La tactique du sacrifice

L'armée ukrainienne a tenté de prendre le village de Spartak

Tandis que les bombardements ukrainiens continuent de s'intensifier de jour en jour depuis la fin de la "trêve des confiseurs" sur la ligne de front (plus de 900 violations ukrainiennes du cessez le feu hier), les assauts terrestres contre les défenses républicaines  ont également repris...


Dans la nuit du 7 au 8 janvier, Kiev a tenté une nouvelle fois de percer les lignes républicaines dans le secteur de Kalinovo (au Nord de Debalsevo), comme chaque semaine depuis le 18 décembre 2016.

Hier soir, profitant de la nuit, le Commandement ukrainien a lancé une unité contre les défenses du village de Spartak, situé à l'Est de l'aéroport de Donetsk. Cette nouvelle attaque de Kiev qui constitue une violation flagrante des accords de Minsk qui demandent de maintenir la ligne de démarcation actuelle, a été repoussée par les soldats républicains déployés dans ce secteur, et qui ont provoqué de nouvelles pertes dans les rangs des assaillants ukrainiens.

Vers 18h45, les forces ukrainiennes ont engagé une préparation d'artillerie avec des mortiers lourds de 120 mm qui a été par un assaut d'une première section contre les positions républicaines qui ont été forcé de riposter pour repousser les assaillants. Ces derniers ont subi plusieurs pertes (au minimum 2 tués et 3 blessés) avant d'abandonner leur offensive. Du côté républicain on ne déplore q'un seul blessé.

Spartak fait partie des zones très sensibles du front devenu "zone de contact" depuis la reprise de l'aéroport par les forces républicaines en janvier 2015. Il est le pilier Est de la Zone aéroportuaire, d'autant plus vitale à la défense de cette dernière que le village de Peski situé à l'Ouest de la piste aéroportuaire, qui était il ya 2 ans coupé endeux par la ligne de front est aujourd'hui aux mains des ukrainiens (le front s'est déplacé plus au sud de ce village vers une zone industrielle baptisée "Volcvo Center")


Le combat d'hier soir fait partie de la stratégie globale engagée régulièrement par Kiev depuis le mois de juin 2016 et qui consiste a investir progressivement la zone grise séparant les deux belligérants jusqu'au contact direct (pour ne pas dire physique) avec les positions républicaines, qui sont aujourd'hui dans de nombreux secteurs à moins de 500 mètres des postes avancés ukrainiens (soit à portée de tir des armes légères d'infanterie).


Une stratégie de crapaud sacrificateur

Oleksandr Tourtchinov qui déclencha en avril 2014 la guerre contre le Donbass, continue aujourd'hui à parrainer cette cynique "Opération Spéciale Antiterroriste" en tant que Secrétaire du Conseil de Défense et de Sécurité nationale, déclarait en décembre 2016. "Mètre par mètre, nous commençons à libérer le territoire occupé. Je suis convaincu que l'année 2017 sera un tournant à cet égard".

Lorsqu'en mars 2016 les ukrainiens se lancent à la conquête de la zone neutre entre Yasinovataya et Avdeevka au Nord Est de Donetsk, ils constatent que leur violation territoriale au niveau internationale n'a pas plus provoqué d'émoi que leurs violations quotidiennes du cessez le feu, et même a eu pour conséquences : 
  • de mobiliser et fixer à cet endroit du front des renforts républicains pour défendre le carrefour Donetsk/Makeevka/Gorlovka; 
  • de menacer l'axe Donetsk-Gorlovka (dont un tronçon a du être condamné, et des infrastructures communautaires comme des stations d'épuration d'eau.
  • d'envelopper plus au Nord et vers l'Est le front de Spartak qui est un des pivot de la défense de l'aéroport.
Depuis cette stratégie composé de petites assauts tactiques limités dans le temps, la profondeur et les moyens engagés s'est généralisée depuis le front Sud (secteur de Shirokino) jusqu'au front Nord (secteur de Svitlodarsk), et ce ne sont pas moins d'une demi-douzaine de segments de cette ligne de front qui sont aujourd'hui devenus des "zone de contact" suite à l'invasion par les troupes ukrainiennes de la zone neutre.

Avant la trêve de Noël, une attaque ukrainienne importante avait été déclenchée depuis Svitlodarsk au Nord de Debalsevo et au prix de lourdes pertes permis à Kiev de grignoter quelques centaines de mètres ainsi que d'occuper Novoluganskoe localité de la zone neutre.

Depuis le début de l'année les ukrainiens ont renforcé leurs dispositifs sur l'ensemble du front et particulièrement dans les secteurs "chauds" où les combats sont quasi permanents comme (du Nord au Sud) : Kalinovka (Nord Debalsevo) Zaitsevo (Nord Gorlovka) Yasinovataya (Nord Donetsk) Marinka (Ouest Donetsk) Dokuchaievsk (Sud Donetsk) Kominternovo et Shirokino (Sud DNR), comme ici à leninskoe un petit village situé sur ce front Sud :

Combats dans le secteur du  le village de Leninskoye
Près de Shirokino dans le Sud de la république de Donetsk
Des experts militaires ukrainiens, que le ridicule ne semblent pas intimider, ont même baptisé cet type d'opération  offensive réalisée à un échelon tactique "zhab'yachі stribki" ("saut de crapaud")... Le fait est que ces assauts limités, qui ressemblent plus à des "reconnaissances offensives" (opérations visant à définir précisément le dispositif d'un ennemi et ses protocoles réactifs, "QRF" (timing-forces-lieux etc...) qu'à une véritable attaque de conquête avec des moyens et des objectifs stratégiques conséquents, occasionnent systématiquement des pertes importantes pour l'armée ukrainienne sans faire bouger globalement la ligne de front.

Dans "l'art de la guerre", depuis la défense des abris roches jusqu'aux tranchées inondées, l'assaillant subit généralement toujours plus de pertes que les défenseurs retranchés (sauf quelques contre-exemples d'opérations spéciales ou aéroportées) aussi un assaut doit opposé toujours une force beaucoup plus nombreuse pour espérer enlever son objectif, 3 contre 1, 5 contre 1 voir 6/7 contre 1 dans le cadre des combats en zones urbaines qui sont particulièrement difficiles et meurtriers.

Or, hier soir à Spartak, alors que les unités républicaines sont solidement organisées sur un réseau de tranchées, de bunkers et de postes d'observation avec de l'équipement radar et nocturne, les ukrainiens ont lancé une seule section d'infanterie, divisée en 3 axes de groupes et après une courte préparation réalisée aux mortiers de 120mm... Autant dire qu'il ne manquait qu'un prêtre aztèque pour présider au sacrifice !

Pour une prise de Spartak il aurait fallu minimum l'effectif d'un bataillon avec une force de réserve et un appui d'artillerie lourde pour préparer l'assaut mais aussi faire barrage à d'éventuels renforts dans la profondeur... 
Au lieu de cela c'est une section d'infanterie qui a été jetée sur des positions retranchées dans une sorte de reconnaissance offensive qui n'a pas du lui ramener un seul renseignement que son commandement ne connaissait déjà depuis 2 années de face à face !

Alors quels peuvent être donc les objectifs de ses assauts suicidaires ?
  • Réaliser une pression progressive du front espérant qu'il finisse par craquer un jour
  • Provoquer les républiques pour une contre-attaque qui sera aussitôt dénoncée
  • Fixer le maximum des forces de réserves des républiques sur des zones de contact
  • Réveiller les unités d'assaut ukrainiennes menacées par la léthargie des tranchées
  • Saboter le processus de paix en créant des zones de contact au cessez le feu difficile
  • Alimenter une propagande victimaire avec des pertes inputées aux actions de la DNR
  • etc...
Ce qui est sûr c'est que les résultats pour Kiev sont sanglants : tués, blessés, destruction de véhicules blindés, sans compter les vagues de désertions que provoquent ces "victoires à la Pyrrhus" (encore 6 pour la seule journée d'hier).

Du côté républicain, même si le front tient et que les pertes sont limitées, la situation devient cependant de plus en plus difficile dans ces zones aux lignes rapprochées et où respecter un cessez le feu tient du miracle. La pression exercée par Kiev risque de provoquer une usure progressive des défenses, comme on a pu l'observer sur Yasinovataya et menacer des points stratégiques importants (carrefours, usines, axes routiers ou ferroviaires etc...), et il y aura forcément un moment où l'adage universel "la meilleure défense c'est l'attaque" devra être inscrit à l'ordre du jour des opérations républicaines !

A 10 jours seulement de l'investiture de Trump, et à l'image de leurs parrains de Washington et de leurs délires hystériques russophobes, les "ukrops" semblent eux aussi décidés à augmenter leur politique du pire et a lancer de nouveaux assauts contre le Donbass rebelle...

Le front du Donbass est donc redevenu très sensible et d'autant plus dangereux que Kiev semble risque de vouloir imposer à la future équipe une "politique du fait accompli" que l'administration Obama, dans un dernier accès de rage russophobe (déploiement de la 4ème Division US en Europe, accusations d'ingérence russe dans la campagne présidentielle américaine, etc...), la pousse à réaliser ( visites de Mac Cain et Biden par exemple)...

Donc comme on dit du côté de Donetsk, Yasinovtaya, Debalsevo ou Washington : "Wait and see !"

Erwan Castel, volontaire en Novorossiya




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