Appelons "chat" un chat et "terroriste" un terroriste !
Devant la volonté de Kiev de relancer l'escalade entre discours politiques, attaques militaires et laisser faire d'un blocus illégal officiellement à l'initiative des radicaux nationalistes, le Président Vladimir Poutine, qui a patiemment observé depuis 2 ans les interminables violations de Kiev sabotant le processus de Paix, a décidé d'engager une batterie de mesures contraignantes et coercitives pour débloquer la situation et éteindre le feu renaissant d'une guerre ouverte dans le Donbass.
Comme dans toute discussion animée qui tourne en rond et s'envenime, il s'agit pour la Russie de définir exactement la nature des acteurs à l'aune de leurs actions réalisées, et concernant le régime Kiev, de la même façon qu'on appelle "chat" un chat, d'appeler "terroriste" un état qui bombarde délibérément une population civile et engage des actions criminelles clandestines contre un pays souverain...
Erwan Castel, volontaire en Novorossiya
Source, le lien ici : Réseau International
La signification profonde du discours de Poutine
sur le « terrorisme ukrainien »
Par Rostislav Ishchenko
20 février 2017
"Le jeudi 16 février, lors de la réunion annuelle du bureau du Service de Sécurité Fédéral de Russie (FSB), Vladimir Poutine a attiré tout particulièrement l’attention sur la situation au Sud-Est de l’Ukraine. D’après le président, les autorités ukrainiennes aggravent délibérément la situation dans la zone de conflit du Donbass afin de contrecarrer les Accords de Minsk et misent sur une solution militaire au problème.
Le chef de l’État a également souligné que les autorités de Kiev « parlent ouvertement de sabotage organisé et d’actions terroristes subversives, y compris en Russie ».
Un signal pour l’Occident
Il est clair que le travail de contre-espionnage et antiterroriste est au cœur des opérations du FSB. Mais il est également clair que, lorsqu’elles sont rendues publiques, de telles déclarations du président s’adressent principalement à un public externe.
Après tout, la direction du FSB peut être instruite dans le secret. En outre, tout le monde sait que depuis le tout début de la guerre civile en Ukraine, le FSB s’inquiète des tentatives d’amener la guerre en territoire russe. Depuis 2014, la presse a régulièrement été informée de l’arrestation de citoyens ukrainiens et russes tentant d’effectuer, pour les besoins de Kiev, des missions de renseignement sur le territoire russe, et de préparer les attaques terroristes.
Ainsi, la déclaration du président n’était pas destinée à un public russe, mais étranger. Et ce public n’est pas ukrainien. Si l’on voulait faire appel au gouvernement ukrainien, cela se ferait par la voie diplomatique. Et cette déclaration n’est pas non plus une menace de réaction militaire aux provocations ukrainiennes. Sinon, elle aurait été faite au collège du ministère de la Défense ou au Conseil de Sécurité.
Le choix du lieu et du format de cette déclaration indique clairement qu’il s’agit d’un signal envoyé à nos partenaires occidentaux.
Le FSB dispose d’une grande capacité à mener des opérations antiterroristes. Il est bon de rappeler que les actions préventives contre les terroristes et leurs cerveaux sont l’une des composantes principales du travail du FSB et ne se limitent pas forcément au territoire russe.
Bien sûr, leurs opérations sur le territoire d’un autre État sont limitées par des conditions strictes. Pour que les mesures antiterroristes préventives sur un territoire étranger soient justifiées du point de vue du droit international, l’État concerné doit être en état de guerre ou avoir subi une attaque non provoquée.
Il y a aussi un autre scénario, classique au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU : la perte, par un gouvernement intérimaire, du contrôle du territoire d’où viennent les activités terroristes. Toutefois ici, ce scénario ne convient pas, dans la mesure où la communauté internationale ne considère pas le gouvernement de Kiev comme incapable de contrôler la situation sur le territoire de l’Ukraine.
Pourtant, jusqu’à ce jour, Kiev a prétendu que toutes sortes de provocations contre la Russie, y compris sanglantes (en Crimée) venaient d’initiatives d’individus indépendants et a refusé de reconnaître leur appartenance aux agences de sécurité de l’Ukraine. La réaction de la Russie s’est toutefois limitée aux manifestations diplomatiques, à documenter des faits de provocation, à amasser des preuves sur l’implication de la Direction générale des renseignements ukrainiens (UGC), à l’UGN et leur état-major général et à présenter ces rapports aux organisations internationales concernées.
Terrorisme d’Etat
Apparemment, une masse critique de faits a été recueillie et un deuxième volet – le droit international – va maintenant être utilisé.
La déclaration du Président Poutine a été précédée d’un rapport du Comité d’enquête de la Fédération de Russie selon lequel ils avaient réuni les preuves nécessaires et suffisantes pour rendre les autorités ukrainiennes coupables d’attaques terroristes délibérées contre des zones résidentielles des villes du Donbass au moyen de missiles balistiques Tochka-U. Ces actions ont été classées par le Comité d’enquête comme une utilisation d’armes de destruction massive (ADM) contre une population civile.
La déclaration de Poutine mène le rapport du Comité d’enquête à sa conclusion logique. L’utilisation d’armes de destruction massive contre une population civile peut être qualifiée non seulement de crime de guerre, mais de terrorisme d’État. On peut qualifier aussi cela d’opérations subversives et terroristes contre un État qui maintient la paix. C’est précisément ce que Vladimir Poutine a accusé les autorités ukrainiennes de faire.
Ces dernières années, les autorités étatiques qui ont donné leur accord à des actions qualifiées de terrorisme d’État ont été reconnues par la communauté internationale comme ayant « perdu leur légitimité ». L’application de ce label à Hussein, Kadhafi et Assad suggère qu’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU n’est pas nécessaire – il suffit de s’appuyer sur des faits (parfois infondés) et sur les déclarations d’un État qui se considère comme une victime.
Les précédents établis par les États-Unis au cours des 20 dernières années permettent d’utiliser toutes les mesures contre les « régimes illégitimes », y compris les opérations militaires et spéciales, ainsi que la reconnaissance et l’octroi d’un soutien officiel aux gouvernements rebelles alternatifs menant une guerre civile contre le régime. Pour appliquer une de ces mesures, une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU est souhaitable, mais pas nécessaire. Comme l’ont montré les événements en Yougoslavie, en Irak, en Libye et en Syrie, il est facile d’aller au-delà des dispositions d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU ou simplement de s’en passer.
Le droit de prendre des mesures
La Russie s’est toujours engagée à respecter strictement les normes et procédures établies par le droit international. Par conséquent, il ne fait aucun doute qu’une déclaration aussi grave de la part du président Poutine n’aurait pas été faite s’il n’y avait pas de preuve incontestable et sa conviction qu’il est impossible d’arrêter le gouvernement ukrainien d’une autre manière.
En d’autres termes, la Russie est maintenant prête à fournir à la communauté internationale des preuves des activités subversives autorisées par les autorités de Kiev. Bien sûr, nous comprenons que la présence de preuves, même les plus incontestables, ne garantit pas son acceptation en tant que telles par le Conseil de sécurité de l’ONU, où chacun a ses propres intérêts et tous les membres permanents leur propre pouvoir de veto. La situation avec le Boeing malaisien, dont la commission d’enquête internationale n’a pas pu trouver le coupable et le fait que cette commission n’ait pas examiné les informations fournies par la Russie est la meilleure preuve de la politique de double standard dans la politique moderne.
Cependant, il y a un point intéressant. Les activités terroristes sanctionnées par les autorités d’un État contre un autre (c’est-à-dire le terrorisme d’État) ne sont pas simplement un acte d’agression non provoquée, mais une attaque armée ciblée.
L’article 51 de la Charte des Nations Unies donne à l’État attaqué, le droit à une légitime défense individuelle ou collective, dont le contenu est déterminé par l’État lui-même. Cet État est au moins tenu « d’informer immédiatement le Conseil de sécurité des Nations Unies des mesures prises et de les interrompre dès que le Conseil aura pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales ».
Dans ce scénario, les mécanismes de l’ONU sont du côté russe. Moscou a le droit de véto et, sans son consentement, le Conseil ne peut pas adopter une décision contraignante et, par conséquent, il n’est pas en mesure de « prendre des mesures indépendamment ».
Ainsi, Poutine a signalé à nos « partenaires » occidentaux que s’ils sont incapables de calmer les autorités de Kiev, alors la Russie est prête à adopter des mesures qui, bien qu’unilatérales, sont pleinement compatibles avec le droit international, y compris avec l’esprit et la lettre de la Charte des Nations Unies .
Et comme une cerise sur le gâteau – Poutine a gardé dans l’ombre ce que ces mesures seront exactement (asymétrie). Après tout, le FSB ne communique pas ses plans au département d’État."
Rostislav Ishchenko
Traduction : Comité Valmy