L'Ukraine a changé de pantin


Le résultat des élections présidentielles ukrainiennes ne s'est pas fait attendre, confirmant les pronostics, les sondages et les résultats du 1er tour : le comédien Zelensky est capitaine de l'épave Ukraine. 


Les premiers résultats non officiels: "Ze": 73,2% - "Poro": 25,3%

Même si on observe la variation maximale pouvant exister avec les résultats définitifs, soit de l'ordre de 5% environ, cela reste une victoire écrasante de Zelensky sur Porochenko ou plus exactement un désaveu cinglant pour ce dernier qui a mené son pays dans un effondrement total et n'a pas su garantir un quelconque processus de paix dans le Donbass.

Même si ces élections ont été l'occasion d'une condamnation populaire de sa politique et sa personne, la victoire d'un comédien inconnu du monde politique et sans aucune expérience dans le domaine reste un mystère qui est symptomatique selon moi de la détresse dans laquelle se trouve l'Ukraine et des réseaux existants autour de lui et sans lesquels il était impossible de le propulser aussi haut et les soutiens qu'il a reçu de Washngton et Paris par exemple pendant la campagne le prouvent.

Il est également probable, comme pour le Maïdan où on les voit apparaitre clairement dès fin décembre 2013, que ces soutiens occidenatux à Zelensky (qui hier copptaient Porochenko) se dévoilent rapidement lorsque leur nouveau poulain consommable rebcontrera des difficultés dans l'exercice de son pouvoir et de leur politique colonialiste en Ukraine.

En attendant, un nouveau pantin est arrivé à Kiev, plus jeune, plus frais, plus séduisant... tout comme Macron, cet autrelaquais de la haute finance capitaliste.

Car je ne pense pas qu'il faille pour autant s'attendre à un changement dans la politique, la situation de l'Ukraine et surtout dans la guerre qui sévit toujours dans le Donbass et qui ici nous interesse au premier plan car elle catalyse autour d'elle tous les autres problèmes nationaux ukrainiens et la crise majeure que connaissent les relations entre Moscou et Washington.

On a vu dans des précédents articles (ici et ) que Zelensky, tout en prétendant en surface vouloir relancer les accords de paix signés à Minsk en février 2015, ne veut pas entendre parler de statut spécial pour le Donbass ou d'amnistie pour celles et ceux qui ont participé au conflit séparatiste, alors que ces 2 points sont justement des piliers du processus de paix proposé et non des moindres !

Ceci est certainement révélateur de réalité d'une marge de manoeuvre quasiment nulle que ce réquisitoire électoral contre Porochenko vient de donner à son opposant Zelensky qui doit jouer avec : 
  • une opposition nationaliste minoritaire mais radicale et qui veut la guerre contre les russes et les russophones,
  • une opposition plus large qui a du poids économique et de l'expérience politique et qui veut poursuivre les objectifs russophobes du Maïdan,
  • des occidentaux qui ont imposé à l'Ukraine une dépendance économique vitale à leur économie et qui veulent l'intégrer dans l'UE et l'OTAN,
Si on rajoute des paramètres comme l'effondrement économique, l'inexpérience politique et surtout une guerre dans le Donbass ou la situation bloquée empêche toute forme de dialogue diplomatique réel, tant que Kiev 
  • ne respecte pas le cessez le feu et l'interdiction des armes lourdes sur le front...
  • viole la neutralité de la "zone grise" provoquant des zones de contact entre belligérants,
  • refuse le dilaogue direct avec les Républiques de Donetsk et Lugansk maintenant le conflit enlisé.
Or si Zelensky, s'engage à résoudre seulement un de ces trois points cela sera interpérté comme un abandon du terrain aux séparatistes du Donbass, et une trahison envers l'Ukraine et ses promesses d'y ramener le Donbass et la Crimée.

Du coup Zeensky ne varie pas dans le discours concernant le Donbass et prétend vouloir renouer des négociations directes avec la Russie, mais qu'il qualifie "ennemie de l'Ukraine". De plus, en appelant lors de sa première intervention présidentielle (en anglais svp), les anciennes Républiques socialistes soviétiques à suivre l'exemple de l'Ukraine et d'engager à leur tour leur occidentalisation, on en peut pas vraiment dire que Zelensky crée une rupture dans la doxa bellisiciste de son prédécesseur !

Les prochaines semaines vont être d'autant plus décisives que : 
  • d'une part, les ukrainiens ne se laisseront pas berner une deuxième fois pendant 5 ans par des promesses et des écrans de fumée présidentiels à répétition et demanderont des résulats concrets dans l'année.
  • d'autre part, les occidentaux refuseront de se voir retirer de la gueule de l'OTAN l'os ukrainien qu'elle a commencer à ronger et perdre tous les contrats militaro-industriels obtenus en retour de leur soutien au Maîdan et à leurs perfusions ultérieures


Je pense pour ma part que Zelensky est aujourd'hui un roi sans trône qui a le choisx entre 3 destinées politiques qui ne sont finalement que des déclinaisons légèrement différentes de la même stratégie définie par les USA : 
  1. Celle d'un Saakaschvili zélé qui, lorsqu'il était président fantoche de la Géorgie a voulu être plus américain que les américains eux mêmes et se lançant dans une aventure militaire désastreuse contre la Russie.
  2. Celle d'un Trump qui pérore et clabaude qu'il va tout changer mais qui au final tire même sur la laisse de ses maîtres esclavagistes qui continuent à mener le monde sur le chemin d'une guerre contre la Russie.
  3. Celle d'un Porochenko qui se contente de suivre la feuille de route des occidentaux et de soumettre l'Ukraine à leur ploutocratie et leur volonté de guerre avec la Russie, en échange d'un engraissement personnel. 

Il faudrait de la part de Zelensky réaliser un revirement total de la politique étrangère ukrainienne en reconnaissant les référendums de Crimée et du Donbass et en restituant à ce dernier les territoires occupés par son armée, pour amener paix et prospérité à l'Ukraine. Mais ceci reviendait pour le clown à terminer sa carrière sous les tirs d'un nationaliste ukrainien à qui la CIA aura fourni les balles.

On va donc probablement continuer comme aujourd'hui dans une guerre larvée et sanglante, après peut-être un petit temps de pause post électorale, jusqu'à ce que cette guerre inévitable entre Kiev et Moscou éclate enfin et permette à l'Ukraine de revenir dans la zone d'influence russe qui correspond à son identité réelle.

Quant à Porochenko, responsable du mur de tués qu'il a dressé entre le Donbass et l'Ukraine, trahissant par cette guerre criminelle les promesses qui l'avaient porté au pouvoir en 2014, il va maintenant se battre pour trouver en Ukraine ou dans l'Union Européenne une immunité parlementaire pour continuer d'échapper à un tribunal et sa condamnation pour crimes de guerre.

Peu importe sa fuite juridique ou physique, car sa corde qui est déjà tressée est patiente... 


Erwan Castel



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