Un Noël dans le Donbass

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Cette année le général Hiver a posé sur le Donbass en guerre un épais bouclier de neige à l'abri duquel les femmes et les hommes vont pouvoir célébrer dans quelques heures Noël qui, conformément au calendrier liturgique Julien en vigueur dans la tradition orthodoxe, se déroule dans la nuit du 6 au 7 janvier.

Pour les païens dont je suis, ces choix du 25 décembre catholique ou du 6 janvier orthodoxe ne font que confirmer la symbolique solaire et sacrée de ce temps solsticial et qui correspondent précisément à la période des 12 nuits sacrées de la Yule des peuples scandinaves.  Ce temps cyclique solaire sacralisé, que l'on retrouve aussi chez les celtes, les germains, les slaves, les romains et les grecs par exemple cet héritage spirituel européen commun dont la signification a été plagié dans le monothéisme chrétien. 
Mais certainement dans l’instant, peu importe, car le plus important reste là dans les cœurs des foules toujours attirées depuis des millénaires vers les feux des temples : la Foi, ce dynamisme spirituel universel et consubstantiel à l'Homme qui lui permet de mieux résister au tempêtes de l'Histoire autant qu'aux questionnements existentiels.


Dimanche 6 janvier 2019

J'adresse en ce jour toute mon amitié à mes amis orthodoxes et chrétiens qui fêtent Noël ou l'épiphanie dans l'héritage de traditions européennes multimillénaires et éternelles. Que ce jour soit un récif de communions familiales et joyeuses au milieu des tempêtes de l'Histoire. 

Noël, conserve au delà de son interprétation chrétienne sa symbolique solaire récupérée entre du 25 décembre solsticial des catholiques au 6 janvier saturnal des orthodoxes (et qui correspond à l'épiphanie son roi païen et sa galette dorée solaire), reste certainement la fête chrétienne que je respecte le plus, et qui est exacerbée par mes souvenirs d'enfance et la magie de l'hiver qui couvre l'Europe d'un blanc manteau tissé par l'or des légendes et des traditions européennes.

Donetsk, depuis une semaine, est plongée dans un univers de flocons tourbillonnant dans tous les sens avant que de s'accumuler le long des avenues et ruelles dont les passages forment d'étranges tranchées où circulent lentement dans le rire des enfants véhicules et piétons dans une vie qui continue malgré la guerre et les intempéries. 

Photo Svetlana Kissileva pour Novorossiya Today, de l'album photos "Marée blanche à Donetsk"
A la brigade "Piatnashka", la neige, la glace et le brouillard nimbent la caserne et les hommes dans une atmosphère irréelle où les raclements des pelles à neige résonnent dans une ouate silencieuse. La vie continue entre services et rotations sur le front d'où reviennent lentement les véhicules aux toits chargés de neige..





A Oktyabrsky où, profitant de l'accalmie régnant sur le front, je suis allé passé quelques en compagnie de mes amis et voisins, la plupart des chemins sont devenus des sentes écrites dans la neige par les marches emmitouflées des babouchkas revenant du marché où les glissades des luges enfantines tirées par la joie de vacances scolaires passées dans l'euphorie de Noël.

Mais ce 5 janvier, à la veille de célébrer Noël, la guerre à Oktyabrsky un instant suspendue était toujours dans les cœurs, et un hommage aux victimes de ce quartier martyrisé par plus de 4 année de bombardements ininterrompus, a été fait près du marché. des prières et des fleurs offertes à la mémoire des disparus.

Photo Dan news

De mon côté, entre repas entre amis et jeux avec les enfants, je continue à observer les mouvements de l'Histoire et des idées, bien sûr ici dans cette République Populaire de Donetsk toujours saignée par un front meurtrier mais aussi dans le monde où d'autres séismes continuent à marquer cette fin de cycle tumultueuse dans laquelle nous sommes plongés. Entre écriture et lecture, je reste ainsi attentif à la jacquerie des gilets jaunes en France qui, malgré quelques couacs comme cette référence maladroite et hérétique au coup d'Etat du Maïdan, reste chargé de promesses et d'espérances inouïes pour contrer la dictature de la marchandise sous laquelle les peuples et leurs libertés sont broyés par le totalitarisme d'une pensée unique aliénatoire.


Après ce temps de repos, je m'en retourne vers les mats gelés de la Brigade où flottent dans le brouillard les drapeaux de la République, du Régiment de Donetsk et du 2ème bataillon, constitué par Piatnashka.

Cette nouvelle année où les tensions évoluent rapidement sans toutefois décroître, s'annonce riche en événements, et je souhaite que ces derniers, ici arrivent vite pour que le Donbass lors du prochain solstice puisse également célébrer la victoire de son armée, la chute du régime criminel de Kiev, et sa dignité retrouvée dans la paix et la liberté de toute la Novorossiya.

Photo VK

Et comme Noël est également et surtout la période privilégiée des enfants et des vœux je termine cet article par l'émouvante chanson de Yulia Chicherina, une célèbre artiste rock et fidèle soutien de la population et des miliciens du Donbass. Cette chanson "S'il vous plaît" qui donne la parole à une fillette tuée par Kiev est dédiée aux enfants du Donbass et particulièrement à la petite Anya Kostenko, tuée le 13 août 2014 sur la plage pour enfants de Zugres près de Donetsk, par un bombardement aérien ukrainien utilisant des projectiles à fragmentation. Puisse l'année 2019, à l'image de cette paix rieuse qui brille dans les yeux des enfants admirant les scintillements de Noël, apporter au Donbass, et à toute la Novorossiya, la victoire de sa résistance sur le régime failli de Kiev et une paix retrouvée dans la liberté et la dignité des peuples.


Erwan Castel


Merci à Svetlana Kissileva pour les sous-titres en français

Les autres extraits de ce journal du front peuvent être retrouvés ici : Journal du front

Photo Svetalna Kissileva pour Novorossiya Today  de l'album photos "Marée blanche à Donetsk"


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