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Les cadeaux de Macron continuent à tuer des civils russes |
Durant le mois de juin, les forces ukrainiennes ont mené des campagnes quotidiennes de bombardements meurtriers sur les zones résidentielles de Donetsk, Makeevka, Yasinovataya et Gorlovka utilisant, parmi les nombreuses munitions tirées, de nombreux obus de155mm, donc de l'OTAN et parmi lesquels des obus français des canons Caesar livrés à l'Ukraine par Macron.
Puis il y a 10 jours environ, ces bombardements intensifs où plusieurs centaines d'obus et de roquettes s'abattaient sue les centres villes républicains, faisant des dizaines de victimes, ont brutalement diminués jusqu'à une demi douzaine de tirs quotidiens et sur les périphéries urbaines, Et les 155mm de l'OTAN avaient même cesser de faire entendre leurs détonations sèches à l'horizon de Donetsk...
- Batteries détruites par les russo-républicains avec leurs contre-batteries et aviation d'attaque?
- Artillerie lourde ukrainienne à court de munitions ou les réservant pour les vrais combats?
- Brigades d'artillerie déplacées en urgence vers un front Nord en train de s'effondrer?
- Demande de l'OTAN de ne pas utiliser ses armes au milieu des civils et surtout des journalistes?
Peut-être un peu des 4 hypothèses...
En tous cas cette légère accalmie dans les bombardements ukrainiens semble être terminée car le 1er juillet 2022 de nouveaux bombardements ukro-atlantistes ont frappé les cités républicaines toute la journée, avec notamment du 155 mm occidental dont plus de 100 obus ont été tirés sur Donetsk, Makeevka et Yasinovataya :
Bombardement ukrainien de Donetsk le 1er juillet 2022
Voici au milieu des tirs habituels de 120mm, 122mm,152mmm et 220 mm (plus de 200 munitions) de l'arsenal classique ukrainien les tirs des canons de l'OTAN fournis à l'Ukraine:
- 04:00 - de Lastochkino sur Novobakhmutovka : 5 obus de 155 mm
- 08h00 - de Avdiivka sur Yasinovataya : 5 obus de 155 mm
- 09:15 - de Avdiivka sur Yasinovataya : 5 obus de 155 mm
- 10:20 - de Avdiivka sur Yasinovataya : 5 obus de 155 mm
- 10:55 - de Avdiivka sur Yasinovataya : 5 obus de 155 mm
- 11:25 - de Avdiivka sur Yasinovataya : 5 obus de 155 mm
- 11:45 - de Peski sur Donetsk (district de Kyivky) : 5 obus de 155 mm
- 12:00 - de Peski sur Donetsk (district de Kyivky) : 5 obus de 155 mm
- 15:00 - de. Pervomaiskoye sur Donetsk (district de Kuibyshevsky): 10 obus de 155 mm
- 15:15 - de Pervomaiskoye sur Donetsk (district de Kuibyshevsky): 10 obus de 155 mm
- 16:40 - de. Avdiivka sur Yasinovataya : 5 obus de 155 mm
- 16:45 - de Novomikhailovka sur Donetsk (district de Petrovsky) : 10 obus de 155 mm
- 16:45 - de Avdiivka sur. Makeevka (district de Gornyatsky) : 5 obus de 155 mm
- 17:40 - de Novomikhailovka sur Donetsk (district de Petrovsky) : 5 obus de 155 mm
- 17:45 - de Avdiivka sur Yasinovataya : 5 obus de 155 mm
- 18:00 - de. Avdiivka sur Yasinovataya : 5 obus de 155 mm
- 18:00 - de Avdiivka sur Makeevka (district de Chervonogvardeisky) : 5 obus de 155 mm
- Etc....
La famille ukro-atlantiste des 155 mm
Dans le cadre de la normalisation atlantiste de son armée, Kiev a dirigé l'évolution de son artillerie issue de l'arsenal soviétique vieillissant vers des systèmes d'armes et des munitions modernes.
Le 155 mm est le calibre roi de l'artillerie de l'OTAN, notamment par la gamme immense de ses obus qui peuvent répondre à tout type de missions, percutant, fusant, incendiaires, chimiques, antipersonnel, antichar, électromagnétique etc. et même nucléaire tactique. De plus ces dernières années le complexe militaire industriel occidental a développé dans ce calibre des munitions autopropulsées (disposant d'une fusée qui, après la propulsion initiale de l'explosion du tir permet d'augmenter la portée de la munition), des munitions guidées (via GPS) jusqu'à des obus à sous munitions intelligentes capables par exemple de repérer et se diriger ver des blindés). Bien sûr beaucoup de ses obus spéciaux sont hors de prix et donc en trop faible quantité pour influencer significativement un conflit de haute intensité et symétrique qui réclame un emploi massif et soutenu des appuis feu.
C'est donc pourquoi, parmi les milliers d'obus occidentaux de 155mm déjà utilisés sur le front ukrainien (un millier rien que dans le secteur de Donetsk), moins d'une centaine d'obus spéciaux ont été employés.
Le système d'artillerie principal occidental fourni à l'armée ukrainienne et en quantité non négligeable est le M777 étasunien qui est un obusier tracté de 155mm dont plus d'une centaine a été fourni à l'Ukraine par les États-Unis, l'Australie et le Canada.
M777 étasunien en Ukraine. Portée maximale 40 km
Cadence de tir, env. 4 coups / minute
Mais dans la configuration d'un champ de bataille numérisé, où l'emploi important des drones d'observation permet de géolocaliser rapidement une batterie ennemie, ces armes tractées lentes à manœuvrer et mettre en batterie sont très vulnérables aux ripostes terrestres ou aériennes qui peuvent frapper de plus en plus rapidement. De plus le chargement manuel de l'arme limite sérieusement sa cadence de tir.
Voilà pourquoi l'OTAN essaye plutôt d'envoyer à l'Ukraine de ses obusiers modernes, automoteurs ou montés sur camion, dont la mobilité, les systèmes de tirs numérisés et les chargement automatisés permettent des mises en batterie et décrochages des points de tir très rapides tout en assurant un bombardement minimum.
Quelques uns des obusiers de 155 mm que l'OTAN fournis aux forces ukrainiennes:
ASH krab polonais, 18 minimum donnés à Kiev qui en a
commandé 54 autres à Varsovi. A noter que cet obusier
est équipé d'un canon français Nexter (portée 40 km)
PzH 2000 allemand, Environ 12 déjà livrés par les Pays Bas
et l'Allemagne qui en prévoit 100 pour l'Ukraine (portée 56km)
M 109 HowitzerA3GN de fabrication étasunienne. 22 ont
été livrés à l'Ukraine par la Norvège (portée 30 à 40 km)
SpGH "Zuzana" slovaque. Ce canon de 155mm (portée 40
km) Bratislava a déjà livré à Kiev 8 des 16 obusiers prévus
dans la première livraison pour le front ukrainien
Canon français CAESAR de 155mm montés sur camion
Paris en a déjà livré 18 à l'Ukraine et prévoit de continuer.
Canon Nexter d'une portée de 40 à 50 km selon les obus.
Ici l'arrivée du deuxième lot de CAESAR en Ukraine.
A ces obusiers il faut rajouter bien sûr l'approvisionnement en munitions dans laquelle les pays livrant les armes mais aussi d'autres pays de l'OTAN tentent de fournir, mais en vain, aux forces armée ukrainiennes des moyens de rivaliser avec l'écrasante puissance de feu russe. Ainsi les USA qui sont le plus gros fournisseur d'armes et de munitions à l'Ukraine (25 milliards de dollars à ce jour) ont annoncé l'envoi de 200 000 obus de 155mm pour le mois de juillet ce qui correspond à... 4 jours de consommation du côté de l'artillerie russe !
Ces aides occidentales tout aussi médiatiques qu'elles sont ne peuvent cacher leur insignifiance numérique et pire leur diversité d'origine complexifie leur maitrise opérative et leurs maintenances et approvisionnements logistiques.
Quelques problèmes temporels, organisationnels et techniques :
- Formations longues des servants par les pays fournisseurs, sur des bases nationales comme Canjuers en France) ou des bases de l'OTAN en Allemagne notamment,
- Acheminement des aides occidentales par des réseaux et dépôts longs et impactés par les bombardements russes,
- Approvisionnement en munitions et pièces de rechanges spécifiques à chaque matériel, avec spécialisations des dépôts et mécaniciens,
Le résultat est que ces aides occidentales n'auront aucun impact décisif sur le cours des opérations militaires et que probablement elles disparaîtront dans la fournaise des bombardements russes et la débâcle ukrainienne.
Ensuite une avalanche de problèmes consécutifs à ces aides apparait dans les pays européens, soumis eux-mêmes à l'OTAN, car ils ne peuvent satisfaire le caractère urgent des demandes ukrainiennes sans puiser dans leurs propres arsenaux nationaux et des budgets déjà exsangues. Ainsi de la France qui n'avait que 119 canons Caesar disponibles en avril (entre le stock industriel et son parc militaire) mais qui en a livré 18 et veut continuer de se saigner pour les bandéristes de Kiev quand la fabrication d'un seul canon demande 9 mois et que les capacités actuelles de productions ne dépassent pas 10 unités par an.
Pour quels résultats ?
Il est clair que les obusiers de 155mm connaissent des succès tactiques ici et là de par leurs performances de portée et précision, mais dans une efficacité tellement locale et éphémère que leur engagement médiatiquement mythifié n'est finalement que politique et industriel car il flatte le sacrifice ukrainien et remplit les carnets de commande des industriels occidentaux.
Là où les 155mm occidentaux sont réellement performants c'est dans les crimes de guerre perpétrés par l'artillerie ukrainienne contre les populations du Donbass !
Et ça continue : bombardements ukrainiens sur
les quartiers Nord de Donetsk le 2 juiller 2022
Mais qu'attendent donc les populations européennes pour descendre dans la rue et exiger de leurs gouvernements de droite ou de gauche, si nécessaire par la force, de ne plus les entraîner dans cette défaite inévitable du régime bandériste ukrainien ?
Le retour d'Ukraine dans des cercueils de soldats finlandais, allemands, polonais ou français ?
Peut-être mais alors il sera trop tard !
A propos des canons CAESAR capturés
Pour finir une mise pont concernant le buzz propagandiste réalisé autour de la prétendue capture de canons CAESAR par la Russie :
Depuis plusieurs jours, une rumeur circule concernant 2 obusiers CAESAR tombés entre les mains des forces russes. Malheureusement cette bonne nouvelle n'a pas été confirmée de façon incontestable par des preuves visuelles mais juste par des messages croisés sur des réseaux sociaux et caricaturés par des sites propagandistes par définition peu fiables (comme "Donbass Insider" par exemple)
Après avoir affirmé que 2 CAESAR ont été capturé par les russes, ce qui est très peu crédible vu que cette artillerie opère au minimum à 20 km à l'arrière du front sur des positions éphémères (10 minutes maximum), la version a ensuite évolué vers une vente réalisée par un réseau de contrebande pourri comme il en existe partout en Ukraine. Mais sincèrement, même si cette hypothèse est un peu plus plausible, je ne la crois pas très crédible car au vu du caractère politique et militaire sensible de ces aides occidentales, ces obusiers de 155mm dont Kiev espère en recevoir des centaines d'autres sont logiquement entourés d'une surveillance particulière. Et si une telle corruption était réelle elle ne peut être faite qu'à un haut niveau du commandement militaire ukrainien achetant la complicité de tout une chaîne de responsables et qui n'aurait alors pas demandé la somme ridicule de 120 000 dollars pièce pour des canons coutant 5 millions d'euros l'unité (surtout sachant les risques encourus) !
Quid alors ?
Bien que ne rejetant pas totalement cette hypothèse alléchante, je pense que, si il y a eu effectivement contrebande ukrainienne d'obusier de 155mm vers la Russie, elle pourrait au pire pour Kiev concerner plutôt son tout nouveau obusier de 155mm sur camion "Bohdana" que beaucoup confondent avec le médiatique canon CAESAR :
Obusier de 155mm ukrainien sur camion 2S22 "Bohdana"
entré en service en mai 2022, il est fabriqué sur le modèle
des obusiers sur camion occidentaux comme le Caesar.
Pour comparaison, un 155mm français CAESAR
Pour être un minimum honnête il me parait impératif d'user du conditionnel concernant ce genre d'information et de ne pas se précipiter, comme un larbin sur sa gamelle, sur la moindre rumeur flattant son engagement. Ainsi par exemple de cette vidéo de drone montrant soit disant un canon Caesar détruit sur le front. Si on agrandi l'image, la largeur du véhicule et la longueur du canon ne correspondent pas au CAESAR français mais plutôt à un 2S7 "Pion" de 203 mm (ce qui n'exclut pas la possibilité qu'un CAESAR ait été détruit ailleurs).
Destruction en juin 2022 d'un obusier ukrainien
décrit comme étant un Caesar français.
Lorsqu'on évolue dans le cadre d'un conflit ouvert où le front de l'information est vital il est important de ne pas commettre d'erreur (je ne dis pas ici que je n'en commets pas moi-même) car elles sont aussitôt exploitées par la partie adverse pour discréditer l'ensemble de l'argumentaire. Un exemple récent, et qui concerne toujours l'obusier de 155mm français est l'erreur commise par de nombreux réseaux pro-russes qui ont illustré la livraison documentée à l'Ukraine d'obus français à sous munitions OTR F1 (interdites par la convention d'Oslo) par une photo d'un obus LU 211 non explosé tiré sur Donetsk. Du coup les propagandistes pro-Kiev ont logiquement balayé l'argumentaire et avec lui la criminalité des bombardements sur Donetsk, sur la simple erreur que le LU 211 est un obus classique et non à sous-munitions.
Le renseignement et l'identification militaires, que j'ai pratiqué professionnellement pendant plus de 10 ans, nous apprennent qu'il ne faut jamais se fier à une certitude mais toujours confirmer plusieurs fois, ET SUR LE TERRAIN REEL l'information recherchée ou obtenue (d'où l'importance toujours primordiale des "URH" (unité de recherche humaine) même à l'heure de la guerre électronique). Et en aucun cas se fier aux fantasmes sympathiques mais souvent délirants relayés par les propagandistes de salon.
Tant qu'il n'y aura pas une preuve tangible de la capture de cet obusier français par la Russie (qui pourtant inonde les réseaux de photos de soldats ukrainiens troquant leurs missiles Javelin contre une boite de ration ou de soldats russes au volent de Hummer capturés sur le front etc.) je considérerai cette information comme un mensonge grossier et contre-productif de propagandistes qui n'ont rien à envier à la stupidité de leurs homologues occidentaux.
Erwan Castel