Quand l'implication de l'OTAN devient engagement direct

Le croiseur lance-missiles russe "Moskva" a t-il été la cible d'une attaque ? 

Depuis la chute de l'Union soviétique les services étasuniens n'ont eu de cesse de mener une stratégie de préemption des pays de l'Est européen jusqu'au frontière de la Russie : ONG subversive, révolutions colorées, coups d'Etat... pour faire progresser l'OTAN jusqu'aux frontières occidentales russes.

Cette organisation militaire "défensive" occidentale, aux ordres de Washington s'est métamorphosée depuis 30 ans en fer de lance militaro-politique de l'hégémonie mondialiste en Europe et même au delà, déclinant des alliances hypocrites pour factuellement occuper et diriger des pays étrangers: pays membre de l'OTAN mais aussi pays "partenaire pour la paix", partenaire, partenaire renforcé etc.

Concernant ce qui a abouti à l'explosion du volcan pontique: 

En 2006, L'OTAN déclare que les pays baltes, la Géorgie et l'Ukraine intégreront l'alliance,
En 2007, Vladimir Poutine déclare inacceptables des bases étasuniennes à ses frontières,
En 2008, Au sommet de Bucarest le président US Bush déclare que Kiev intégrera l'OTAN,
En 2008, Première riposte militaire russe contre l'attaque géorgienne en Abkhazie et Ossétie,
En 2014, Coup d'Etat atlantiste à Kiev, retour référendaire de la Crimée, guerre du Donbass,
En 2022, Opérations militaires russes pour démilitariser l'Ukraine et libérer la Novorossiya.

Depuis 8 ans et malgré les avertissements répétés du Kremlin, l'OTAN n'a cessé de s'installer en Ukraine comme en terrain conquis: conseillers politiques et militaires, instructeurs, observateurs, organisant des exercices interalliés tout au long de l'année dans le pays et en Mer Noire, une normalisation occidentale des organigrammes, des procédures et matériels ukrainiens jusqu'à commander directement des bases comme celles de Yarovov et certainement aussi celle d'Ochakov.


De l'implication de l'OTAN en Ukraine
à son engagement dans le conflit


1 / La logistique militaire

Les aides militaires de l'OTAN à l'Ukraine ne cessent d'augmenter de façon exponentielle, comme l'illustre ce pont aérien logistique de 10 à 12 avions cargos débarquant environ 1000 tonnes d'armes et munitions chaque jour sur la base polonaise de Rzeszow près des frontières avec l'Ukraine, auquel il faut rajouter les convois terrestres ferroviaires et routiers qui tentent de compenser les destructions réalisées par les forces aérospatiales russes en transférant aux forces de Kiev les héritages soviétiques des arsenaux des pays de l'Est (chars T72, véhicules blindés BMP, missiles sol-air S300, obusiers D20, D30...).

Mais le plus significatif sont les aides étasuniennes, qui semblent vouloir transférer vers l'Ukraine le budget qui était consacré à l'Afghanistan pour le plus grand bonheur de l'industrie de l'armement qui est de très loin le premier lobbying aux USA.  

En effet qu'observe t-on ?: 

Un budget militaire étasunien qui a atteint le record stratosphérique de plus de 700 milliards de dollars avec des opérations militaires en Afghanistan qui croquaient (accrochez vous!) 500 millions par jour ! 
Or malgré le départ de l'Afghanistan, sous la coupe d'un complexe militaro-industriel  absolutiste qui est le pouvoir profond des USA et refusant d'être amputé de 180 milliards, le budget de la Défense n'a pas diminué d'un cent. 
Il faut bien maintenant justifier de telles dépenses, surtout en ces temps de crise économique globale... et les capitaines d'industrie de chanter : "Slavia Ukraïna !" jusqu'au géant français de l'armement Thales dont les actions ont progressé depuis le 24 février.... de 45 % !.


Une nouvelle preuve que le conflit russo-ukrainien, provoqué par cet obstination criminelle de l'OTAN à vouloir faire de l'Ukraine un état militaire russophobe, est bien plus un enjeu financier qu'idéologique, surtout pour une ploutocratie qui n'a pas réussi à redémarrer son système économique avec l'instrumentalisation de la psychose organisée autour de la pandémie Covid.

Cette semaine le président étasunien Biden a débloqué ainsi une nouvelle aide de 800 millions de dollars aux forces armées ukrainiennes qui recevront ces prochains jours entre autres matériels :
  • 300 drones kamikazes "Switchblade" 300 et 600 (un 1er lot précédent de 100 drones),
  • 18 obusiers tracté de 155 mm et 40.000 obus,
  • 11 MI 17, hélicoptères de transport récupérés dans le parc aérien soviétique afghan,
  • 200 véhicules de transport de troupes M113,
  • 100 véhicules légers Humvee, pour équiper des groupes antichars mobiles,
  • 500 missiles antichar Javelin (78000 dollars l'unité !) en plus des 2600 livrés depuis 1 an,
  • 10 radars de contre-batterie AN/TPQ-36 pour géolocaliser les positions d'artillerie,
  • 10 radars courte portée AN/MPQ-64 pour détecter les aéronefs dans un rayon de 40km,
  • 2000 optiques à télémétrie laser pour les snipers 
  • des drones de défense côtière, des mines antipersonnelles, des explosifs, gilets...
Précédente livraison de missiles antichar 
"Javelin" étasuniens, le 11 avril 2022

Et à ces aides matérielles il faut rajouter les renforts humains officiels, et officieux, ces derniers étant réalisés sous le couvert de société militaires privées ou de bataillons de volontaires ukrainiens où des agents de l'OTAN (officiellement "mis en disponibilité temporaire") encadrent les unités ukrainiennes et font du renseignement à leur profit, voire combattent à leurs côtés. Il y a aussi des mercenaires venant des pays de l'OTAN venus rejoindre les néo-nazis ukrainiens par idéologie, intérêt et stupidité. Entre 100 et 200 dans Marioupol et plusieurs milliers ailleurs comme à Zaporodje où 2000 "volontaires" occidentaux viendraient d'arriver.

Combattant étasunien tué dans les combats de
Marioupol par les forces spéciales tchétchènes

Et les occidentaux, dans une nouvelle provocation arrogante viennent d'annoncer officiellement le "retour" de leurs instructeurs militaires en Ukraine, mais qui selon moi avaient été maintenus en partie dans les grandes bases de l'OTAN sous drapeau ukrainien comme Yarovov, Ochakov et même jusqu'à Marioupol assiégé où des officiers de liaison occidentaux ont été repérés.



2 / Le renseignement militaire

Mais le plus important pour la conduite des opérations militaires ukrainiennes reste sans conteste l'appui opérationnel de l'OTAN dans le domaine du renseignement militaire. Les ressources stratégiques de renseignement sont depuis des années présentes en mer Noire et surtout dans le ciel et l'espace au dessus de la ligne de front du Donbass et des frontières russes limitrophes : Satellites "Sentinel" 1 et 2, Maxar, drones stratégiques RQ4 "Global Hawk", avions de reconnaissance RC-135W "Rivet Joint", P-8A "Poseidon", C-130J "Super Hercule", CL 600 "ARTEMIS" etc...

Un des fleurons du renseignement stratégique de l'OTAN l'avion de reconnaissance
"ARTEMIS" (Airborne Reconnaissance and Target Exploitation Multi-Mission System)
capable d'effectuer de la collecte électronique mais aussi des missions offensives en
neutralisant les systèmes radars et de contre mesures ou en guidant les missiles tirés

Ces ressources du renseignement militaire de l'OTAN dont un responsable du Pentagone a admis officiellement que des informations collectées sont transmises à l'Etat-Major ukrainien sont déjà sur cette ligne rouge très poreuse séparant l'implication logistique industrielle de l'engagement militaire opérationnel, ce qui constituerait un "casus belli" flagrant pour Moscou, car rappelons le l'Ukraine n'est pas officiellement un pays membre de l'alliance atlantique.

Depuis la première escalade militaire russo-ukrainienne autour du Donbass au printemps 2021, les avions et drones de renseignement électronique de l'OTAN sont quasiment H24 en train de fouiller les moindres recoins du front et des régions limitrophes russes, et depuis l'explosion du conflit en guerre entre Kiev et Moscou, ces activités opérationnelles menées par les USA, la GrandeBretagne, la France, le Canada etc, tout en se retirant de l'espace aérien ukrainien, se sont encore intensifiées sur les frontières orientales de l'OTAN et en Mer Noire.

Et quand l'escalade de l'OTAN en Ukraine nous conduit jusqu'à la perte du "Moskva"

3 / Une ligne rouge probablement franchie ce 13 avril

Ce mercredi 13 avril sera un jour sombre pour la marine de guerre russe car son croiseur "Moskva" qui n'est autre que le navire-amiral de sa flotte de la Mer Noire a sombré en mer suite à une attaque de missiles.

Cette perte d'un nouveau navire (après le navire de débarquement à Berdyansk) est pour Moscou un revers militaire mais aussi symbolique important touchant au delà du naufrage la fierté de l'armée russe jusque dans le nom du bâtiment ("Moscou"), et il est probable que nous observions une radicalisation des attaques russes, laquelle confirmera que le "Moskva" a bien subi une attaque ukrainienne.

La version ukraino-ukrainienne de la destruction du "Moskva" telle que contée 
par les médias britanniques (tiens tiens !) dès le lendemain de son naufrage.

Deux versions ont été avancées concernant ce revers important pour les forces russes :
  • Dans une communication simpliste, les russes ont d'abord déclaré une avarie suite à l'explosion accidentelle d'une soute à munitions, version qui sombre définitivement avec le croiseur car cela fait des siècles que les marins, dispersent et cloisonnent leurs armureries et cuves inflammables pour justement éviter qu'un accident soit fatal aux bâtiments. Mais pourquoi pas (même si je n'y crois pas)
  • Les ukrainiens quant à eux revendiquent la destruction du navire-amiral russe, précisant qu'il a été touché par 2 missiles "Neptune" de fabrication ukrainienne, tirés depuis la côte. Une version qui dans le contexte du conflit en cours et surtout des aides militaires occidentales apparait plus plausible mais qui toutefois posent plusieurs questions quand à la réussite d'une telle attaque:
1 / Le missile "Neptune" est-il en mesure de passer les systèmes de détection et de défense d'un croiseur certes vieux mais qui avait été modernisé dans ce domaine ? Si oui pourquoi les forces ukrainiennes ne l'ont pas utilisé avant lorsque ce navire était au large d'Odessa ?

2 / Comment et avec quelle ressource de renseignement les forces ukrainiennes ont pu géolocaliser en temps réel la position du navire et son environnement naval le plus propice à cette attaque (au moment des tirs le "Moskva était loin des autres bâtiments de sa flotte) ?

3 / Si effectivement des drones Bayraktar TB2 ukrainiens ont détourné la défense antimissile du navire dans une diversion? alors pourquoi aucun d'entre eux n'a été abattu et pourquoi aucune image de leurs caméras de bord n'a montré l'impact des missiles sur le croiseur ? 

 

Hypothèse 1 : 

Depuis le 25 mars dernier les occidentaux évoquent la livraison de missiles anti-navires dernière génération à l'Ukraine et cette promesse a été renouvelé par Boris Jonhson lors de sa visite à Kiev le 9 avril 2022, laquelle a été immédiatement suivie de plusieurs livraisons par avions cargos d'aides militaires britanniques à l'Ukraine via des bases aériennes polonaises et roumaines frontalières. Là encore pourquoi, si les missiles "Neptune" sont si efficaces étaient-il si urgent et important de livrer à l'Ukraine d'autres missiles anti-navires (sachant que l'usine fabriquant le "Neptune" était alors encore opérationnelle) ? 

On peut donc imaginer que des missiles anti navires britanniques dernière génération capables de déjouer les systèmes de défense du "Moskva" ont été immédiatement utilisés, ce qui pose une nouvelle essentielle : qui étaient alors leurs tireurs ? car il est impossible que des ukrainiens aient pu être formés jusqu'à être opérationnels en si peu de temps. La réponse est évidement simple et claire.


Hypothèse 2 :

Admettons que la chance ait été du côté des ukrainiens et que leur conte propagandiste de 2 tirs réussis de missiles "Neptune" soit la réalité, cela n'explique pas comment leur Etat major a pu suivre heure par heure depuis des jours et probablement des semaines les manœuvres du navire-amiral de la flotte de la Mer Noire jusqu'à ce moment opportun mais éphémère où, éloigné des autres bâtiments, ses systèmes de défense se retrouvaient isolés ?

Et c'est là qu'interviennent les avions de reconnaissance de l'OTAN, dont la présence au dessus de la Mer Noire au même moment est confirmée et qui seuls sont en mesure de fournir en temps réel H24 à l'Etat-major ukrainien la géolocalisation des unités navales russes. Ceci est une certitude confirmée même par les américains.

De plus, dans le cas précis de cette attaque où "miraculeusement" 100 % des missiles atteignent les sections sensibles ciblées du navires, on ne doit pas oublier la capacité de certains avions de reconnaissance de l'OTAN de brouiller les systèmes de détection et défense ennemis.


Si le Kremlin n'a que très peu communiqué sur la perte de son croiseur c'est aussi parce que l'enquête minutieuse qui explore sans nul doute la participation possible, passive ou active, de l'OTAN est en cours et que la réaction politique et militaire russe, si cet engagement offensif  occidental venait a être prouvé sera à la mesure de sa gravité.


Et d'autres questions s'imposent autour de cette perte du "Moskva"...

  • Pourquoi un tel bâtiment de surface était t-il isolé dans une portée de tir ennemie ?
  • Pourquoi l'usine d'armement produisant le Neptune n'était pas encore détruite ?
  • Pourquoi les avions et satellites de l'OTAN renseignant Kiev ne sont-ils pas neutralisés ?
  • Pourquoi les convois d'approvisionnement venant en Ukraine ne sont-ils pas détruits ?
  • Pourquoi la communication officielle russe persiste t-elle a être toujours aussi désuète ?
Une guerre, quelle soit explicitement nommée ou non, doit être totale et sans retenue ni négociation avant une victoire acquise.

Conclusion 

Concernant la perte du Moskva on voit bien qu'il y a plus de questions que de réponses et que certaines d'entre elles ne remonteront à la surface que tardivement.

Cependant il y a une certitude qui est une menace aggravée pour la paix en Europe et dans le Monde: c'est que l'OTAN poursuit obstinément son occupation militaire en Ukraine, allant inexorablement de l'implication logistique à l'engagement opérationnel dans un conflit ouvert qui pour la Russie représente un enjeu existentiel. 

Cette stratégie étasunienne relève tout simplement de la folie suicidaire mais d'abord pour les européens bien plus que pour Washington.

Erwan Castel



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