Jean Mabire, passeur de mémoire
"Nous ne changerons pas le monde,
il ne faut pas se faire d'illusions,
ce n'est pas nous qui allons changer le monde,
mais le monde ne nous changera pas."
Jean Mabire
Certaines lectures passées résonnent à nouveau dans ma mémoire à l'aune du présent et surtout de cet engagement sur le front militaire du Donbass entamé il y 3 ans.
Il y a 12 printemps, un 29 mars 2006, disparaissait à Saint Malo Jean Mabire, un gardien de l'âme européenne et éveilleur de consciences.
Ses livres furent sur la table de chevet de ma jeunesse, ces belles années où je croyais le Monde à la portée de mes rêves, sans deviner que plus tard le souvenir de ses écrits allait m'aider à y surmonter les difficultés et même les échecs. De Jean Mabire, beaucoup plus que ses livres d'histoire militaire remontant le couranr d'une historiographie borgne, ce sont ses essais métapolitiques et sa quete spirituelle qui ont le plus semé dans mon coeur.
Et mon âme européenne et païenne, s'est manifestée pour la première fois et explicitement en lisant l'incontournable "Thulé, où le soleil des hyperboréens"
Avec mon père et le vent caressant les vieilles pierres taillées de Bretagne, avec Louis Pauwels, Jean Markale, Xavier Graal, Milig ar Skañv, Antoine de Saint Exupery, Ernst Jünger, Marc Aurèle, Elie Denoix de Saint Marc et tant d'autres, Jean Mabire fut donc pour moi un initiateur, un briseur de dogmes et un libérateur de conscience formidable.
Aujourd'hui, depuis le front des steppes du Don, cet avant poste de valeurs civilisationnelles menacées par le monde moderne, je veut lui rendre hommage car il est un artisan majeur, avec René Guénon et Alain de Benoîst et Dominique Venner, de cette identité européenne qui, au milieu de l'obscurantisme judéo-chrétien et des absolutismes politiques, a ouvert le chemin de mon coeur jusque dans le Donbass rebelle.
Lorsque Jean Mabire s'éteint, son souvenir reste allumé, vif et élevé dans les coeurs où il a semé en héritage le rêve hyperboréen, car "la Tradition ce n'est pas remuer les cendres mais transmettre la flamme"
Erwan Castel
"Nos ancêtres ont refusé de croire à la mort du soleil. Ils portaient au cœur la certitude du printemps. Ils savaient que la vie continuait, que les fleurs allaient crever la neige, que les graines germaient sous la glace, que les enfants allaient prendre leur part d'héritage et que leurs clans et leurs tribus allaient conquérir toutes les terres dont ils avaient besoin pour vivre, toutes les mers dont ils allaient faire leur domaine sans limites.
Notre monde est en train de naître. Invisible comme les fleurs et les blés de demain, il fait son chemin sous la terre. Nous avons déjà nos racines, solidement enfoncées dans la nuit des âges, ancrées dans le sol de nos peuples, nourries du sang de nos anciens, riches de tant de siècles de certitude et de courage que nous sommes les seuls à ne pas renier. Nous sommes entrés dans un hiver intégral où l'on oblige les fils à avoir honte des hauts faits de leurs pères, où l'on préfère l'étranger au frère, le vagabond au paysan, le renégat au guerrier. Nous sommes entrés dans un hiver où l'on construit des maisons sans cheminée, des villages sans jardins, des nations sans passé. Nous sommes entrés dans l'hiver.
Nous sommes quelques uns qui travaillons au retour du printemps."
Jean Mabire