Joyeux Noël !

Ce feu sacré, au coeur de la force du Donbass

Cette nuit, les orthodoxes fêtent la naissance du Christ...

Denis Pushilin, le Président du parlement de la DNR, dans la cathédrale de Donetsk

Si personnellement je suis retourné aux racines païennes de l'Europe, je n'en reste pas moins sensible et profondément respectueux vis à vis de la Foi, ce dynamisme spirituel et caractère humain universel, qui pousse les hommes à élever leurs consciences et confier à travers les âges aux feux sacrés de leurs traditions, à la fois leurs craintes et leurs espérances.

Dans le Donbass que je suis venu soutenir depuis la lointaine Guyane, je côtoie depuis 2 ans un peuple à la fois humble et glorieux qui résiste à l'une des pire ignominies que l'Europe ait connu depuis la fin de le seconde guerre mondiale et qui a fait au minimum 10 à 20 000 morts en 3 ans de guerre insensée menée par un régime ethno-centré et russophobe installé à Kiev par les occidentaux.

Après avoir servi dans les rangs de l'armée républicaine pendant une année, j'ai décidé de poser mon sac à dos à quelques centaines de mètres de l'aéroport de Donetsk, dans ce quartier d'Oktyabrsky continuellement bombardé depuis le début de la guerre, et j'avoue que chaque jour y est pour moi une expérience de vie exceptionnelle. 
Par exemple, au début du mois de décembre, alors que je rentrais chez moi, des obus de mortier de 82mm tirés par l'armée ukrainienne sont tombés au bout de la rue, frappant encore au hasard ce quartier pourtant vide d'objectifs militaires (les premières positions sont à 600 mètres). A ce moment précis, tandis que ma tête rentrait instinctivement dans mes épaules courbées, je croisais ma voisine, une babouchka de 81 ans, qui tout en se signant et jetant un œil vers le ciel continua quant à elle son chemin tranquillement en me lançant même un grand sourire...  

Si je devais garder une seule image de la foi religieuse qui brûle dans le coeurs des gens du Donbass, loin de la foule des icônes dorées capturant la lumière sous les frondaisons lumineuses des églises orthodoxes, ce serait certainement celle de cette vielle femme au corps vulnérable mais dont l'esprit est devenu invincible par des siècles de traditions préservées au sein des familles traversant les tempêtes de l'Histoire...

Il m'arrive souvent d'aller respirer cette Foi orthodoxe dans les ruines d'Iversky, ce monastère aux murs stigmatisés devenus silencieux mais où elle restée intacte, et qui incarne plus que jamais cet incipit de "La colline inspirée" ce roman historique que Maurice Barrès entame par « Il est des lieux où souffle l'esprit ». Je me glisse parfois aussi dans le silence des églises, admirant dans leur décoration comme dans leurs rituels la préservation intacte de la dimension magico-religieuse sans laquelle le sacré ne peut transcender et la religion est vide de sens...

Le polythéiste que je suis ira probablement demain se coller au mur de cette église qui miraculeusement à survécu aux bombardements quand autour d'elle brûlait le quartier de la gare de Donetsk. J'y écouterai sans les comprendre ces chants polyphoniques millénaires dont la seule mélodie élève ce que nous appelons l'âme au dessus des souffrances et des craintes de la vie. 

Car je salue du fond du coeur ces femmes et ces hommes du Donbass en ce jour qui leur est sacré, conscient que cette foi qui est ancrée dans leurs coeurs rebelles, leur donne à chaque instant la force et l'espérance qui les conduiront à la victoire.

C'est dans cet esprit de communion volontaire et dénuée de toute soumission et curiosité, que je souhaite à tous les orthodoxes qui m'ont accueilli ici dans le Donbass un merveilleux jour de Noël illuminé par des voeux partagés de paix et de justice qu'ils défendent depuis 3 ans bientôt avec honneur et humilité dans les vents violents de l'Histoire.

Erwan Castel, volontaire en Novorossiya

Joyeux Noël !
С Рождеством Христовым!


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