pour dénoncer "ce bâton de dynamite lancé dans une poudrière".

En effet, sur le plan du droit international, les "assassinats extraterritoriaux" perpétrés par un État ne sont légaux que dans trois hypothèses : 
  • Lorsque le pays où ils sont menés y consent.
Or les forces étasuniennes en Irak qui y sont déployées aujourd'hui "que pour l’entraînement des troupes et la lutte contre le mouvement terroriste État islamique", outrepassent régulièrement leurs missions en attaquant des forces pro-iraniennes, pourtant intégrées dans les forces de l'Etat irakien, et qui de surcroît (ou plutôt "parce qu'ils") luttent contre les groupes terroristes de la nébuleuse de l'Etat Islamiste.
  • Si le Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies les autorise. 
Là aussi, le conseil de sécurité de l'ONU n'a pas été consulté sur ce projet d'assassinat, décidé a huis clos par Trump et son Etat major au Levant.
  • En cas de légitime défense face à une menace imminente confirmée.
Enfin si des plans identifiant des cibles américaines potentielles ont effectivement été élaborés par l'Etat major de la force "Al Qods" (comme tout état major se doit de le faire concernant un ennemi futur, identifié ou probable), il est impossible pour le Pentagone de prouver l'existence d' "attaques imminentes".

Autre détail, et non des moindres, cet assassinat étasunien a pour la première visé une personnalité étatique iranienne et non des moindres au lieu d'un responsable d''une milice locale pro-iranienne comme c'est la règle habituelle lors d'attaques de drones US. En effet, les assassinats ciblés qui avaient été interdits aux USA dans les années 70 ont été réactivés sous l'administration Reagan pour lutter contre le terrorisme et développés par Bush junior après les attentats du 11 septembre, MAIS toujours sur des cibles non gouvernementales. Le général Soleimani était un haut dignitaire de l'Etat iranien et Téhéran est donc en droit de considérer son assassinat comme un "casus belli".

Et ce ne sera pas la première fois qu'une guerre est déclenchée par un assassinat terroriste


Et maintenant....



Aujourd'hui le monde observe avec inquiétude le déroulement des événements qui s’enchaînent dans une accélération brutale qui fait craindre le pire car dans cette région l'effet domino est plus que probable entre l'Irak, la Syrie, le Liban, l'Iran etc.
  • Téhéran promet de se venger de l'assassinat du général Soleimani et des millions de personnes manifestent leur colère et indignation dans les rues iraniennes mais aussi en Irak, au Pakistan, Liban ,Syrie, Yemen etc... Le front de la résistance anti américaine est sur pied de guerre.
  • Coté occidental, les forces étasuniennes déployées en Irak et dans le Golfe sont en alerte maximale et de leurs ressortissants ont commencé à évacuer le pays, les alliés arabes des USA sont en état d'alerte et Israël a renforcé ses forces sur sa frontière avec le Liban qui est contrôlée par le Hezbollah.
  • De nombreuses diplomaties, y compris occidentales, appellent à la retenue et une désescalade immédiate des tensions et menaces, craignant surtout un blocage du détroit d'Ormuz où transitent quotidiennement 22.5 millions de barils d'un pétrole dont les cours boursiers s'affolent déjà.
Bref, Trump en ordonnant l'assassinat du charismatique et influent général Soleiman semble avoir réellement "jeté un bâton de dynamite dans une poudrière" et enclencher une escalade qu'il sera très difficile à contrôler et juguler...

Pourquoi et pour qui une telle décision insensée ?

Le déclenchement prochain de la procédure d'impeachment du locataire de la Maison Banche par les néo-conservateurs américains ne doit pas être étrangère à ce coup de poker criminel d'un Trump qui cherche soit à la retarder, soit à la noyer médiatiquement par une crise internationale majeure où sa décision belliciste ne peut que satisfaire les faucons de guerre étasuniens qui en plus n'auront pas à porter la responsabilités des morts américains à venir....

Car je pense que la réaction iranienne "sanglante" promise est inévitable, il en va de la mémoire de la victime autant que de la crédibilité de l'Iran. Mais je ne crois pas que Téhéran qui fait toujours preuve d'une grande retenue dans les crises affrontées aille directement bloquer le détroit d'Ormuz par exemple ou bombarder Israël comme le craignent les propagandistes occidentaux. Je pense plutôt à une attaque ciblée et ponctuelle sur des objectifs étasuniens en Irak, Syrie ou dans le Golfe, laissant ainsi le choix de la guerre total au fou américain...

Mais le pire reste toutefois possible, l'Iran ayant qualifié l'assassinat de Soleiman de "franchissement américain de toutes les lignes rouges" et mis en alerte toutes ses sites de missiles...

Quoiqu'il en soit, avec cet assassinat de Soleimani, Trump a mis le feu aux poudres quitte à se retrouver encore plus isolé sur le plan politique...  Un coup de folie criminel et certainement sa plus grande erreur stratégique et la preuve que les USA continuent à suivre les directives stratégiques et le terrorisme d'un complexe militaro industriel criminel et amoral !

Erwan Castel


Paddy Petrovic, un ami internaute, a suggéré en hommage à Qassem Soleiman dans un commentaire la chanson de Viktor Tsoï .... j'approuve et partage ici :


звезда по имени солнце

Белый снег, серый лед
На растрескавшейся земле
Одеялом лоскутным на ней
Город в дорожной петле
А над городом плывут облака
Закрывая небесный свет
А над городом желтый дым
Городу две тысячи лет
Прожитых под светом звезды по имени Солнце
И две тысячи лет война -
Война без особых причин
Война - дело молодых
Лекарство против морщин
Красная-красная кровь
Через час уже просто земля
Через два на ней цветы и трава
Через три она снова жива
И согрета лучами звезды по имени Солнце
И мы знаем, что так было всегда
Что судьбою был…

Traduction française 

Neige blanche, glace grise
Sur sol fissuré,
courtepointe en patchwork,
ville en boucle.
Et les nuages ​​flottent au-dessus de la ville
Fermeture de la lumière céleste.
Et au-dessus de la ville il y a de la fumée jaune.
La ville a deux mille ans.
Vivant sous la lumière d'une étoile nommée le Soleil
Et deux mille ans, la guerre -
Guerre sans raisons particulières
Guerre - la cause du jeune
Cure pour les rides
Du sang rouge-rouge
Après une heure, c'est juste de la terre
Après deux fleurs et de l'herbe dessus
Après trois, elle est à nouveau vivante
Et réchauffée par les rayons d'une étoile appelée le Soleil
Et nous savons que ça a toujours été comme ça.
Ce destin était ...

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