Retour sur un choc du front
Le 18 février matin, un accrochage long et violent entre soldats ukrainiens et miliciens républicains poursuivait une escalade entamée 3 semaines auparavant sur ce front de Kirovsk, en République Populaire de Lugansk. Mais le pire choc ukrainien de cette journée fut certainement réalisé sur le plan politico-médiatique lorsque le président Zelensky déclencha aussitôt une alerte nationale en convoquant une réunion d'urgence du Conseil National de Défense et Sécurité de l'Ukraine et poussa en direction de ses nounous occidentales des cris d'orfraie qui trouvèrent tout naturellement des échos complices dans toutes les agences de presse mondialistes.
Rappel des faits:
Que s'est-il réellement passé, et surtout qu'est ce qui a déclenché un violent échange d'artillerie entre les belligérants :
- 6h00: à proximité du village républicain de Golubovskoye, une tentative d'infiltration d'un groupe de reconnaissance et sabotage ukrainien échoue lamentablement suite à la réaction des défenseurs républicains qui l'ont repéré et se fourvoie dans un champ de mines défendant leurs positions. Le bilan de cette pitoyable reconnaissance offensive est terrible pour Kiev car, de la dizaine de soldats composant ce groupe de combat ukrainien commandé par le lieutenant Sergey Vladimirovich Bogdanovitch, la moitié ont été soit tués soit grièvement blessés:
- Sergent - major Andrei Igorevich Ganapol: tué
- Soldat Maxim evgenievich Khilaïtov: tué
- Soldat Peter Andreevich Korniets : tué
- Soldat Dmitry Sergeevich Baganets: tué
- Soldat Vadim Alekseevich Petrenko: grièvement blessé
- Soldat Alexander Evgenievich Denisenko: grièvement blessé
- Sergey Vladimirovich Bogdanovitch: indemne ou légèrement blessé
- Sergent adjoint Igor Sergeevich Garvaky : indemne ou légèrement blessé
- Soldat Vadim Yanovich Muravsky: indemne ou légèrement blessé
- Soldat Vladimir Olegovich Borisyuk: indemne ou légèrement blessé
Aucune information concernant les pertes ukrainiennes éventuelles dues aux tirs de contre batteries républicaines n'a été confirmée, mais il y aurait eu là aussi plusieurs tués.
Du côté des forces de défense de la République Populaire de Lugansk, très durement touchées dans ce secteur depuis 3 semaines (plus d'une dizaine de tués), on a déploré qu'un seul tué, Anton Korovin, 34 ans, inhumé hier aux côtés de ses camarades tombés les jours derniers.
Du côté des forces de défense de la République Populaire de Lugansk, très durement touchées dans ce secteur depuis 3 semaines (plus d'une dizaine de tués), on a déploré qu'un seul tué, Anton Korovin, 34 ans, inhumé hier aux côtés de ses camarades tombés les jours derniers.
Certaines sources évoquent 2 autres tués mais non confirmés à ce jour.
A partir de cet échec ukrainien, un enchaînement d'actions et réactions des 2 parties (qui confirme les infos du 1er compte rendu) va se poursuivre dans un crescendo des moyens utilisés qui iront, côté ukrainien, jusqu'à l'emploi d'obusiers automoteurs lourds de 152mm.
Le lendemain, la cartographie des comptes rendus réalisés par les observateurs de l'OSCE, (que je préfère utiliser ici en illustration afin de ne pas être accusé de partialité pro-russe par les abrutis d'en face) permet d'identifier les objectifs et les intentions de chacun des belligérants.
Au total plus de 270 explosions d'artillerie lourde (calibres supérieurs à 100mm) ont été dénombrées au cours de ces 5 heures d'accrochage, en plus des échanges nourris aux armes d'infanterie.
A propos de la position ukrainienne perdue:
Parmi les brèves qui circulaient au moment des combats, plusieurs ont déclaré qu'une position ukrainienne avait été conquise par les forces républicaines. Cette info a même été relayée officiellement à Kiev, constituant le noyau dur de l'alerte dénonçant une attaque de l'armée russe sur la ligne de front ukrainienne. Cependant, à l'issue des combats les 2 belligérants annonçaient que leurs positions n'avaient pas changé.
Donc il s'agissait seulement, selon toute vraisemblance, d'un avant poste ukrainien organisé dans la zone grise située entre les lignes de front qui a été abandonnée, puis peut-être investi temporairement ou définitivement par des républicains, mais qui de toute façon de modifie en rien le tracé officiel du front.
Une unité républicaine s'empare d'une position ukrainienne avancée
le 18 février 2020 lors d'une contre attaque sur le front de Kirovsk.
En revanche cette info avec celle des pertes importantes subies devant Golubovskoye a servi à alimenter la propagande victimaire et alarmiste ukrainienne de la journée, cherchant à inverser les responsabilités dans cet affrontement meurtrier.
De toute manière de nombreux faits et preuves incontestables démontrent que la seule action offensive au sol qui a été menée est ukrainienne comme l'atteste ce corps d'un de leurs soldats récupéré à proximité des positions républicaines et que Lugansk s'est déclaré prêt à restituer à la partie ukrainienne.
Ce choc, s'il est le plus important réalisé depuis le début de l'année 2020, n'est cependant pas une nouveauté dans l'historique de cette guerre de tranchées qui meurtri le Donbass depuis 6 ans et 15 à 20 000 morts minimum.
Voici, pour illustrer ce qu'a du être l'ambiance sur le front de Kirovsk ce 18 février, un document d'archive d'un autre choc réalisé en 2016 sur le front voisin de la République Populaire de Donetsk.
Voici la réalité du front du Donbass, malgré le collier étrangleur
posé par les accords de Minsk sur ses plus de 460 km de front.
Des accrochages permanents imputables majoritairement à des
provocations ukrainiennes, qui régulièrement dérapent en batailles.
Pour quelles raisons une telle provocation ukrainienne ?
Une fois les faits établis, il reste à déterminer ce qui a pu motiver une telle provocation suicidaire ukrainienne et le déchaînement d'artillerie qui l'a suivi.
Principalement on peut dégager sans se tromper 2 raisons majeures :
1/ Sur le plan militaire: Poursuivre la stratégie des sauts de crapauds entamée sous Porochenko et qui permet à l'armée ukrainienne, reconnaissance après infiltration et appuis de l'artillerie d'envahir cette "zone grise" et d'y installer de nouvelles positions avancées jusqu'au contact des défenses républicaines.
Là aussi, ce n'est pas une vue partiale de la propagande pro-russe mais la réalité de violations répétées et reconnues par les responsables ukrainiens eux mêmes comme ce Turtchinov, qui a gagné le sobriquet de "pasteur sanguinaire" depuis qu'il a, en tant que président ukrainien par intérim décidé de l'opération militaire meurtrière contre le Donbass en mars 2014, avant de devenir le responsable du Comité National de Défense et de Sécurité de l'Ukraine du régime Porochenko.
Lors d'un récent entretien télévisé ce psychopathe, qui rêvent d'éradiquer les populations russes du Donbass, a déclaré cette semaine :
- «J'avais une tactique qui s'est avérée efficace. Il faut quotidiennement avancer d'au moins une marche. Les Russes ont appelé cela une "offensive rampante". Autrement dit, à partir de l'année 2015, nous n'avons pas perdu un seul point fort. Au contraire, nous avons même récupéré de nombreux points forts de l'ennemi, et aussi des villages. C'était un système très éprouvant pour les militaires russes (traduire "les milices pro-russes"), quand il y avait des attaques locales dans différents secteurs du front, c'était une petite offensive.
- Et nous avons tranquillement, pas à pas, avancé. Mon approche était telle que lorsque vous faites un pas en avant chaque jour, vous pouvez bientôt atteindre notre frontière».
Si le "pasteur sanguinaire" parle au passé c'est juste pour signifier qu'il n'est plus aux commandes, car en réalité la stratégie rampante qu'il a mis au point avec les généraux de Kiev et probablement les conseillers de l'OTAN est toujours d'actualité comme le démontrent les avancées ukrainiennes régulièrement dans la zone grise entre les bombardements quotidiens.
Certainement que c'est ce type de mission qui a été présentée aux soldats ukrainiens ce 18 février matin avant qu'ils ne s'élancent au milieu d'un champ de mines mortel.
2/ Sur le plan politique
Mais dans le cas du choc opéré ce 18 février matin par les forces ukrainiennes sur le front de Lugansk c'est certainement du côté de la politique kiévienne qu'il faut chercher les motivations principales:
En effet on sait que Zelensky cherche désespérément une sortie de crise tellement il est coincé entre le cahier de charges occidental et les velléités des nationalistes radicaux, d'une part et la feuille de route des accords de Minsk et ses promesses pacifistes de campagne d'autre part .
Aussi le nouveau président ukrainien a t-il tout simplement repris à son compte à la fois la stratégie militaire et aussi les revendications politiques de Porochenko, son prédécesseur car cette guerre du Donbass qui envenime l'Ukraine est aussi le fond de commerce d'une imposture politique mise en place par les occidentaux il y a exactement 6 ans sur le Maïdan.
Face à des accords de Minsk qui sont factuellement mort-nés car politiquement irréalisables, Zelensky cherche régulièrement à en modifier le cadre et le contenu mais à l'avantage de l'Ukraine et plus précisément du "parti de la guerre" qui souhaite opérer une épuration ethnique brutale du Donbass. Les 2 principales revendications de Kiev sont :
- Élargir la table des négociations à d'autres partenaires occidentaux dont les USA
- Restituer les frontières du Donbass avec la Russie à Kiev avant les élections locales
Autant dire enfermer les populations de Donetsk et Lugansk dans un piège qui pourra, sur fond de promesses ukrainiennes jamais réalisées depuis 6 ans, réaliser une épuration criminelle du Donbass selon par exemple un scénario de type croate. D'où le refus catégorique de la Russie, et même la réaction dubitative de la France et l'Allemagne, les autres signataire des accords de Minsk qui voient revenir la probabilité d'une guerre amplifiée au sein d'une Europe déjà fragile et l'arrivée des USA anéantir leurs ambitions d'y imposer un leadership personnel.
Aussi pour imposer l'arrivée des pompiers et d'une solution unilatérale et radicale, Zelensky est-il tenté de mettre le feu lui même à une situation déjà explosive, et ce quel qu'en soit le prix à payer pour son armée. Et le fait que cet affrontement militaire soit arrivé au lendemain de la Conférence sur la sécurité de Munich au cours de laquelle les revendications de Zelensky se sont heurtées à un nouveau refus, n'est certainement pas un hasard du calendrier comme semble le confirmer toute la réaction politico-médiatique, nationale et internationale, ukrainienne et exagérément alarmiste qui a suivi alors que les combats venaient à peine de naître.
Il semble bien au vu des éléments observés que Kiev a délibérément sacrifié des soldats pour créer un "buzz politico-médiatique" visant à forcer une révision des accords de Minsk à son avantage. Telle est la triste réalité de cette politique criminelle ukrainienne qui considère même ses soldats comme de la vulgaire chair à canon nourrissant les ambitions hégémoniques d'une ploutocratie mondialiste russophobe.
Erwan Castel