Pause Tradition sur le front
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Ce matin la Tradition est venue s'inviter dès les premiers blanchiments de l'Orient, à travers son expression chrétienne orthodoxe encore très vivante dans le Donbass.
Dimanche 28 avril 2019
Dès 4h00 du matin les carillons des dômes dorés attendant les premiers rayons solaires sont parvenus jusqu'à nos positions où est respectée la traditionnelle trêve de Pâques.
Ainsi de ces oeufs décorés des indicatifs des membres du groupe et du traditionnel gâteau de Pâques qui ont été partagés au lever du soleil aux milieu d'accolades fraternelles.
En tant que polythéiste, je respecte d'autant plus la pratique de cette foi orthodoxe que je connais les racines païennes de cette fête printanière et dont on retrouve des témoignages chez les chroniqueurs orientaux et même dans l'ancien testament :
"À l'entrée du sanctuaire, entre le vestibule et l'autel, il y avait environ vingt-cinq hommes. Ils tournaient le dos au sanctuaire et, face à l'orient, ils se prosternaient pour adorer le soleil" (Éz. 8:14-16).
Quand la Tradition universelle est portée et transmise par les traditions particulières :
Cette tradition de Pâques porte d'ailleurs encore son origine chaldéenne dans sa sémantique, avec le pluriel "des pâques" usité dans les expressions poupaires mais que l'on ne trouve pas dans la bible, ou encore l'anglais "easter" qui fait référence au levant solaire.
"Détail" intéressant: dans ce culte printanier de Mésopotamie, les populations païennes pleuraient un vendredi après une période de jeune la mort du dieu Thammuz (nom local d'Osiris) en se tournant vers le Nord, avant de célébrer sa résurrection le dimanche en se tournant vers l'Est du soleil levant (résurrection que "l'Eternel" juge alors être une "abomination" (Éz échelle 8-15). Cette histoire se répète dans la théologie chrétienne tandis que sa symbolique païenne se perpétue par exemple dans l'orientation orientale des églises ou leurs symboles négatifs positionnés sur la façade Nord).
Quant aux oeufs décorés, dont la tradition pré-chrétienne est elle aussi attestée par les chroniqueurs et les archéologues, ils font référence à la déesse Astarté qui est née d'un oeuf tombé du ciel, poussé sur le rivages par des poissons avant d'être couvé par des colombes (cf l'historien Alexandre Hislop "les deux Babylones"). Ce culte est associé à celui de Beltis la déesse des cieux dont on retrouve des équivalents avec le culte de Bel dans le celtisme par exemple...
Et c'est sur les bords de cette mer Noire pu nous nous battons que les archéologues ont trouvé les plus vielles traces d'oeufs décorés, datant de plusieurs milliers d'années avant l'ère chrétienne.
Autant de preuve qu'il existe bien un sacré universel qui malheureusement dégénére au fil de ses expressions dogmatiques religieuses et ecclésiastiques jusqu'à formuler à travers les prosélytismes hégémoniques de l'Histoire, comme le christianisme romain d'hier ou l'Islam politique d'aujourd'hui, le contraire de son message originel.
Tout cela pour vous essayer de vous dire que les déclinaisons du sacré universel, tant détournées par des idéologies ecclésiastiques universalistes, ignorantes et intolérantes (et sécularisées depuis dans le domaine politique), devraient dépasser leurs apparentes différences pour retrouver dans une herméneutique universelle, leurs vraies racines et le sens authentique d'une communion humaine originelle en harmonie avec la Nature, les dieux et "les pâques" de la Tradition.
Bonnes fêtes de Pâques à toutes et à tous dans l'amour du "sol invictus"... et de toutes ses anthropomorphisations divines et humaines !
Erwan Castel