Marioupol, encore !


Marioupol dont l'âpreté des combats était annoncée dès la libération de Volnovakha (point d'appui ukrainien entre la mer d'Azov et Donetsk) n'est pas seulement une bataille majeure militaire autant que politique mais aussi un laboratoire de la guerre urbaine moderne dans le cadre d'un conflit symétrique de haute intensité.

Aujourd'hui, au 45ème jour de l'"Opération Z" en Ukraine et plus d'un mois après le bouclage de leur encerclement urbain, le dernier carré des forces ukrainiennes continue à se battre dans la ville portuaire de Marioupol, dans un chaos de feu continu réduisant chaque jour un peu plus leurs effectifs et zones de défense.

Voici le second reportage de Erik Tegner du
média "Livre Noir" consacré à la bataille de
Marioupol. Chapeau bas pour la qualité de ce
travail tant sur le fond et la forme et surtout 
réalisé en dehors de tout parti-pris idéologique.

Tactiquement la bataille de Marioupol est gagnée même si entre 1000 et 2000 "ukrops" y mènent toujours un dernier combat honorable, avec une rage fanatique et l'espoir de capitaliser leur défaite militaire en victoire politique et mythe nationaliste.

Il est difficile de géolocaliser précisément la situation dans chacun des quartiers de la ville du fait que sa libération par les forces russo-républicaines se fait sur plusieurs axes de pénétration et en plusieurs étapes de conquête avec :
  • une zone d'opérations à l'avant où se déroule les reconnaissances et les combats,
  • une zone contrôlée sur ses axes principaux, carrefours, bâtiments importants,
  • une zone ratissée à l'arrière où les dernières poches de résistance sont détruites.

Depuis la mise à jour de cette carte, la zone de résistance qui subsistait au centre de 
Marioupol (Azovmash) a été réduite à quelques groupes épars et à court de munitions.
Ce secteur était principalement tenu par des unités de la 36ème brigade ukrainienne
d'Infanterie de Marine dont plus de 1 300 soldats (dont 177 officiers) se sont rendus. 


Ce qui ressort des combats en cours, c'est que les russo-républicains ont brisé en plusieurs endroits le secteur ukrainien, isolant les unes des autres les dernières unités résistantes dans les quartiers résidentiels, les coupant ainsi de leurs appuis feu mutuels et de leurs voies de repli. Aujourd'hui dans le centre ville, il ne reste plus que quelques poches de résistance encerclées ou le dos à la mer, dans un épuisement moral, logistique et physique accéléré. 

Quant aux unités ukrainiennes restées en contact de l'embouchure de la rivière Kalmius ils leur restent la possibilité de reculer et tenter un repli vers la zone d'Azovstal, un immense complexe industriel de 8 km2 bétonné et aménagé depuis plusieurs années en bastion défensif jusque dans ses nombreux niveaux souterrains, au milieu de nombreux depôts de munitions et de vivres.

L'équipe de "livre Noir", qui continue à couvrir la
bataille de Marioupol a réalisé ce panorama aérien
du secteur de la Kalmius où les combats continuent.
Petite mise à jour des commentaires: il n'y a plus que
2000 combattants ukrainiens maximum et les hélicos
abattus sont des transporteurs MI 8 et non des MI 2.

Les forces russo-républicaines ne sont plus qu'à quelques heures de confiner dans la seule zone d'Azovstal les derniers soldats ukrainiens de Marioupol, avec plusieurs options ultérieures: 
  • Soit négocier une reddition honorable avec évacuation, ce qui est improbable du fait des nombreux fanatiques résistant encore.
  • Soit mener un assaut sur tous les niveaux aériens, terrestres et souterrains, très coûteux en hommes et matériels,
  • Soit boucler la zone industrielle et attendre la reddition de sa garnison, ce qui mobilisera beaucoup d'unités et de temps,
  • Soit écraser la zone avec des armes de destruction massive avec un risquemajeur au niveau de ses dépôts chimiques, 
  • Soit utiliser des armes spéciales comme les gaz de combat (pas forcèment létaux) pour détruire ou faire capituler les résistances souterraines.
Sans hésiter et encouragé par l'absence de civils dans la zone,  j'opterais pour la dernière option pour en finir rapidement avec la libération de Marioupol en limitant à la fois les pertes humaines et les pertes de temps pour libérer les forces alliées et les rediriger vers les secteurs suivants à conquérir. Lancer un ultimatum demandant une reddition, attendre une météo favorable, donner une dernière sommation puis gazer les parties centrales et souterraines n'est pas un acte criminel mais une procédure d'efficacité laissant la porte ouverte à une reddition qui après plus de 40 jours de résistance resterait honorable.

Se dirigeant vers la zone industrielle d'Azovstal, un mortier automoteur russe
de 240mm "Tulipe", dont les puissances et vitesse d'impact des obus permettent
de pénétrer en profondeur des structures bétonnées jusqu'aux sous sols.

Dans cette bataille de Marioupol, on peut mesurer toute les dimensions d'un combat moderne en zone urbaine: 
  • Présence d'une population civile importante imbriquée de gré voire de force dans les secteurs des combats, représentant à la fois un enjeu humanitaire et politique à prendre en compte par les assaillants et instrumentalisé par les défenseurs,
  • Structures urbaines en 3 dimensions (plus souterraine) offrant des aménagements faciles d'abris, de positions de combats de dépôts, de déplacements rapides, idéales pour les petits groupes mobiles, les embuscades antichars, les snipers, les pièges,
  • Combats très difficiles avec des pertes et des consommations de munitions augmentées, des progressions lentes, des cloisonnements et séparation d'unités limitant les appuis et provoquant des problèmes de communications des tirs fratricides,
  • Hypermédiatisation du front urbain, du fait de ses enjeux militaires mais aussi politiques, avec une propagande de combat alimentant une guerre psychologique en temps réel visant à soutenir ou détruire le moral des combattants.

Le retour de la souveraineté de l'infanterie 

Alors que les conflits anciens étaient principalement des batailles d'infanteries, lors des derniers conflits symétriques de haute intensité on a pu observer un accroissement de l'importance de l'artillerie (1ère GM) puis des blindés (2ème GM) sur les champs de bataille avant de voir s'imposer le rôle décisif de l'aviation au cours des 30 dernières années d'interventionnisme atlantiste.


Avec la guerre en Ukraine, nous voyons l'infanterie reconquérir une place dominante dans les combats notamment grâce entre autres:
  • aux missiles portatifs modernes qui lui confèrent par leurs portée, autoguidage, et puissance une autonomie antichar et antiaérienne redoutable, 
  • aux drones d'observation et moyens de communication qui renforcent la rapidité, la portée et l'efficacité du renseignement militaire tactique,
  • aux procédures d'engagement et formations tactiques qui ont développé l'emploi de petites unités polyvalentes, rapides et autonomes...
Dans cette vidéo du régiment "Azov", on voit 
des véhicules blindés pris à partie et détruits
près de la chaufferie au 118 rue Italianskaya, 
dans une embuscade antichar et des combats.

Et le champ de bataille urbain est l'exemple de ce retour significatif de l'infanterie dans la balance des rapports, de force car toutes les améliorations évoquées ci dessus rajoutées aux caractéristiques des villes, qui de plus dans le Donbass offrent aux armées un tissu dense et industriel très solide, permettent de compenser les faiblesses observées en terrain ouvert, de fixer une situation militaire durablement et d'y imposer une guerre d'attrition importante.  

Conquérir un bâtiment, un étage, un carrefour, une rue, un quartier et s'y maintenir ensuite ne peut se faire qu'avec un effectif conséquent de fantassins, qui de plus doivent être formé et organisé pour cet environnement particulier. Et la constitution initiale des Groupes Tactiques Interarmes russes, privilégiant blindés et artillerie au détriment de l'infanterie montre bien que lors de la phase initiale des opérations militaires en Ukraine, la prise des villes n'était absolument pas la priorité de l'Etat Major russe. 

Un reportage d'Izvestia dans la périphérie
de la zone industrielle d'Azovstal qui montre
bien l'intensité des combats urbains en cours.
Ici il s'agit vraisemblablement d'un tir d'appui 
destiné à aveugler des positions pendant la 
progression au sol d'une groupe d'assaut.
 
Aujourd'hui la donne a changé et la priorité donnée à la conquête du Donbass impose non seulement une nouvelle stratégie mais aussi une nouvelle organisation opérationnelle à commencer par une augmentation des unités d'infanterie dans les groupes tactiques interarmes russes. Ainsi par exemple la 1ère Armée Blindée de la Garde déployée dans le secteur d'Izioum qui s'est vue renforcée au minimum des 3e et 144 divisions d'infanterie motorisées et de la 106 division parachutiste.


Dans Marioupol 

Après plus de 40 jours de bombardements et combats de rue intenses, environ 90% de la ville portuaire sont désormais passés sous le contrôle des forces russo-républicaines qui finissent de sécuriser les derniers quartiers libérés ou parfois subsistent des ultimes petites poches de résistance urbaine.

Assaut des forces combinées russes et républicaines
sur les derniers nids de résistance ukrainiens dans le
centre ville de Marioupol, avant qu'ils ne tentent de se
replier à leur tour vers la zone industrielle d'Azovstal.

Le manque de munitions autant que les assauts subis ont raison des derniers groupes ukrainiens isolés et coupes de leurs réseaux de commandement et logistiques. Ainsi environ 1000 soldats de la 36e Brigade d'infanterie de marine se sont rendus durant ces 2 derniers jours.

Il ne reste donc comme principale force ukrainienne en mesure de continuer un combat significatif que les unités repliées dans la zone industrielle d'Azovstal, sur la rive gauche de l'embouchure de la Kalmius.

Ici, un groupe des forces spéciales 
tchétchènes engageant un assaut 
contre des ukrainiens occupant des
 des niveaux souterrains dans un des
bâtiments industriels de Marioupol.

Azovstal est une immense zone industrielle de 8 km2 au milieu des zones résidentielles et en bordure de la mer d'Azov, avec plusieurs complexes industriels métallurgiques disposant de dépôts chimiques sensibles. Les forces russes sont donc obligées pour éviter un catastrophe humanitaire et écologique de réaliser des tirs de précision et sur des zones limitées. Pour ce faire les forces aérospatiales russes, appuyées par des drones d'observation détruisent dès que possible les derniers matériels lourds ukrainiens encore opérationnels dans la zone.

La destruction par missile d'un lance roquette
multiple ukrainien BM21 "Grad" dans Azovstal 

Autour de Marioupol on observe un renforcement sensible des points de contrôle russes et républicains filtrant les sorties des civils de la ville, que ce soit en direction de la République Populaire de Donetsk ou de Zaporodje encore sous contrôle ukrainien. Ces mesures draconiennes sont la conséquence de nombreuses arrestations de militants nationalistes tentant de s'échapper de la ville après leurs derniers combats, pour disparaître dans la nature, rejoindre d'autres fronts ou également mener des opérations de sabotage sur les arrières russes et républicains.

Sur les points de contrôle en périphérie de
Marioupol, mais aussi sur des routes plus 
éloignées, sont réalisées des vérifications 
d'identité, des fouilles de véhicules et des
fouilles au corps qui réservent souvent des
surprises (blessures cachées, tatouages...)
Et certains crétins de continuer à prétendre 
qu'il n'y a pas de nazis à Azov et en Ukraine !


Des membres de l'OTAN dans Marioupol ?

Depuis 2 semaines la rumeur selon laquelle des membres de l'OTAN seraient présents dans Marioupol s'amplifie de jour en jour jusqu'à prétendre même qu'un général étasunien serait piégé dans Azovstal avec les derniers combattants d'Azov.

Officiellement les membres de l'OTAN (instructeurs, officiers de liaison, conseillers militaires, observateurs) ont été évacués de l'Ukraine début février 2022, entre l'échec des négociations entre Moscou et Kiev et le début des opérations militaires russes.

Officieusement on sait que l'OTAN a maintenu une présence en Ukraine, à Kiev aux côtés des Etats Majors militaires et politiques mais aussi dans certaines bases qu'elle occupait comme par exemple la base de Yarovov (qui était même sous commandement étasunien) bombardée par la Russie le 13 mars dernier et qui était le centre de formation des unités terrestres, ou celle d'Ochakov entre la Crimée et Odessa centre de formation des forces spéciales, elle aussi détruite par les forces russes.

Le maintien de personnels de l'OTAN dans les forces ukrainiennes ne fait aucun doute, qu'il soit officiel ou plus vraisemblablement réalisé sous couvert de société militaire privée type "Academi" (ex Blackwater") présentes en Ukraine. Les spécialistes de l'OTAN, officiellement "mis en disponibilité", y signent des contrats le temps de leurs missions d'assistance, puis retournent dans leurs unités d'origine avec le bénéfice de l'ancienneté et un pactole de mercenaire.

Témoignage du journaliste français Régis Le
Sommier qui a accompagné trois volontaires
français venus se battre du côté ukrainien.

Concernant Marioupol, l'OTAN ne s'est jamais cachée d'y avoir des instructeurs et conseillers militaires, encadrant le centre de formation des tireurs d'élite des forces ukrainiennes ou l'Etat Major du régiment "Azov" qui recevait régulièrement les délégations militaires et politiques occidentales. A ces membres de l'OTAN, il convient de rajouter des volontaires et mercenaires (qui sont souvent confondus avec eux) et qui par intégrisme idéologique, attractivité financière, goût de l'aventure ou débilisme intègrent les regs des bataillons spéciaux néo-nazis qui leur sont ouverts depuis 2014. 

La rumeur de la présence maintenue de membres de l'OTAN à Marioupol s'est amplifiée lorsque ce 5 avril, une opération héliportée ukrainienne sur Marioupol a échoué: 

5 hélicoptères (4 MI8 et 1 MI24 de protection) au départ de Dnipropetrovsk. ont réussi a rallier par la mer la zone industrielle de Marioupol dans une mission d'approvisionnement logistique puis d'évacuation de personnels "VIP". Au moment de leur décollage de retour 2 hélicos ont été abattus (1 en mer et l'autre près du village de Rybatskoïe) 2 autres ont fait demi tour vers Azovstal (pas de trace du MI24). 

Dans l'appareil abattu à Rybatskoïe (par un missile Stinger étasunien récupéré dans des stocks ukrainiens saisis), il y avait 17 passagers dont seulement 2 ont survécu au crash Il s'agit de Labinsky Dmitry, un militant d'Azov (qui était mitrailleur dans l'hélico) et de Sergiy Babak, de l'Etat Major du renseignement du Ministère ukrainien de la Défense. Plusieurs éléments trouvés laissent à penser qu'il y avait également des étrangers à bord parmi lesquels au moins un français disposant sur lui d'un code d'identification de la DGSE.

 Mi-8 MSB abattu à Rybatskoïe son numéro 864 
indique qu'il s'agit d'un appareil de la base de 
Poltava, rapatrié en urgence d'une mission en 
Afrique, compenser les pertes subies et rejoindre 
la base encore opérationnelle de Dnipropetrovsk

Et certains d'avancer pour preuve de la présence d'officiers français dans Marioupol l'agitation fébrile de leur président Macron demandant à cette même période un couloir humanitaire de Marioupol à Zaporodje quand d'autres évoquent même la présence du Lieutenant Général étasunien Cloutier, piégé dans Azovstal (cette dernière information a été démentie depuis)

Ce qui est certain c'est qu'il y a eu (et peut-être encore) des membres de l'OTAN dans les rangs des forces ukrainiennes de Marioupol, qu'il y a des volontaires occidentaux, vétérans des forces de l'Alliance au sein du régiment Azov dont plusieurs dizaines de francophones, et qu'il y a aussi des mercenaires occidentaux dans les groupes paramilitaires ukrainiens ou les sociétés privées présentes sur le terrain. Les écoutes téléphoniques des services de renseignement russes ont repéré huit langues étrangères utilisées sur les réseaux de commandement ukrainiens.

Après la bataille il sera plus facile de démêler le vrai du faux, de trier le mercenaire du conseiller militaire et le fantasme de la réalité Ce qui est certain c'est que parallèlement à ses soutiens logistiques et de renseignement militaire l'implication de l'OTAN dans l'armée ukrainienne n'est plus à prouver et que la présence maintenue sur le terrain de quelques "unités de liaison et d'observation" est hautement probable et laisse supposer que l'implication puisse évoluer vars un engagement plus direct.

Un premier bilan provisoire 

Dans un bataille particulièrement difficile du fait de la préparation défensive longue et de la motivation politique des forces ukrainiennes, les forces russo-républicaines ont malgré des pertes importantes réussi à prendre le contrôle de la quasi totalité de la ville et détruire un corps de bataille ennemi (15 à 20 000 hommes) parmi les plus aguerris formés et motivés de l'armée ukrainienne.

Evacuation d'un blessé républicain dans les rues de Marioupol

Je n'avancerais pas ici des chiffres fluctuant au gré des propagandes concernant les pertes humaines de la bataille de Marioupol mais on peut sans exagérer évoquer plusieurs milliers de tués et blessés parmi la population civile mais aussi parmi les forces russo-républicaines qui dans leur assauts s'exposent bien plus que les forces ukrainiennes à l'abri des positions défensives fortifiées et organisées depuis plusieurs années. Les chiffres à venir confirmeront certainement et malheureusement l'hémorragie que constitue toute bataille urbaine.

La violence et l'intensité de cette bataille s'achevant confirment bien ses enjeux majeurs au sein de ce conflit russo-ukrainien :


1 / L'enjeu militaire de Marioupol

La prise de Marioupol par les forces russo-républicaines représente sans conteste une victoire décisive pour la Russie et la République Populaire de Donetsk et pour plusieurs raisons :
  • Libération de la 2ème plus grande ville de la République, centre et port industriel majeur, qui dès après sa restauration sera un atout socio-économique important,
  • Ouverture d'une voie de ravitaillement rapide entre Rostov et le Dniepr (en plus du port et de l'aéroport) pour la poursuite des opérations militaires russes,
  • Destruction d'une importante force militaire ukrainienne (entre 15 et 20 000 hommes) et emblématique avec les néo-nazis d' "Azov" et de nombreux mercenaires occidentaux,
  • Libération de nombreuses unités de choc qui étaient à la capture de la ville et qui vont pouvoir être redéployées vers d'autres offensives dans le Donbass...
2 / L'enjeu diplomatique de Marioupol

Là aussi, dans les négociations entre Moscou et Kiev, la chute de la garnison ukrainienne de Marioupol place la Russie en position de force ou tout au moins rééquilibre le rapport diplomatique après le retrait de ses troupes de la région de Kiev, lequel est présenté par les ukro-atlantistes comme une victoire militaire ukrainienne.

Cela dit, cela ne pourra vraisemblablement pas aboutir à un accord car les deux parties attendent le bilan définitif de la grande bataille du Donbass qui ne fait que commencer, ce qui a été confirmé par le report "à une date ultérieure" des prochaines négociations entre Moscou et Kiev.

3 / L'enjeu politique de Marioupol

Dans ce domaine, on observe que l'Ukraine détourne pour la capitaliser sa défaite à Marioupol dans plusieurs domaines :
  • Médiatiquement, Marioupol l'offensive sur Marioupol est présentée comme une tragédie humanitaire avec des pertes civiles estimées entre 2 et 5000 tués qu'il convient cependant de relativiser (sans vouloir effacer leur drame) car cela représente environ 1% de la population, ce qui est peu au regard de l'intensité et de la durée des bombardements subis,
  • La résistance honorable des unités ukrainiennes est déjà présentée comme une page héroïque et symbolique du mythe national bandériste tout comme avaient été mythifiés en 2014  les "100 célestes" de la place du Maïdan ou les "cyborgs" de l'aéroport de Donetsk, et Marioupol servira sans nul doute pour exacerber l'idéologie russophobe et le volontariat nationaliste,
  • Les inévitables pertes civiles subies par la ville et la violence, elle aussi inévitable, des combats urbains sont déjà présentées par une "communauté (autoproclamée) internationale " acquise à la cause ukro-atlantiste comme des crimes de guerre russes, comme par exemple les prétendus bombardements de la maternité ou du théâtre, et ce malgré des mises en scènes grossières...
Voici un autre reportage de l'équipe de TF1
de Liseron Boudoul dont je salue la neutralité
professionnelle sur la situation des civils de la
ville au sortir des combats et bombardements.

En conclusion : 

Marioupol est une victoire militaire pour le Donbass, un mythe national pour l'Ukraine et, sauf miracle diplomatique, l'indicateur que ce conflit va être très long, d'une part pour le Donbass dont la libération complète risque de durer plusieurs mois, mais aussi pour l'Europe qui risque de voir ensuite le conflit russo-ukrainien continuer sur une immense ligne de front enterrée à l'Est du Dniepr tout comme celui de 2014 le fut jusqu'à cette année dans une guerre de tranchée meurtrière devant Donetsk et Lougansk.

Au vu de l'implication croissante des pays de l'OTAN et qui flirte déjà avec un engagement  direct dans le conflit le pire est probablement à venir !

Erwan Castel 


 Drone russe survolant Marioupol à la recherche
des derniers nids de résistance ukrainiens.

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