S'adapter pour vaincre

Voici un nouveau rapport de situation militaire générale que j'ai voulu extraire des gangues propagandistes pro-Kiev et pro-russes de plus en plus stupides et mêmes contreproductives pour les parties prenantes qu'elles prétendent soutenir, car lorsque les mensonges et les fantasmes sont répétés de façon caricaturale, ils crédibilisent l'ensemble des pertinences et vérités qui sont exprimées et jusqu'à leurs auteurs.

Loin des délires des BFM-TV ou STRAPOL je donne ici quelques données factuelles et opinions personnelles non fantasmées concernant la situation du conflit russo-ukrainien qui a prolongé depuis le 24 février celui du Donbass pour la résolution duquel Moscou a été contraint à choisir l'option militaire.

Tout d'abord je rappelle aux excités du bulbe criant "Victoire" ou "Défaite" à la moindre vidéo montrant un kinjal détruisant une caserne ukrainienne ou un Javelin explosant un char russe, que: 

  • Nous assistons depuis plus d'un mois au passage brutal d'un conflit asymétrique (Donbass) vers une guerre symétrique de haute intensité, événement historique qui n'était pas survenu depuis près de 80 ans, période au cours de laquelle ont été réalisé des révolutions dans les technologies, tactiques et doctrines militaires. 
  • Jamais une armée attaquant ou défendant voit ses objectifs ou son calendrier se réaliser comme prévu initialement et toujours elle doit varianter ses actions pour durer, (limiter ses pertes humaines et matérielles), et s'adapter aux avantages et faiblesses de l'adversaire pour mieux le vaincre.
  • Un conflit d'une telle amplitude militaire et étendue géographique (qui peuvent encore évoluer) se déroule obligatoirement dans la durée sur plusieurs phases opérationnelles changeantes et sur plusieurs fronts régionaux dissociés, et qui ne peuvent dans leurs situations particulières refléter la situation générale du conflit.

Voici la situation générale mise à jour sur la base d'une carte publiée par 
le Ministère russe de la Défense corrigeant à la hausse les élucubrations 
des pro-Kiev et aussi, mais aussi à la baisse celles des pro-russes.

L'Etat major russe a annoncé fin mars réorienter sa stratégie en priorité dans la libération du Donbass, les objectifs de sa première phase opérationnelle ayant atteint ses objectifs principaux qui étaient de casser le potentiel offensif des forces ukrainiennes (centres de commandement, dépôts logistiques, dépôts et usines d'armement, casernes, bases aériennes etc...).

Parmi les pertes significatives infligées aux forces ukrainiennes depuis le début des opérations militaires russes, on peut relever à la date du 31 mars : 

  • Environ 30 000 hommes hors de combat (tués, blessés, prisonniers, disparus)
  • 124 avions et 80 hélicoptères, 
  • 345 véhicules aériens sans pilote, 
  • 1 826 chars et autres véhicules de combat blindés, 
  • 195 systèmes de lance-roquettes multiples, 
  • 702 pièces d'artillerie de campagne et mortiers, 
  • 1 704 unités de véhicules militaires spéciaux...
  • A cela, il faut rajouter les destructions des infrastructures et ressources logistiques.

Qu'en est-il réellement du côté ukrainien ?:

  • Sur le plan stratégique, sans conteste les forces ukrainiennes sont à genoux, privées de près de 70% de leurs ressources opérationnelles (plus de 80% pour leur parc aérien) et, pour survivre, sont contraintes de se replier dans les villes,
  • Sur le plan tactique, même si partout les forces ukrainiennes subissent les attaques russes, force est de constater qu'elles ont développé (grâce aux armes de l'OTAN) des résistances mobiles antichars efficaces dans les zones urbaines et boisées,
  • Sur le plan moral, les forces ukrainiennes sont pour le moment toujours debout, bénéficiant d'un énorme soutien politique international et logistique de l'OTAN, ainsi que des succès militaires locaux chantés par une propagande très efficace,
  • Sur le plan mental, même si elles subissent une attrition à terme fatale, les forces ukrainiennes font preuve d'une cohésion combative, et de tactiques fluides et adaptées à un ennemi compact et forcément plus lent que ses groupes mobiles,
  • Sur le plan politique, les opérations militaires russes ont eu pour conséquence certes de désorganiser les structures étatiques mais aussi en retour de provoquer pour le moment un renforcement des sentiments russophobes et le nationalistes ukrainiens existant.
Illustrant cette "température" ukrainienne, la bataille de Marioupol est très significative car, si elle démontre la supériorité des forces russes et républicaines, elle souligne aussi la capacité de résistance, la formation tactique et la préparation logistique des forces de Kiev, aidées par les avantages d'une défense urbaine et le fanatisme des nationalistes constituant leur noyau central.

Cependant, si les ukrainiens semblent reprendre du poil de la bête, il ne faut pas se leurrer car ils combattent encore sur les dotations initiales de leur 1er échelon et avec très peu de batailles consommatrices intenses (comme celle de Marioupol) et, vu que leurs réserves stratégiques sont majoritairement détruites, des pénuries fatales risquent d'entamer sérieusement leurs capacités opérationnelles et leur mental. Nous observons ici cet enthousiasme du défenseur qui constate après le premier assaut qu'il est toujours vivant alors qu'il continue à "pisser le sang" et ce malgré les perfusions des infirmiers de l'OTAN...

Aussi l'Etat Major ukrainien cherche t-il au maximum à gagner du temps, dans le fol espoir que l'OTAN finisse par intervenir plus concrètement, même progressivement (zone d'interdiction aérienne, moyens blindés et aériens...) ou tout au moins remplace équipements de combat et logistique stratégique détruits.

Nous observons effectivement une aide militaire de l'OTAN de plus en plus importante tant en quantité que en qualité du matériel fourni aux forces ukrainiennes : 
  • Une "stratégie de recomplétement" des stocks soviétiques ukrainiens. Depuis plusieurs années, les anciennes républiques socialistes soviétiques (Pologne, pays Baltes, Roumanie etc...) transfèrent leurs équipements et stocks anciens vers l'Ukraine où l'arsenal encore majoritairement de fabrication soviétique est depuis 2014 est en cours d'usure.
  • Une "stratégie d'équipement" des pays de l'OTAN qui, parallèlement à leurs partenariats de normalisation moderne des organisations, tactiques et procédures militaires ukrainiennes, leur livrent progressivement des systèmes d'armes modernes depuis 2017 et dans une accélération exponentielle inédite depuis la mi janvier 2022, soit 1 mois avant l'offensive russe.
Ici, première vidéo montrant le tir d'un missile 
antiaérien britannique "Marlet" sur un drone
russe "Orlan" par un soldat de la 95ème brigade 
d'infanterie mécanisée ukrainienne (Est Izioum).
Ce système antiaérien portatif britannique est un
des plus performants : missile autoguidé, 8 km de 
portée et une vitesse balistique atteignant Mach 1.5

A ces 2 manœuvres logistiques se rajoute aujourd'hui l'éventuelle remplacement par les anciennes républiques socialistes soviétiques de matériels de combat ukrainiens détruits  depuis 1 mois, notamment des avions de chasse, des véhicules blindés, des systèmes antiaériens et des missiles balistiques. Cette éventualité est confirmée par la mise en œuvre préalable d'une "stratégie de roque" effectuant libérant des matériels soviétiques des pays de l'OTAN par leur remplacement par des matériels occidentaux.


Et du côté des forces russes ? 

Malgré un effectif inférieur en nombre et visiblement une sous estimation des capacités défensives ukrainiennes, les forces russes ont réussi à atteindre une grande partie de leurs objectifs grâce notamment à une stratégie audacieuse fondée sur la rapidité d'attaque, la force de frappe et l'étendue des interventions que personne ne pouvait soupçonner au vu des effectifs modestes déployés au frontières de l'Ukraine (environ 200 000 hommes).

Cependant, chaque stratégie ayant son revers, les forces russes sont arrivées depuis environ 10 jours en limite de leurs capacités à progresser plus en avant sur les 5 fronts initialement ouverts (du Nord au Sud: Kiev, Kharkov, Donbass, Zaporodje, Nikolaïev) sans risquer de se mettre en danger dans un étirement de leurs pénétrations à l'avant et de leurs voies d'approvisionnement à l'arrière.

A rajouter à cette limite stratégique atteinte les pertes locales subies par les groupes tactiques russes (et qui ont fait les gorges chaudes chez les ukro-atlantistes), notamment autour d'un tissu urbain important en Ukraine, mais qui sont ici le revers tactique logique d'opérations militaires ayant pour leur phase initiale donné une priorité absolue à la vitesse. dans un pays disposant

Après 15 jours de "guerre éclair", le front russe s'est donc stabilisé, étiré dans la longueur et fixé autour des villes encerclées et confronté aussi à une résistance ukrainienne inattendue qui, même si elle n'a pas repris l'avantage stratégique se révèle cependant tactiquement efficace dans les zones urbaines ou boisées.  
3 options principales s'offraient donc pour l'Etat Major russe :
  1. Soit augmenter ses unité d'assaut en Ukraine, mais en dégarnissant forcément soit d'autres régions militaires de défense soit en entamant une partie de ses réserves stratégiques.
  2. Soit s'arrêter là et négocier la neutralité et l'indépendance de l'Ukraine mais sans avoir vraiment obtenu un avantage militaire écrasant et politiquement exploitable.
  3. Soit réorienter les actions militaires sur des priorités stratégiques, tout poursuivant les bombardements d'objectifs militaires dans tout le pays.

Au vu de leurs mouvements d'unités c'est donc la troisième option qui a été choisie par les forces russes, et je pense que la résistance ukrainienne, de toute évidence plus importante que prévue, a obligé Moscou à réorienter sa stratégie rapidement pour s'adapter, tout en gardant l'avantage initial et surtout reprendre l'initiative des opérations, car actuellement autant les russes qui sont dispersés, que les ukrainiens qui sont affaiblis ne peuvent mener que des attaques ponctuelles ou médiatiques (comme le bombardement ukrainien des dépôts pétroliers de Belgorog en Russie) mais en aucun cas des offensives majeures.

Pour illustrer cette guerre d'attrition menée par les forces russes depuis le 24 février sur les ressources militaires ukrainiennes, pour la seule journée du 9 avril 65 installations militaires ont été ciblées dans toute l'Ukraine, jusqu'à la frontière polonaise (dont 4 postes de commandement et centres de communication, 3 entrepôts logistiques, et 41 points de concentration d'équipements militaires).

Pour résumé, le rapport de forces terrestres (sachant que les unités en défense urbaine ont l'avantage du terrain) ne permet pas à l'une des forces en présence de bousculer la ligne de front générale, d'où la choix de Moscou de concentrer ses efforts sur le Donbass pour y obtenir des victoires décisives.

Voyons rapidement du Nord au Sud les différents secteurs du front (Kiev, Kharkov, Donbass, Kherson).

1 / Sur le front de Kiev à Soumy

Toute campagne militaire est émaillée de victoires et de défaites, de réorientations et abandons, en fonction des objectifs qui doivent s'adapter à l'évolution des actions et réactions permanentes. Le  changement de situation observé dans le secteur de Kiev au cours de la dernière semaine de mars est l'exemple de cette nécessité impérieuse de s'adapter pour vaincre qui a commandé à l'Etat Major russe de replier ses unités pour éviter cet enlisement que tous les ukro-atlantistes appellent de leurs fantasmes.

De toute évidence l'armée russe a atteint de nombreux objectifs dans ce secteur autant qu'elle a rencontré des problèmes rédhibitoires à son maintien dans ce secteur sans y augmenter drastiquement ses moyens.

L'étendue de la zone urbaine de Kiev (plus de 850 km2) pour être conquise et même seulement encerclée nécessiterait d'y engager des forces modernes ou parmi les réserves stratégiques, ce que ne veut pas faire l'Etat Major russe pour le moment.

Donc, dans les zones conquises à l'Ouest de Kiev, les forces russes, après avoir  détruit la majorité du potentiel offensif de Kiev replient en ordre vers le Belarus plusieurs groupes tactiques interarmes pour se reconstituer avant un redéploiement vers d'autres secteurs, notamment Kharkov et le Donbass.

La priorité des forces russes dans le secteur de Kiev ayant été atteinte, elles ont réussi à se retirer grâce au contrôle maximum des axes routiers qui pouvaient être utilisés par les forces ukrainiennes (E95 menant à Tchernigov, H7 menant à Soumy, les routes d'approvisionnement venant de Poltava ou Dnipropetrovsk; mais aussi les axes nécessaires à leurs propres ravitaillements et mobilite comme par exemple les routes Sud/Nord qui passent par Gostomel et Ivankiv (Ouest Kiev)

Le fait est que l'Etat Major russe, en dressant un bilan positif des destructions réalisées, a jugé plus opportun militairement, pour relancer une dynamique ailleurs, de redéployer ses unités du secteur Nord vers d'autres secteurs après leur recomplétement en Russie ou pour certaines peut-être en Belarus. 

Les forces de Kiev, malgré une incapacité à mener des contre offensives en raison des destructions subies et des opérations en terrain ouvert à cause de la supériorité aérienne russe à l'Est du Dniepr, peuvent néanmoins réaliser des attaques limitées dans le temps et dans l'espace contre des unités blindées russes engagées dans les zones urbaines ou boisées entourant la capitale ukrainienne.

Ici ,on peut observer des exemples de cette "techno-guérilla" 
mise en œuvre aux abords des villes mais aussi des forêts 
limitrophes par des petits groupes mobiles antichars en 
véhicules légers ukrainiens opérant avec l'appui de drones.

Ces harcèlements terrestres ukrainiens sur les flancs d'une offensive russe arrêtée pouvant devenir à terme une attrition dangereuse, l'Etat Major russe,  qui veut garder ses principales forces de combat en réserve, a donc décidé de quitter ce secteur tout en poursuivant la destruction des dernières ressources offensives de Kiev pat ses bombardements aériens. 

Tous les observateurs attestent d'ailleurs d'une retraite contrôlée et sécurisée et non d'une débâcle telle que celle décrite par la propagande occidentale pour accréditer le double mythe de forces ukrainiennes reprenant l'initiative des combats jusqu’à des contre offensives et de forces russe paniquées  commettant des crimes de guerre dans leur prétendue débâcle (voir l'article précédent sur Boucha).

Il est significatif de noter que le retrait des groupes tactiques russes du secteur Nord intervient le lendemain de la rencontre diplomatique entre Kiev et Moscou en Turquie (le 29 mars). L'intention du Kremlin était donc sans nul doute de faire une démonstration de bonne volonté concernant un règlement diplomatique du conflit. Cependant le théâtre tragique de Boutcha mis en scène par les ukro-atlantistes a saboté toute possibilité d'un dialogue pouvant naître de ce retrait militaire.

Dans ce changement de stratégie russe opéré sur le front Nord (entre Kiev et Soumy), si Moscou garde l'initiative des opérations militaires et le bénéfice des destructions logistiques importantes réalisées paralysant le potentiel offensif des forces ukrainiennes (et qui continuent chaque jour !), force est de constater que de son côté Kiev transformera cette nouvelle situation en victoire militaire, grâce  à un guerre politico-médiatique dans laquelle les ukro-atlantistes ont nettement l'avantage sur une stratégie de communication russe désuète jusqu'à être momifiée et qui ne s'appuie que sur des communiqués officiels caricaturaux et simplistes..


2 / Sur le front de Kharkov 

En attendant le redéploiement de leurs groupes tactiques du front Nord (et probablement de renforts) les forces russes ont stabilisé le front autour de Kharkov tout en se retirant des zones forestières et urbaines où, sous leurs couverts, les groupes mobiles ukrainiens menaient une stratégie d'attrition usante.


Les opérations militaires majeures de ce front Ouest du conflit se situent dans le secteur de Izioum qui est le point d'appui central (protégé à l'Ouest par Balaklia) à partir duquel est menée l'offensive vers Slaviansk et Kramatorsk, qui sont un secteur vital:

  • pour le corps de bataille ukrainien dans le Donbass qui y a même son Etat Major (aérodrome de Kramatorsk) et ses forces de réserve, 
  • pour les routes d'approvisionnement qui alimentent leur première ligne depuis Poltava et Dnipropetrovsk et la liaison vers les front de Donetsk et de Severodonetsk,
  • pour le secteur de Severodonetsk et Lisichansk qui sont des résistances urbaines efficaces tant qu'elles ne sont pas encerclées par une percée venant d'Izioum.
Il faut noter ici que la configuration du secteur d'Izioum à Severodonetsk, en plus des zones urbaines nombreuses et denses rend plus difficile les opérations militaires offensives car le terrain y est plus accidenté et boisé, ce qui est propice à des lignes de défense naturelles et des tactiques de guérilla antichar. 

Au Nord du Donbass, la région de Kramatorsk- Izioum
contraste avec la steppe ouverte émaillée par de grandes 
cités industrielles, Ici, la Nature barrée par le thalweg de la 
Severodonetsk est cloisonnée par des collines et des bois

Du côté russe nous trouvons notamment la 1ère armée blindée de la garde dont les groupes tactiques ont sans doute été renforcés suite aux retours d'expériences du premier mois d'opérations au cours duquel les zones urbaines se sont imposées comme principal champ de bataille. C'est principalement pour ces batailles urbaines à venir (Slaviansk, Kramatorsk...) que minimum 3 divisions d'infanterie sont venues renforcées cette 1ère ABG (106e parachutiste, 144e et 3e motorisées ). 

En face les ukrainiens ont déployé plusieurs brigades d'infanterie dont 3 brigades d'assaut par air (95e, 79e, 81e) qui sont des brigades mécanisées, 1 brigade parachutiste (25e) et 1 brigade motorisée (57e). A ces unités régulières il faut rajouter des bataillons de défense territoriale, des unités du Ministère de l'Intérieur, des unités nationalistes. 

Ici également l' "Ukrop" applique la stratégie de la terreur !

Alors que de nombreuses unités ukrainiennes montrent dans leur défaite leurs capacités à se battre honorablement, force est de constater que l'appareil politico-militaire des forces ukrainiennes et ses bataillons spéciaux néo-nazis poursuivent un terrorisme monstrueux vis à vis des populations pro-russes du Donbass contre lesquelles leur lâcheté criminelle dirige leur pulsions psychopathes, :

Bombardement des populations de Donetsk, de Yasinovataya, de Makeevka, massacre au missile Tochka U à la gare de Kramatorsk, tout cela bien sûr avec le soutien complice des occidentaux dont la russophobie hystérique relaie aussitôt sans analyser les inversions accusatoires désignant Moscou comme l'auteur de ces crimes de guerre. 

Sur ce front Nord du Donbass, au Nord de Severodonetsk, les forces ukrainiennes s'attaquent désormais aux dépôts chimiques situés dans les secteurs urbains. 

Avant de se replier, les soldats (peut-on vraiment les
appeler ainsi ?) ukrainiens font exploser à Zarya un
dépôt d'acide nitrique à proximité des populations.

C'est déjà dans ce secteur d'Izioum que se déroulent depuis la mi mars les combats les plus violents en dehors de ceux qui déroulent dans les villes. Et les efforts réalisés par les forces russes pour obtenir une rupture du front ukrainien en direction de Barvinkove montrent bien la volonté pour l'Etat major russe de couper les axes de ravitaillement entre le Dniepr et Kramatorsk et, d'amorcer un encerclement du corps de bataille ukrainien articulé autour de Slaviansk et Kramatorsk à l'Ouest, Severodonetsk et Lisichansk à l'Est.

Participant à cette manœuvre russe d'encerclement par l'Ouest, les forces républicaines du 2e Corps d'Armée (Rép. Pop. de Lougansk) mènent également des attaques vers Rubijnoe et Artemovsk pour rompre le front et fixer les forces ukrainiennes (79e et 95e brigade d'assaut aéroporté notamment).

3 / Sur le front du Donbass 

Pour des raisons de lisibilité de la carte, je n'ai pas reporté toutes les unités militaires engagées
mais uniquement les principales, renvoyant à la carte précédente pour celles du secteur d'Izioum.

Ce secteur du front, qui est déjà sous les projecteurs avec la bataille de Marioupol, va certainement devenir le théâtre d'opérations le plus actif des prochaines semaines ce qui n'exclut pas de nouvelles opérations autour de Kherson au Sud ou Kharkov au Nord.

La libération de la totalité des Républiques Populaires de Donetsk et Lugansk est en effet devenue la priorité des Etat Majors militaire mais aussi politique russes:
  • Dans le Donbass, les forces ukrainiennes ont concentré leur corps de bataille le plus important (150 000 hommes en février). Sa destruction sera une victoire militaire,
  • La libération du Donbass, et vraisemblablement son rattachement à la Russie placera la Russie dans une position de force lors des négociations diplomatiques ultérieures,
  • Cette guerre a commencé en 2014 avec les opérations militaires ukrainiennes contre les populations de Donetsk et Lugansk. Leur libération sera une victoire psychologique.

Sur le front du Donbass, les forces russo-républicaines, malgré des pertes importantes poursuivent avec les forces russes leurs progressions, repoussant les forces ukrainiennes qui ici aussi tentent de s'accrocher dans les zones urbaines ou les reliefs boisés.  

Voilà comment les "envahisseurs" russes sont 
accueillis dans le Donbass : "Nous sommes avec 
vous, nous prions pour vous" disent ces habitants
aux soldats russes tout en apportant des présents 
mots d'encouragement et produits alimentaires.

Au total, les pertes des forces ukrainiennes sur le front du Donbass s'élèvent à environ 18 000 tués, blessés, prisonniers et disparus (soit plus de la moitié de leurs pertes globales (30 000) pour un effectif particulier de 60 000 combattants des 24 unités d'assaut de l' "Opération des Forces Conjointes". Aujourd'hui les forces ukrainiennes ne disposent plus dans le Donbass de réserves opérationnelles qui leur permettraient de mener des actions offensives sans abandonner au préalable des secteurs du front.

Dans la République Populaire de Lougansk

Aujourd'hui, environ 95% de la République Populaire de Lugansk ont été libérés grâce notamment au caractère essentiellement rural composé majoritairement de petits villages difficiles à défendre des zones occupées par les forces ukrainiennes. La progression des forces républicaines a ralenti en arrivant sur les zones urbaines de Severodonetsk et Lissichansk et le relief boisé de la rivière Severodonetsk, où les ukrainiens, bénéficiant de la logistique renforcée et proche venant de l'Ouest via Kramatorsk. 

La nécessité d'engager un encerclement large de ce secteur à partir du Sud du front de Kharkov (secteur d'Izioum) apparait comme la stratégie en cours des forces russes et républicaines.

Cette stratégie d'encerclement a plusieurs objectifs : 

  • Couper les lignes d'approvisionnement logistiques venant de Dnipropetrovsk et maintenant sous perfusion (même très amoindrie) le corps de bataille ukranien,
  • Provoquer un effondrement du dispositif ukrainien dans le Donbass (Kramatorsk étant le pivot Nord de sa ligne de front comme Marioupol était son pivot Sud),
  • Engager une jonction avec les forces venant du Sud (qui seront libérées par la chute de Marioupol pour un chaudron large enveloppant le secteur de Donersk-Gorlovka,
  • Ouvrir la route vers le Dniepr, notamment vers Dnipropetrovsk mais aussi Poltava au Nord par où transitent beaucoup des approvisionnements vers Kharkov.

Dans la République Populaire de Donetsk

Aujourd'hui, environ 55 % de la République Populaire de Donetsk ont été libérés essentiellement dans le Sud, là aussi une région essentiellement agricole et composée de petits villages dans un environnement naturel plat et ouvert, mais on observe ici aussi un ralentissement de la progression des forces russo-républicaines qui aujourd'hui sont concentrées sur l'achèvement du contrôle de Marioupol où il ne reste plus que 2 à 3000 ukrainiens, bientôt à cours de moyens et repliés dans moins de 10% de la ville (principalement dans la zone industrielle d'Azovstal, près du port).

Vue de Marioupol du secteur de l'embouchure de
la Kalmius avec la zone industrielle d 'Azovstal

Le deuxième secteur "chaud" est le front de Donetsk où les forces républicaines avec ici aussi un appui feu significatif des forces russes mènent une pression offensive sur les forces ukrainiennes qui continuent de mener des campagnes de bombardements meurtriers sur les zones résidentielles de Donetsk, Makeevka, Gorlovka... Comme sur l'ensemble des fronts on observe ici aussi une stratégie de repli ukrainien dans les zones urbaines, fortement fortifiées depuis 8 ans de guerre, comme ici les villes de Marinka et d'Avdeevka au Sud Ouest et Nord de Donetsk.

Ces batailles urbaines sont des minotaures de la guerre moderne comme en témoigne les pertes subies depuis 1 mois par le corps d'armée de la République Populaire de Donetsk (plus de 700 tués et 3000 blessés) et imposent aux Etats-Majors à la fois d'y concentrer des forces importantes et de les manœuvrer avec la plus grande prudence. 

La difficulté, qui n'est pas insurmontable, est multiple :

  • Encore une dizaine de villes importantes à libérer dans le Donbass (2 en RPL et 8 en RPD), dont certaines sont des sites industriels sensibles, 
  • Usure du corps de bataille républicain dont les effectifs aguerris sont insuffisants pour mener en même temps plusieurs batailles urbaines,
  • Augmentation des fortifications des villes par des forces ukrainiennes motivées par la résistance honorable de la garnison de Marioupol,
D'où la décision de l'Etat Major russe de réorienter sa stratégie en donnant priorité à la libération du Donbass, tout en poursuivant la destruction aérienne des ressources logistiques et potentiels de combat des forces ukrainiennes.

La couverture aérienne russe au dessus de la région
de Donetsk est de plus en plus importante, pour pouvoir
riposter rapidement aux bombardements ukrainiens sur
les civils opérant depuis des positions de tir éphémères  

Même si sa résistance est sans conteste un important stimulant pour la résistance nationaliste ukrainienne (je ne serai pas surpris si une "division Azov" renait des cendres du régiment éponyme dans quelques semaines), la libération de Marioupol va certainement être un tournant dans l'évolution des opérations militaires. Et la stratégie politico-médiatique actuelle des ukro-atlantistes cherchant à accuser les forces russes de crimes de guerres (souvent organisés par les "ukrops" eux mêmes) montre bien la volonté urgente et prioritaire d'augmenter les sanctions économiques anti-russes mais aussi et surtout l'engagement logistique de l'OTAN qui voudrait compenser les pertes matérielles subies par Kiev.

"Soldat" ukrainien blessé et soigné dans un hôpital républicain, bien sûr pour illustrer
à la fois la barbarie des pro-russes et le fait qu'ul n'y a pas de nazi en Ukraine 


4 / Sur le front de Kherson

Lorsque le 24 février dernier les forces russes ouvrent un front Sud à partir de la Crimée, elles s'engagent dans 2 directions : à l'Ouest vers Kherson sur la route d'Odessa et à l'Est vers Melitopol sur la route de Zaporodje, prenant rapidement le contrôle de ces 2 villes majoritairement pro-russes et progressant même jusqu'à à la rive gauche du Dniepr.

Comme dans le secteur Nord (Kiev), les forces russes se sont repliées sur des positions sécurisées pour mieux pouvoir concentrer leurs efforts sur les opérations dans le Donbass. On peut noter que la ligne de retrait occidentale actuelle correspond à la limite de l'oblast de Kherson, une région qui permet de réaliser la continuité territoriale entre la Crimée et le Donbass.

Comme dans les autres secteurs, les forces aérospatiales russes continuent la destruction méthodique des bases, dépôts et concentrations de matériels ukrainiens. Au cours de ces campagne de "démilitarisation de l'Ukraine", les forces russes ont poursuivi leurs bombardements sur la base navale d'Ochakov qui est un centre des forces spéciales ukrainiennes et leur centre principal de formation, encadré par des SAS britanniques estimés avant février à environ 200 à 300 "instructeurs" et "conseillers militaires". Plusieurs sources évoquent, comme à Marioupol, la destruction de plusieurs membres des SAS, restés à Ochakov, contrairement aux déclarations de l'OTAN déclarant début février l'évacuation de son personnel de l'Ukraine.

Kherson est aujourd'hui sécurisé avec notamment l'arrestation de plusieurs leaders du "Secteur Droit" qui voulaient y mener des opérations clandestines. Plus à l'Ouest le port d'Odessa qui est la base logistique de Nikolaïev se prépare à un débarquement russe quelque part dans sa région, et à cette fin, la Grande Bretagne va fournir incessamment sous peu des systèmes de missiles anti navires aux forces ukrainiennes (confirmé par Boris Johnson à Kiev le 9 avril).

J'ouvre ici une parenthèse à l'intention des pseudos experts qui ont annoncé que les aides militaires "high tech" de l'OTAN aux forces ukrainiennes ne peuvent être immédiatement opérationnelles à cause des délais nécessaires à la formation de leurs servants. Ce genre d'expertise relève tout simplement d'une naïveté déconcertante car il est plus que probable que, derrière de fumeuses vidéos montrant des acteurs en uniforme ukrainien à l'écoute d'instructeurs de l'OTAN sur des champs de tir étasuniens ou britanniques, des servants de l'OTAN accompagneront la livraisons des armes pour qu'elles puisent être engagées immédiatement sur le front :

  • Pilotes des drones kamikazes qui resteront incognitos dans des cabines opérationnelles en Pologne ou même aux Etat Unis,
  • Servants des systèmes de missiles antiaériens ou antinavires qui auront été mis en disponibilité le temps d'un contrat dans des Sociétés Militaires Privées ukrainiennes...

En conclusion


La "guerre éclair" initialement lancée par les forces russes contre les forces ukrainiennes a désormais passé le relais à une guerre d'épuisement des ressources militaires et politiques ukrainiennes sous perfusions occidentales (armes, économie, politique, propagande).

Dire que les russes ont déjà gagné ce conflit est aussi stupide que de prétendre que les ukrainiens leur infligent des défaites écrasantes, car chaque terrain abandonné par l'Etat Major russe correspond à une réorientation des opérations militaires et non à une reconquête ukrainienne qui n'en a plus les moyens.

Du côté russe, les efforts se concentrent sur le Donbass et le soutien aux forces républicaines libérant leurs territoires encore occupés par les forces de Kiev. Mais, même avec le meilleur appui russe, finaliser la libération de la République Populaire de Donetsk va demander encore du temps (plusieurs mois je pense) car les forces ukrainiennes ont adopté une stratégie défensive urbaine à dominante antichar qui leur permet, même avec peu de blindés, d'artillerie et aucune aviation de résister dans des villes que Moscou cherche au maximum à épargner à cause des civils y restant.

Du côté ukrainien, on ne peut que constater une résistance honorable des forces militaires et politiques atlantistes, surtout grâce aux soutiens occidentaux et aux formations, renseignements et armements de l'OTAN qui leurs permettent à défaut de pouvoir renverser l'avantage militaire, de mener une techno guérilla antichars à partir de villes fortifiées, de terrains accidentés et de zones boisées. Mais l'usure du corps de bataille ukrainien ne saurait être compensé par la stratégie d'équipement des pays de l'OTAN, pour la simple raison que toute guerre se fait d'abord avec des hommes.

Quant aux pertes "significatives" que les propagandistes agitent de part et d'autre du front, je dirai qu'elles sont la conséquence normale d'un conflit symétrique et de haute intensité au cours duquel sont mises en œuvre des armes de destruction modernes.


Tant du côté de la Russie que du côté de l'Ukraine où la guerre s'annonce plutôt longue, on ne peut que constater l'actualité de la triade de Clausewitz lorsqu'il décrivait les 3 dimensions psychologique de la guerre :
  • La "Raison", incarnée par le Politis qui décide de la conduite de la guerre,
  • La "Passion", incarnée par le peuple qui subit mais aussi soutient l'effort de guerre, 
  • L' "Honneur", incarné par l'armée qui se bat jusqu'au bout quelle qu'en soit l'issue.
Et la bataille de Marioupol illustre bien cette triade dans des actes héroïques et dramatiques menés de chaque côté du front et que l'Europe croyait confinés dans ces livres d'Histoire.

C'est pour ces raisons, en plus des enjeux stratégiques et menaces existentielles que pour tous représente l'Ukraine, qu'une guerre totale arrive au galop pour bousculer la dictature capitaliste mondialiste et, je l'espère réveiller les consciences européennes (sur ce point particulier, c'est pas gagné !).

Erwan Castel 

A court ou moyen terme, voici l'avenir des soldats des forces
armées ukrainiennes, sacrifiés sur l'autel des intérêts de l'OTAN.
A moins qu'un nouveau pouvoir à Kiev restaure l'indépendance 
réelle de l'Ukraine et l'engage vers la neutralité et la réconciliation.


Quoiqu'il en soit, les terres de Crimée et celles du Donbass sont 
définitivement retournées au sein de leur mère patrie russe et 
avec elles, j'espère toute la Novorossiya bientôt libérée !

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