Pour protéger nos rêves d'enfants
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Abraham Sutzkever a dit un jour "qui garde son âme d'enfant ne vieillit jamais" et la guerre qui pourtant semble être aux antipodes de l'innocence, est un lieu où souvent la puérilité côtoie la tragédie...
Et lorsque les pensées du soldat confronté à la solitude des longues gardes aux créneaux et du danger environnant vagabondent sur son chemin parcouru, la neige qui cache les stigmates de la guerre autour de lui l'invite même à la nostalgie des souvenirs d'une enfance innocente.
Mardi 30 janvier 2018
Dans le sourire des hommes revenant du combat, les jeux organisés pour passer le temps entre gardes et corvées, les blagues échangées, les graffitis laissés sur les murs brûlés, souvent des enfants resurgissent dans l'ombre des hommes pour les aider à oublier la fatigue et la mort qui les guettent au milieu des ruines.
Ainsi cet après midi, durant les pauses réalisées pendant l'entretien des tranchées nous avons laissé nos coeurs d'enfants jouer un moment avec la neige, imaginant une nouvelle sentinelle pour protéger les rêves d'autres enfants qui nous attendent à l'arrière du front...
La guerre disait Ernst Jünger "met l'âme de l'Homme à nue" dans tous les secrets de ses souvenirs y compris ceux qu'il pensait avoir perdu dans les vents de l'Histoire.
Mais nous n'avons pas eu le temps pour les traditionnelles boules de neige échangées au milieu des flocons de rire, le nous rappelant sur les créneaux de notre "forteruine" à jouer aux petits bonhommes d'acier tandis que notre bonhomme de neige lui, continue à marquer nos visages du sourire de la Victoire.
Erwan Castel
"Sultan" formant sa nouvelle recrue à la garde de "forteruine" |
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