Valeurs aristocratiques et populaires
La civilisation européenne crève de ses aristocraties occidentales qui imposent aux peuples le totalitarisme d'une pensée unique protéiforme gravitant toujours autour de leurs intérêts particuliers :
- aristocratie cléricale,
- aristocratie monarchique,
- aristocratie bourgeoise,
- aristocratie capitaliste,
- aristocratie parlementaire...
Certes, on pourra toujours trouver ici et là des bons princes, clercs ou mécènes qui incarnent cette exception du "despote éclairé" œuvrant et même parfois se sacrifiant pour le bonheur de son peuple; mais ces chênes solitaires enracinés dans le bien commun des communautés de l'Être ne doivent pas cacher cette forêt d'épineux qui ont perverti la noblesse par des gourmandises illimitées et un élitisme hors sol trahissant ses propres valeurs aristocratiques. Et les protecteurs des peuples de noblesses d'épée en noblesses de robe puis de palais se déconnectant par son pouvoir consanguin et cupide et de plus en plus amoral de son peuple de plus en plus sacrifié, exploité ou abandonné.
La noblesse des communautés païennes européennes était ouverte et son autorité fondée sur une méritocratie permanente.
Les chevaleries, aristocraties de combat héritées des sociétés tripartites originelles ont résisté, et certaines jusqu'à nos jours, au recroquevillement élitiste de leur caste menant à une logique de classe abjecte et à la décadence bourgeoise d'aristocraties européennes, monarchiques puis républicaines devenues aujourd'hui les larbins d'un Capital esclavagistes.
"Ma conviction a toujours été que les valeurs aristocratiques et les valeurs populaires sont fondamentalement les mêmes ou se complètent naturellement, et qu’elles s’opposent les unes comme les autres frontalement aux valeurs bourgeoises. Par valeurs aristocratiques j’entends le sens de l’honneur, le courage, la fidélité à la parole donnée, l’exigence vis-à-vis de soi, le désintéressement, le sens du sacrifice et de la gratuité. Les valeurs populaires, elles aussi liées à la terre, les recoupent en grande partie, en y ajoutant ce que George Orwell a résumé d’une belle expression : la “décence commune” (common decency)."
Alain de Benoist.
Dans le monde russe, cette noblesse originelle a survécu aux tempêtes de l`Histoire, aux tentations du pouvoir et à l`ivresse des privilèges. Ici et là, hors les grandes villes qui malheureusement ont sombré elles aussi dans une postmodernité élevant l'individualisme narcissique et consumériste au rang de référence sociale, il subsiste dans les "provinces" une éthique dynamique, gardienne de traditions aristocratiques et populaires et que les communautés font vivre en dehors de toute folklorisation paralysante.
Parmi ces corpus à la fois identitaires et sociaux, les cosaques sur le territoire desquels je vis depuis plus de 6 ans sont certainement l`illustration la plus forte et la plus colorée de ces communautés fondatrices d'un empire russe dont l'unité dans la diversité identitaire constitue à la fois son immense force mais aussi un défi civilisationnel et politique permanent.
En effet une fusion charnelle des cosaques à leur Liberté, leurs communautés, leurs territoires et traditions a marqué l`Histoire de la grande Russie autant par ses révoltes que ses fidélités toutes populaires et sacrificielles.
Ainsi les cosaques, de par leur position géographique sur le pivot pontique de l'Europe ont toujours été en première ligne contre les ennemis de l'empire: ottomans, polono-lituaniens, allemands etc mais aussi les acteurs de grandes révoltes contre les excès absolutistes tsaristes: rebellions de Razine, Boulavine ou Pougachev par exemple. Combattants d'élite les cosaques vont même participé à la normalisation de la grande Russie au delà de l'Oural, jusqu'en Sibérie, extrême Orient et même Alaska.
Lorsqu'en 2014 le guerre a frappé le Donbass qui est au cœur de leur sanctuaire, les volontaires cosaques par milliers affluent vers Donetsk et Lugansk, pour défendre à la fois leurs communautés traditionnelles et aussi la Grande Russie qui est visée à travers elles par les nouveaux maîtres pro occidentaux de Kiev.
Là aussi on pourra trouver des contre exemples, avec des cosaques présents du côté de Kiev (comme certains collaborèrent avec le IIIe Reich), mais ils ne sont pas représentatifs de leur immense majorité qui se définit aujourd'hui cosaque, russe et orthodoxe.
Ce qui est remarquable dans ces sociétés cosaques c'est l'existence d'un système traditionnel très proche d'une démocratie réelle où les atamans (chefs) sont nommés par leurs communautés en fonction de leur mérites et non de leurs titres, et peuvent être démis de la même manière en fonction de leurs résultats.
Les élites occidentales hors sol et enfermées depuis des siècles dans leurs tours d'ivoire ou d'argent en déconnexion croissante avec le terrain et ses communautés devraient être éliminées des sphères politiques comme les parasites qu'elles sont, pour que renaissent des aristocraties populaires altruistes et gardiennes des valeurs européennes démocratiques traditionnelles.
Erwan Castel