Histoire d'eau sur le front
087
La vie sur le front est rustique, se limitant à l'essentiel de la survie : eu nourriture et chauffage pendant la période froide. L'eau est un élément essentiel et quotidien autour duquel sont organisées des corvées quotidiennes et des soins attentifs de chacun.
Samedi 10 mars 2018
Pour nos missions sur le front de Yasinovataya, si nous emportons avec nous des vivres permettant de tenir les plusieurs jours de leurs durées, en revanche le bois, le charbon et l'eau sont l'objet de fréquentes corvées de ravitaillement réalisées juste à l'arrière de nos positions.
L'eau par exemple est récupérée dans une ancienne zone résidentielle secondaire aujourd'hui entièrement dévastée mais où un point d'eau courante a pu être restauré.
Le thé qui est bu en permanence jour et nuit et la cuisine nous imposent un ravitaillement en eau au minimum tous les trois jours. Généralement, nous profitons d'une accalmie ou de l'obscurité pour accéder à ce point d'eau qui est partagé avec les autre unités du secteur, que nous rencontrons d'ailleurs essentiellement à l'occasion de ces corvées.
C'est l'occasion également de se dégourdir les jambes et au retour de faire un peu de sport avec les sacs chargés des bouteillons d'eau.
Autour du point d'eau que marque une zone piétinée, tantôt boueuse tantôt verglacée, se dressent les squelettes des datchas qui, il y a peu de temps abritaient encore les rires d'enfants et les des chats.
Aujourd'hui, dans le silence gelé des ruines résiste, fragile et caché, le chant de l'eau mais autour duquel survit l'espérance invincible de voir un jour la paix et la vie renaître des cendres de la guerre.
Erwan Castel
Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du Front